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Vie de La Brochure
4 février 2014

Vladimir Pozner aux USA en 1983

vladimir-pozner-annees-1980

pozner_le_voyage_aux_USA Le récit du voyage

 

C’était du temps où la presse écrite produisait des longs articles que l’on aimait archiver. De ce fait on lisait moins de livres. Nous étions en novembre 1983 et j’ai été heureux de ne pas rater ce reportage unique d’un homme que j’ai peu connu mais qui m’a toujours surpris. Vladimir Pozner (1905-1992), qui en publiant ce texte dans L’Humanité a témoigné merveilleusement des USA. Il avait presque 80 ans et se décide à traverser les USA en bus. Un exploit ! C'était du temps de la lutte contre les fusées Pershing qui devaient tenir à distance l'URSS dont les services de Reagan ne savaient peut-être pas que ce pays était au bord de l'explosion ! Il pouvait se souvenir d'un de ses premiers livres (1938), réédité par les Québécois de LUX : Les Etats Désunis. JPD

P.S. Ci-dessous la présentation du feuilleton de Pozner dans L'Humanité du 15 novembre 1983

 Exemple de référence

 Le sixième voyage

Les chevauchées américaines de Vladimir Pozner

De quoi l'Amérique d'aujourd'hui est-elle synonyme dans la crise de son système politique et social ? Comment surprendre en amont et en aval de la réalité observée au jour le jour les questions qui définissent les Etats-Unis de Reagan et qui ne peuvent laisser indifférent aucun observateur européen ? Pour le savoir, au-delà des stéréotypes et des propagandes simplificatrices, seul un témoin capable de percevoir les lignes de force de la société américaine avec laquelle il a longtemps vécu en intimité, peut-en reconnaître à la fois l'originalité évidente et insaisissable parce qu'elle est une recherche permanente de l'identité sous la diversité.

L 'Humanité a donc demandé a Vladimir Pozner, qui fut en URSS encouragé à écrire par Maxime Gorki avant de composer à Hollywood des scénarios et d'inventer à Paris un nouveau mode de reportage sociologique, notamment dans ses livres célèbres « Les Etats Désunis » et « Qui a tué H.O. Burrel ? » (Ed. Français Réunis), de revenir au pays qu'il connaît fort bien. Sous le titre : « Le Sixième voyage », notre journal va publier à partir de lundi prochain 14 novembre une série de textes de Vladimir Pozner sur les Etats-Unis. Nous allons ainsi retrouver une « voix » prenante et claire, une voix familière aux lecteurs de cet écrivain octogénaire qui ne vieillit pas plus que ses livres. Parce que cet homme né en 1905, marqué par l'Histoire, mais d'une formidable jeunesse, est un homme attentif, précis et subtil. Qu'il s'agisse de la Révolution d'Octobre observée par la fenêtre de sa maison familiale à Saint-Pétersbourg qu'il s'agisse de la guerre d'Espagne dont la tragédie est resituée dans un merveilleux roman « Espagne, premier amour » (Ed. Julliard) qu'il s'agisse des Etats-Unis vus de près avant, pendant et après la Seconde guerre mondiale ; qu'il s'agisse de la guerre d'Algérie où l'auteur de nouvelles intitulées « Le lieu du supplice » dit le courage des Algériens et la tragédie des Français qui ne voulaient pas voir en eux des ennemis.

Tout cet ensemble d'ouvrages très divers sont traversés par la passion de comprendre et de faire accéder le lecteur à la compréhension. Les gens de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète, opposée à l'indépendance de l'Algérie et qui s'est manifestée par des attentats meurtriers) ne s'y sont pas trompés : ils ont déposé chez Vladimir Pozner, qui faillit en mourir, du plastic pour essayer de le faire taire. En vain, car l'écriture de la réalité chez ce grand romancier est fondatrice de vie et de toute réflexion. Elle nous fait pénétrer au cœur des questions, des questions vivantes des peuples surpris dans leur réalité quotidienne.

Car à chacune de ses chevauchées à travers le monde correspond un livre ou des livres, des souvenirs, des romans de Vladimir Pozner. Il n'est pas seulement un créateur littéraire. Il est un journaliste, un grand reporter français de la classe la plus durable et la plus fascinante. Il est aussi une sorte de citoyen du monde par les amitiés qui lient et dont le souvenir le lie à toute la terre, au Berlin de Bertolt Brecht, comme au Moscou de Lénine, au Madrid d'Alberti comme au Hollywood de Charlie Chaplin ou encore des temps du maccarthysme.

Vladimir Pozner est resté fidèle à lui même. C'est-à-dire qu'il raconte, expose, ne cache rien des aspects contradictoires de la réalité observée. C'est pour cela que son œuvre si riche et tout lié qu'il est à l'actualité immédiate reste une référence pour tous ceux qui entendent forcer la réflexion et remettre les problèmes en lice.

L'un des livres les plus étonnants, « Les Etats Désunis » où la part de l'information concrète est dominante dans le texte, s'ouvre sur la journée du 22 septembre 1936, reconstituée par des collages de journaux américains et de notes personnelles. Ce moyen pour rendre sensible et intelligible la réalité et faire ressentir la diversité des Etats-Unis a été repris par Michel Butor dans Mobile (1962, Gallimard) pour décrire l'univers culturel américain.

Il y a un art tout particulier de Vladimir Pozner qui n'impose jamais une vision close d'une réalité donnée, soviétique ou américaine, cimentée par une idéologie préétablie. Pozner décrit. Il ne fait pas la leçon. Il a une façon de vivre avec les autres respectueux de leurs particularités, comme il a une façon bien à lui d'éclaircir son engagement politique qu'il ne dissimule jamais à ses lecteurs. Ces dons exceptionnels, Pasternak, qui avait entretenu des relations avec Vladimir Pozner, les avait bien vus. Dans une lettre à son ami, il dit : « Vous n'exposez nulle part votre poétique qui aurait servi de mesures à vos jugements et à vos appréciations, et vous avez très bien fait de ne pas vous lancer dans une pareille contre-façon. Plus profonde et plus riche que toute sorte de schémas esthétiques, votre esthétique surgit des centaines d'observations sans importance disséminées à travers tous les chapitres et qui témoignent de votre compréhension peu ordinaire et d'un caractère créateur. (Vladimir Pozner se souvient (Ed. Julliard. P. 150-151.)

Avec un reporter-écrivain de cette envergure, les images conventionnelles des Etats-Unis volent en éclats. Les carnets de voyage de ce journaliste-globe-trotter ne se contentent pas de combiner observations sur le tas et hypothèses vraisemblables. Ils interrogent la vie qui se déroule sous ses yeux. Les chevauchées américaines de Vladimir Pozner, c'est l'expérience de plus d'un demi-siècle de vies quotidiennes soumises au regard d'un conteur prestigieux. Avez-vous lu Pozner ?

CHARLES HAROCHE

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