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Vie de La Brochure
6 octobre 2014

PCF, 1984, Roger Martelli

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En 1977-1978, j'ai découvert à Toulouse, au cours de journées organisées peut-être dans la Halle aux Grains avant rénovation, un jeune historien aux cheveux fortement frisés dont le propos, le ton et la combativité ne marquèrent pour longtemps. Peut-être est-ce à cause de ce moment politique que j'ai eu envie ensuite d'étudier l'histoire du PCF, envie que l'arrivée à Montauban de Marcel Maurières en 1979 a pu traduire en actes concrets (la publication d'un livre sur le PCF et la résistance en Tarn et Garonne).

Au même moment la maison d'édition communiste lançait une nouvelle collection très pédagogique où chaque livre à la rédaction simple devait faire le point sur diverses notions. Le premier, La Nation, était écrit par le jeune historien en question : Roger Martelli. Un travail qui mériterait d'être complété aujourd'hui !

 En novembre 1992, il lançait avec Charles Fiterman et d'autres, un bimensuel, Futurs, avec en sous-titre :  refonder une identité communiste. Le journal s'est développé au cours des années 90 jusqu'à devenir un lieu riche d'idées, vivant, ouvert. Dans l'équipe on trouvait tous les historiens du PCF de Michel Vovelle à Maurice Moissonnier en passant par Claude Mazauric, Serge Wolikow ou Roger Bourderon. On trouvait aussi Anicet Le Pors, Jack Ralite et Charles Fiterman. Le quatrième ancien ministre, Marcel Rigout, était déjà ailleurs pour créer lui, une force politique dans son département de la Haute-Vienne.

J'ai suivi un temps les efforts de Martelli puis je me suis lassé car il ne faisait qu'une chose : répéter les mêmes analyses dans un contexte pourtant totalement modifié. A trop vouloir jouer les conciliateurs, les équilibristes, il n'apportait rien de neuf. Donc quand il a créé Regards, je n'ai regardé que de loin car le projet ne pouvait avoir aucun débouché pratique sauf à entretenir l'illusion que le PCF était encore le lieu de ce débouché.

Puis Martelli a fini par quitter le PCF et aujourd'hui, quand Mélenchon lance son Mouvement pour la 6ème république il se précipite pour apporter sa signature… avec un texte qu'il aurait pu écrire… en 1984 s'il avait eu le courage d'afficher réellement ses idées.

 Bref, je viens cependant de faire l'effort de lire, L'occasion manquée, été 1984, quand le PCF se referme. Je savais que je n'y apprendrais rien car j'ai déjà lu au moins quatre livres qui font le récit des événements de l'époque (souvenirs de Juquin, analyse de Michel Naudy par exemple) et tous les documents mentionnés sont dans mes archives. J'y cherchais seulement un angle d'approche peut-être nouveau trente ans après.

"Ce qui se passe dans la période resserrée qui va de juin 1984 à février 1985, va structurer toute l'histoire ultérieur de PCF." Martelli a toujours été fasciné par le rapport entre fidélité et nouveauté, un rapport marqué par des tournants. D'un côté l'histoire sur le temps long donc les constantes du PCF, et de l'autre les brusques modifications comme en 1956. Or à mes yeux l'histoire du PCF n'est en rien l'histoire de ce parti mais l'histoire imposée de l'extérieur par l'URSS et l'histoire sociale française.

Martelli montre dans son livre qu'en 1984 les adeptes de la nouveauté sont accusés par les fidèles de succomber aux pressions du PS. Ceux qui ont fait (ou font) du PCF une forteresse assiégée s'opposaient (s'opposent) à ceux soucieux des vents extérieurs. Cette approche, c'est le diable qui se mord la queue.

Quand toute la question était celle du rapport entre les changements radicaux du capitalisme et les fossilisations communistes, il fallait chercher à savoir si Charles Fiterman était l'homme de Mitterrand et Georges Marchais l'homme de Brejnev !

 "Les péripéties du PCF ne seraient pas grand-chose, si elles n'avaient pas eu tant de conséquences au-delà de lui-même." Voilà au contraire, la phrase d'introduction que Martelli aurait pu développer mais il n'écrit qu'une histoire d'en haut qui empêche de telles recherches car il focalise l'attention sur la vie du Comité central quand tout se joue dans la société toute entière.

 En fait, en deux pages de témoignages personnelles où Roger Martelli livre un pan de sa propre vie, on peut comprendre que l'homme a souhaité afficher son propre regret : avoir cédé en 1984 face aux défenseurs de la direction du PCF, ou pour le dire autrement, avoir contribué à ce que 1984 soit une occasion manquée. J'espère qu'en 2014, engagé comme est engagé le mouvement pour la 6ème république il ne soit pas, dans trente ans, considéré comme une occasion manquée de plus.

Jean-Paul Damaggio

P.S. En illustration j'ai préféré publier la Une du n°1 de Futurs que la couverture du livre que je trouve absolument nulle.

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