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Vie de La Brochure
23 novembre 2014

LGV, PCF et Occitanie

verny

 

Un 22 novembre très riche. Comme tous les matins, je me plonge d’abord dans la question de l’Enquête d’Utilité Publique de la LGV GPSO (Grands Projets du Sud Ouest) le dossier à ce jour le plus colossal de l’histoire de France (pour la LGV Lyon-Turin le projet est plus colossal encore mais pour deux pays).

Il s’agit d’organiser une distribution de documents, mardi, garde de Montauban, à l’adresse des usagers du TER. Très difficile de démontrer que nous vivons dans « un monde à l’envers ». Le bon sens voudrait que la LGV soit un bien pour le TER car si on construit une nouvelle voie ferrée, ça libère des sillons (les possibilités de passage des trais) sur l’ancienne, où on va  pouvoir faire circuler plus de TER. C’est d’ailleurs pour ça qu’en 2005 les autorités ont indiqué que de 2005 à 2010 le nombre de TER circulant entre Toulouse et Montauban passerait de 32 à 150 ! Double surévaluation qui fait qu’en 2014 il y a en fait 31 TER (chiffre RFF) !

Le « bon sens » en question suppose une double croyance : 1) les autorités ne font pas n’importe quoi et 2) le mal a été bien analysé, il manque des sillons.

 Or, si les autorités analysaient bien le mal, elles appelleraient à la révolution ! Sur la vieille voie ferrée, il y a de la place pour faire circuler beaucoup plus de trains, mais les grands groupes capitalistes veulent, en tant que pharaons modernes, pouvoir construire leurs propres pyramides, avec l’appui de quelques féodaux ordinaires même s’ils s’attribuent le nom de socialistes. Avec la naissance du Musée Vuitton il a été rappelé que si autrefois les présidents de la République tenaient à marquer leur règne d’une pierre culturelle (Beaubourg, une Pyramide, le Quai Branly) à présent ce rôle est échu aux grands groupes capitalistes, signe incontestable d’une belle modernité. Les Présidents étant neutralisés, par chance, la décentralisation a pu fabriquer des tas de petits rois, comtes et ducs… qui veulent laisser leur trace car ils ont quelques moyens.

Bref, mail et téléphone font que tracts et distribution auront bien lien mardi à partir de 6 h du matin pour tente de solidariser, sans grands espoirs, usagers du TER et victimes de la LGV.

 Mais en ce 22 novembre je n’en ai pas fini avec la LGV. Après le repas, randonnée dans ma commune, sur le tracé de la LGV. Elle va détruire une partie d’une propriété agricole bio et à mi-pente sur un coteau elle va offrir ses charmes. Moment agréable de convivialité locale.

 J’ai ensuite juste le temps d’aller tenir un stand de vente de livres de la Brochure aux Journées d’autonome du PCF. J’ai accepté l’invitation car il va y être question d’agriculture à partir du livre de Gérard Le Puill, Bientôt nous aurons faim ! J’ai déjà lu ce livre à sa parution, car son auteur était au Colloque Renaud Jean. Le Breton Gérard Le Puill est un fils de paysan devenu journaliste qui est totalement passionnant. Sa première caractéristique : il dit ce qu’il pense ! Je veux dire par là que même devant un public pas très écolo, il n’hésite pas à défendre une agriculture bio mais pas à la façon écolo ordinaire, à la façon écologisme des pauvres. Bien sûr le barrage de Sivens va être au cœur de la discussion, lancé par un ami instit assis à côté de moi. Personnellement j’ai fait le déplacement seulement pour écouter et je m’en tiens là. Pour le barrage, depuis le début, j’ai pointé sur ce blog un absent de la discussion : « Caussade Semences » et ses amis producteurs de maïs de semence. Mais qu’importe ! A un moment, après avoir entendu dix fois qu’il faut « défendre les terres agricoles », j’ai bien sûr eu envie d’évoquer un projet en cours qui va détruire 860 hectares dans le seul Tarn-et-Garonne et 4800 dans le Sud-ouest, mais à quoi bon… [les curieux peuvent en trois clics allez voir de quoi il s'agit officiellement].

Si j’admire la capacité de Gérard Le Puill à analyser la réalité concrète qu’il rencontre partout en France depuis tant d’années, je sais aussi que l’essentiel de la pensée communiste est fossilisée.

Après que l’ami Michel Veyres ait déclamé son poème Mandela, témoignage d’un art et d’une histoire émouvante, je suis parti finir ma journée ailleurs.

 A côté de chez moi, il y a chaque année les Journées de Larrazet et cette année elles concernent un sujet sur lequel je me suis battu pendant quinze ans, que je n’ai pas déserté puisque c’est lui qui m’a poussé vers les langues catalanes, espagnoles et italiennes. Je retrouve beaucoup de personnes avec qui j’ai construit des revues, lu des revues, et visité le monde. Car l’Occitanie par sa diversité est un monde qui démultiplie les contradictions sociales françaises. Pour la table ronde sur « les enseignements de l’aventure occitane contemporaine » le chanteur Claude Marti est absent, malade et coincé chez lui. Je me souviens de cet instit, figure emblématique d’un choc émotionnel linguistique, qui a couru de son minuscule village audois aux grandes métropoles (on peut sans honte parler patois à toute la société), et que ma cellule du PCF avait invité en clôture d’une réunion publique à Monclar en 1979. A ma grande surprise il m'indiqua : « Si tous les communistes parlaient comme ce que je viens d’entendre, peut-être ce parti se portrait mieux ! » A l’époque je n’avais pas compris…

 Bref, la soirée remue en moi tant de souvenirs…. Mais l’heure d’écouter arrive et je retrouve Michel Chadeuil, l’homme du nord-occitan, un occitan qui n’a pas la «gloire» du gascon, du provençal ou du languedocien. Les orateurs sont invités à évoquer comment ils en sont venus à l’occitanisme. Je me souviens de Chadeuil dans des AG de l’Institut d’Estudis Occitans cultivant l’ironie, le comique ou la farce.

Puis vient le tour de Marie-Jeanne Verny qui apporte un langage cru que le Sud-ouest affectionne très peu, dans l’univers occitan comme dans l’univers social général. Jene l'avais pas vu depuis les années 1994 mais elle n'a pas changé d'un pouce.

Comme beaucoup d’occitanistes elle est une fille de paysan ayant bénéficié de la promotion par l’école publique, école publique qui, si elle a combattu les langues régionales, a aussi joué un rôle en leur faveur. Marie-Jeanne Verny affiche donc son soutien passionné de l’école publique, son engagement communiste, son militantisme syndical à la FSU et son action à la FELCO. Pour elle tout se tient et si, en parallèle elle admet l’action des calandretas (écoles privées) elle veut claironner les mérites de l’école publique, donc de la république. Elle pointe bien sûr les contradictions d’une République qui a tant fait contre les langues régionales mais qui en même temps à ouvert des portes à ces mêmes langues. La statue de l’instit Perbosc qui est sur la table du débat en témoigne. Et preuve du langage cru…. elle a commencé en … occitan.

 Dans la salle, un participant venu du Béarn va s’étonner qu’elle ait commencé en oc puis qu’elle soit passé au français. Lui fait toute son intervention en oc. Un autre participant ira dans le même sens à l’adresse de Chadeuil qui répondra en occitan. Généralement c’est seulement Jacme Taupiac qui, sans demander l’autorisation à personne, parle oc. Qui ne comprend pas dans a salle ? Et parmi ceux qui ne comprennent pas qui veut le retour au français ?

 En oc ou en français la question qui circule est la suivante : cette langue est-elle perdue ? Entre le pessimisme affiché et actif de Chadeuil et l’optimisme plus ou moins béat d’autres, à chacun de se faire une idée. Avec son humour parfois saignant Chadeuil indique qu’à présent dans son petit village où il habite toujours, tout le monde utilise l’occitan au quotidien en permanence, preuve incontestable de l’avancée de la langue… sauf qu’ils ne sont que huit !

 Viendra bien sûr la question de l’anglais, langue internationale, question posée à Francis Blot qui n’a pas été capable de l’entendre. Alors un participant de la salle aura la réponse : le français fut langue de communication internationale, puis l’anglais et demain ce sera la traduction, l’anglais commençant déjà à décliner. Et Chadeuil, encore lui, préfère constater que c’est la langue en général qui décline, il veut dire la langue articulée et que peut-être les défenseurs de l’occitan seront demain les derniers à prononcer une langue sans l’usage de borborygmes.

 J’ai cessé là ma participation à un débat pour rentrer me reposer en me disant que si le regretté Georges Mounin avait été là il aurait juste fait remarquer que parler des langues sans parler de société c’était comme parler de pain sans évoquer la farine.

J’ai fait observer à mon voisin, qui a beaucoup travaillé avec Gérard Le Puill, que ses recherches sur l’agriculture ne l’ont jamais conduit, malgré les mérites qui sont les siens et malgré ses origines bretonnes, à évoquer les questions de la langue. La République n’a jamais séparé son mépris des langues régionales et son mépris des paysans qui furent, expliquent les oligarques de circonstance, un des boulets attachés au développement économique du pays. Jean-Paul Damaggio

P.S. : Mes interventions sur ce blog sont rares alors que c'est là un de mes plaisirs tandis que mes intervention sur un autre blog sont nombreuses… juste par devoir !

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Commentaires
M
Je peux reprendre sur MAC et désolé mais nous nous sommes croisés à Larrazet ou j’étais hier au titre de radio d'OC!!<br /> <br /> Amicalement
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