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Vie de La Brochure
26 décembre 2014

Lefebvre et la Commune de Paris

Au début des années 60, Henri Lefebvre se lance dans l'étude de la Commune de Paris. A cela trois raisons :

- Gérard Walter pour la collection de Gallimard "Trente journées qui ont fait la France" lui commande le livre sur le 18 Mars 1871

- Henri Lefebvre a découvert à Milan une source historique qui sort le déclenchement de la Commune de l'héroïsme révolutionnaire pour le ramener à la fête révolutionnaire.

- Il est alors en grande discussion avec les situationnistes qui se passionnent pour la question.

 Pour ma part j'ai déjà publié un extrait du livre repris de Léon Cladel :

http://la-brochure.over-blog.com/50-categorie-10508934.html

 Dans une entretien avec Kristin Ross qui vient de paraître Henri Lefevre explique sa philosophie :

Henri Lefebvre :

"Et l’idée de la Commune comme fête, je l’ai lancée dans les débats après avoir consulté un inédit sur la Commune qui est à la Fondation Feltrinelli, à Milan. C’est un journal sur la Commune. Celui qui a fait ce journal, qui a été d’ailleurs déporté, et qui a ramené son journal de déportation quelques années plus tard, vers 1880, raconte comment le 18 mars 1871, les soldats de Thiers sont venus chercher les canons qui étaient à Montmartre et sur les hauteurs de Belleville ; comment les femmes qui se levaient de très bonne heure, ont entendu du bruit, sont toutes sorties dans la rue et ont entouré les soldats. Les femmes, elles ont entouré les soldats en s’amusant, riant, les accueillant fraternellement, puis elles ont été chercher du café, elles l’ont offert aux soldats, et ces soldats, qui venaient chercher des canons, ont été emportés par le peuple. D’abord les femmes, puis les hommes, sont sortis, dans une atmosphère de fête populaire. Il raconte enfin qu’il n’y a pas du tout de héros qui seraient arrivés avec des armes contre les soldats qui venaient chercher les canons. Ça ne s’est pas du tout passé comme ça. C’était le peuple qui fêtait, qui sortait. Il faisait très beau, c’était une première journée de printemps, le 18 mars, une journée ensoleillée : les femmes sortent tôt, trouvent des soldats, les embrassent, elles sont débraillées, etc., les soldats sont noyés là-dedans, dans la fête populaire parisienne. Après, des théoriciens des héros de la Commune, m’ont dit : « c’est un témoignage, on ne peut pas écrire une histoire sur un témoignage ». Et les petits copains situationnistes ont écrit aussi des choses dans ce genre-là. Je ne les ai pas lues. Moi, j’ai fait mon travail. Il y a eu des idées lancées dans des conversations communes, rédigées dans des textes communs. Et puis ensuite, moi, j’ai fait mon travail sur la Commune. J’ai été travailler des semaines et des mois à Milan, à l’Institut Feltrinelli. J’ai trouvé une documentation inédite, je m’en suis servi, et c’est tout à fait mon droit. Ces accusations de plagiat, je m’en fous. J’ai toujours eu des embêtements de cet ordre-là. Mais alors, je ne sais pas ce qu’ils ont écrit dans leur revue, je ne me suis pas donné la peine de le lire. Je sais que j’ai été traîné dans la boue."

 Voilà pourquoi je reprends aujourd'hui l'introduction d'Henri Lefebvre à son livre.

Notons que cette collection "Trente journées qui ont fait la France" n'est plus de saison depuis longtemps, l'histoire du temps long ayant pris le dessus sur celle ces moments cruciaux, sur celle des "dates". Je ne cache pas que cette mutation de la recherche historique n'est rien d'autre à mon avis, qu'un des éléments de destruction de l'idée de révolution, opération idéologique qui hante les bienpensants depuis l'année 1968.

lefevre

 

 

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