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Vie de La Brochure
4 janvier 2015

Le capitalisme a besoin des révolutionnaires

 

Personne n’est obligé de lire Léon Cladel mais tout le monde sait que de Gambetta à Cohn-Bendit des révolutionnaires ont changé de camp. Cette constante de l’histoire me semble peu étudiée car trop souvent réglée d’une formule : ce sont des traîtres. D’autres diront qu’avec l’âge on devient plus sage. D’autres parleront de carriérisme, d’opportunisme, de réalisme.

En fait il s’agirait uniquement de démarches individuelles ce qui me semble étrange car comment l’histoire peut-elle en permanence produire la même répétition ?

 Je considère que cette « trahison » n’est pas seulement le fait de « réalistes » mais qu’elle est inscrite dans le capitalisme lui-même ! Et dans ce cas il ne s’agit plus d’une trahison mais d’une nécessité du système !

 Pourquoi le capitalisme aurait-il besoin de ses adversaires pour se développer ?

Marx en a fait l’analysé à plusieurs reprises : le capitalisme est une révolution permanente du mode de production en conséquence il a besoin de l’ingéniosité, de la créativité et même de la combativité de ses adversaires pour faire reculer les conservatismes qui l’entravent.

 Si bien que les révolutionnaires recyclés refusent de reconnaître qu’ils ont changé de camp puisqu’ils s’activent à améliorer… le système. Ils ne veulent plus changer le système car ils ont découvert que le système ne demande pas mieux que de s’améliorer.

 Cet état de fait risque de s’achever au moment où le capitalisme devenant le maître du monde, il n’aura plus rien à révolutionner. Ou pour le dire autrement : le capitalisme peut-il s=cesser de s’améliorer ? La réponse est oui quand on voit la crise actuelle….

 Mais qu’est-ce que j’entends par les améliorations du capitalisme ?

 Il faut alors porter notre regard sur les fidèles aux idéaux révolutionnaires. Face aux « renégats » ils vont avoir tendance à se fossiliser par crainte d’une évolution les faisant glisser sur la pente vers la classe dominante. Et cette fossilisation est l’autre effet rendant plus solide le système en place !

 Quand Franco ou Pinochet ou tout autre dictateur quitte le pouvoir, y-a-t-il amélioration ? Quand les femmes obtiennent le droit à l’IVG y-a-t-il amélioration ? Quand la famine recule y-a-t-il amélioration ?

 Je suis de ceux qui pensent qu’il y a améliorations, améliorations qui sont certes des conquêtes sociales mais qui prouvent que le système peut les accepter, que le système peut évoluer et même que le système doit évoluer !

 Je sais que ces améliorations – ces victoires sociales – sont souvent expliquées car nos systèmes exploitent non seulement les travailleurs de France mais aussi ceux de nombreux pays de la planète. Le pillage extérieur a toujours été une des sources de l’impérialisme au bénéfice d’une classe étroite. Pourquoi le système cède sur certaines questions et pas sur d’autres ?

 C’est là que les révolutionnaires repentis, comme Jospin, peuvent venir dire qu’à crier dans le désert, il est préférable d’apporter les améliorations qu’ils mettent en œuvre !

 Faut-il en conséquence se contenter d’attendre que le système succombe à ses propres contradictions plus qu’aux effets de adversaires ?

 Il ne ressort de ces observations qui n’ont rien d’original (Lénine a souvent posé la question de la lutte sur les deux fronts) que la tâche des révolutionnaires est toujours plus complexe que prévue.

A mon avis ils peuvent avancer sur deux points :

-         Ne pas hésiter à pointer les réalisations politiques qui vont dans le bon sens en spécifiant les raisons et à chaque époque.

-         Ne pas hésiter à s’appuyer sur les réalisations sociales qui peuvent aider ; journal, livre, éditeur, émission de télé, pratique sociale etc.

-         Ne pas hésiter à mettre en débat public les deux points ci-dessus car par définition l’action révolutionnaire est pluraliste.

Jean-Paul Damaggio

 

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Commentaires
L
J'en conviens, j'en conviens et merci pour cette précision qui en entraîne une autre.<br /> <br /> L'analyse que Cladel faisait par rapport à Gambetta était "en direct" et il dit ce que nous disons d'un José Bové. Quant à élargir au plan général, je n'y avais pas pensé mais ça mériterait un vrai travail. jpd
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R
Je ne mettrai pas dans le même sac des radicaux comme Gambetta, qui ne souhaitaient que démocratiser la vie politique (et qui d'ailleurs ne s'est pas renié, tout en se "modérant") et ceux qui effectivement initialement se disaient ennemis du système capitaliste. Pour ces derniers, beaucoup de nos gauchistes de 68 par exemple, l'énergie individualiste a ensuite, par pur "réalisme", été mise au service du système, et avec quelle efficacité ! Mais, sur un plan plus général, ne peut-on pas dire que les dirigeants soviétiques et chinois n'ont abattu "leur" capitalisme débutant et balbutiant que pour mettre en place les conditions économiques et sociales d'un vrai et puissant capitalisme...<br /> <br /> rené merle
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