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Vie de La Brochure
23 janvier 2015

Fellag sur La Dépêche

Fellag dépêche

Nous reprenons le texte de cet entretien qui rend compte exactement de l'art de Fellag. Pointons une fois de plus la référence à l'Algérie qui mériterait un livre digne de ce nom pour retracer l'histoire de la décennie noire. Juste un point sur la question de départ où je lis cette formule : "Islam et occident".

Il se trouve que dans le spectacle Fellag rappelle que Maghreb ça signifie occident. Fellag s'en tient au face à face Algérie-France et c'est déjà beaucoup. Ceci étant les questions étaient toutes pertinentes et les réponses importantes. JPD

 

Article de La Dépêche

L'humoriste et écrivain algérien Fellag jouera demain soir au Hall de Paris son spectacle «Petits chocs des civilisations» mis en scène par sa compagne Marianne Epin. Une pièce qu'il joue depuis 2011 et qui lui a valu une nomination aux Molières. Fellag y coiffe une toque et transforme la scène en «cooking show», une cuisine gigantesque. Et le voilà qui enseigne l'art de réaliser un couscous inoubliable. Il fête la fraternité retrouvée entre les goûts et les couleurs, les frontières et les peuples. Quelques jours après les tueries parisiennes et les grands rassemblements pour défendre la liberté d'expression, voilà un spectacle qui tombe à pic. Le couscous devient alors un prétexte géant pour surfer joyeusement sur les graves sujets de notre temps. Petits chocs des civilisations joue sur les peurs, les méfiances et les clichés que les uns et les autres s'inventent pour se protéger… des uns et des autres. Entretien.

 

Fellag, vous qui vous amusez dans votre pièce de la zizanie entre l'Islam et l'Occident, le Sud et le Nord, la France et l'Algérie, n'avez-vous pas peur des réactions du public ?

Absolument pas ! Dans ces temps difficiles, nous avons tous besoin de nous retrouver, de rire ensemble et de se sentir bien avec des sujets qui posent questions. On rit des uns et des autres. J'essaye de briser tous les préjugés en exorcisant la peur et les fantasmes. Cette musique m'est propre et je revendique cette démocratie théâtrale.

Changerez-vous une ligne de votre spectacle au regard des événements récents ?

Non, car je ne fais pas du one-man-show. Toutes mes répliques sont écrites et je m'y tiens scrupuleusement.

Dans quel état d'esprit allez-vous monter sur scène demain ?

Avec le même plaisir que j'ai quand je joue. Je ne me lasserai jamais de faire rire un auditoire car le rire est un élément extraordinaire pour dénouer les nœuds psychologiques, c'est une respiration sur la vie. Vous savez, en 2001 je me suis produit à Marseille quelques jours après les attentats du 11 septembre avec ma pièce «Djurdjurassique Bled». Vous imaginez un comédien prénommé «Mohamed» qui débarque dans une ville si cosmopolite… Tout c'est très bien passé pendant mes 15 jours de représentation qui se sont finalement joués à guichets fermés. Le public sortait de la salle heureux, le sourire aux lèvres et le plaisir d'avoir ri de choses qui lui faisait peur avant d'y rentrer. Croyez-moi, le rire est une belle thérapie. Par contre il faut avoir peur de ceux qui ne savent pas rire.

Comment avez-vous vécu les derniers événements dramatiques sur Paris ?

J'ai été doublement catastrophé. D'abord, j'ai perdu ce jour-là mon copain Cabu. Avec toute sa bande, c'étaient des grands enfants, d'une grande douceur qui aimaient les blagues de potache. Je me régalais à les lire dans Charlie Hebdo. Et puis, ces meurtres qui font mal à la liberté d'expression me rappellent des moments douloureux des années 90 où en Algérie la montée des tensions entre islamistes et le pouvoir conduisaient à des vagues de violences où les assassinats se multipliaient.

Vous avez vous-même été menacé de mort…

C'est ce qui m'a poussé à quitter l'Algérie pour m'installer à Paris en 1995.

Comment expliquez-vous cette tuerie dans ce journal ?

Je pense que depuis les années 2000 et le développement d'internet, tout devient exponentiel. Une phrase ou un dessin publié de l'autre côté de la planète est immédiatement utilisé, sorti de son contexte et exploité à des fins dangereuses de l'autre côté. Tout va désormais très vite…

Selon vous, peut-on vraiment rire de tout ?

Oui, mais cela dépend de la forme utilisée. J'aime rire avec les gens dont je me moque mais jamais contre eux. C'est une nuance importante. Un jour, un ami me dit après avoir vu un de mes spectacles : «Fellag, ton humour agit comme un suppositoire : il va bien profond, on ne sent rien et pourtant cela travaille énormément de l'intérieur». Je pense effectivement qu'il faut agir en douceur pour aller au plus profond des consciences. La vulgarité, la provocation, le scandale… ce n'est pas mon truc.

Petits chocs des civilisations (mise en scène de Marianne Épin) demain soir à 21 heures au Hall de Paris. Renseignements billetterie auprès de Moissac culture au 05 63 05 08 08

Propos recueillis par Philippe Cahue

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