Une pensée pour les abstentionnistes
Les abstentionnistes sont-ils majoritairement les déçus de la politique du PS ? Si c'était le cas, le FdeG, les Verts ou l'extrême gauche récupèreraient une partie des déçus en question or il semble que ce ne soit pas le cas.
Les abstentionnistes sont plutôt des déçus de la politique en général et donc déçus par le PS mais aussi par la droite, l'extrême-droite, les Verts, le FdeG ou l'extrême-gauche.
Ceux qui avaient des scores les plus importants perdent le plus mais tout le monde perd globalement, sauf le FN il est vrai, mais ce vote exprime la même chose que l'abstention : un rejet du politique.
Le citoyen se sent impuissant pour mille raisons et sa colère est souvent incohérente. Du moins c'est ce qui ressort des diverses discussions de campagne électorale qu'il m'arrive d'entendre.
La plus grosse question est celle de l'emploi et donc du rapport entre pouvoir politique et pouvoir économique. D'un côté le pouvoir politique est pensé comme incapable de dicter sa loi aux puissances économiques, et de l'autre, quand ce pouvoir politique crée de l'emploi à ses propres fins, il fait du clientélisme. Si la guerre est faite au nombre de fonctionnaires d'Etat (globalement embauchés sur concours clair) en matière de fonctionnaires territoriaux c'est autre chose.
Avec l'expérience Syzisa, dans le cadre de ce petit pays qu'est la Grèce, comment va se résoudre la bras de fer politique / économie ? Dans quelle mesure peut naître en France une solidarité active avec la lutte de Syrisa ? Sans cette solidarité comment le gouvernement grec peut-il faire plier ses adversaires ? D'autant que tout nous pousse à juger dans l'instant, dans l'urgence or tout appel à l'urgence conduit à alimenter l'impuissance du citoyen !
Cent fois j'ai entendu autour de moi des militants en appeler à l'action urgente quand nous savons que la reconquête d'une force sociale va prendre du temps et doit se conduire au rythme que nous fixons nous-mêmes, et non au rythme imposé par l'adversaire.
La République me semble en miettes car la course aux solutions l'emporte sur l'effort sérieux et complet d'analyse du réel, sur les responsabilités à dégager, sur l'enchaînement des problèmes.
Les abstentionnistes n'y croient plus car ils pensent qu'il n'y a plus de solution. Moi aussi je dis, votez car si vous ne vous occupez pas de politique la politique va s'occuper de vous. Mais je comprends en même temps les démissions auxquelles nous assistons à un moment où la planète est en souffrance. Et j'écris le mot planète avec réticence car justement tout est là : entre la planète et le citoyen le gouffre est trop immense.
Je prône la reconstruction de la force sociale par la base, par le local tout en sachant que tout se décide dans les hauteurs mais avec une base solide et démocratiquement assurée alors on pourrait s'attaquer aux géants. Mais là on croise l'effet média qui alimente chaque jour notre impuissance en nous obligent à broyer du noir. A suivre. JP Damaggio