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Vie de La Brochure
31 mai 2015

Lydie Salvayre et sa mère

Buenaventura-Durruti

 DURRUTI BUENAVENTURA (1896-1936) sur la photo

Le 25 juin à 20 h, au Capitole, à Toulouse, Ariane Ascaride lira pendant une heure des extraits de Pas pleurer, le dernier roman de Lydie Salvayre (entrée 10 euros). Je me suis dit qu’il était temps que je me plonge dans le prix Goncourt 2014 !

Une histoire qui commence très banale : en 1936, en Aragon, l’anarchiste, le communiste et plus loin le franquiste, et pour l’anarchiste, l’appel des lumières de la ville, Barcelone. En parallèle le récit que le Français Georges Bernanos fait des événements vu de Majorque où il est en vacances.

Une histoire que je connais trop bien (à 18 ans je suis devenu un grand lecteur de Bernanos) mais petit à petit le roman, par la vie même des personnages, sort des chemins tout tracés ! La vie, une fois de plus, devenant plus forte que toutes les fictions et surtout celles que la jeunesse politique se raconte.

Lydie Salvayre écoute le récit de sa mère qui voudrait justement renouer avec la fiction, et faire de ce moment où son histoire a basculé, pendant son séjour à Barcelone fin juillet et début août 1936, l’alpha et l’oméga de tout le reste. Que nous reste-t-il quand on a tout oublié ?

Il y aurait le rêve heureux mais éphémère et la triste réalité si permanente.

Avec l’envie de jouer ce rêve contre les accommodements du temps, la vie contre la survie.

Pour sentir la chair de ce roman, Lydie Salvayre utilise l’espagnol ou un franco-espagnol cher à sa mère. Elle utilise quelques figures de style comme l’abandon des tirets et des guillemets pour marquer les dialogues.

Et je vais m’arrêter à quelques points.

 Toujours Don Quichotte ?

Pas de livres sur l’Espagne sans le recours à Cervantès. Je lis :

« C’est en Espagne, patrie de l’ingénieux Don Quichotte lequel s’exténua à secourir les faibles et à courir sus les méchants, c’est en Espagne que ce courant trouva son expression la plus haute, et c’est en Espagne, le temps d’un bref été, que ce courant s’incarna. »

« Ces jeunes Don Quichotte, qui partent au combat chaussés de pauvres espadrilles et vêtus de pauvres vareuses en coton, ne connaissent rient des usages de la guerre, de sa démence aveugle, de sa répugnante, de son atroce sauvagerie. »

Les anarchistes en Don Quichotte, un Don Quichotte vraiment ingénieux ? A moins que ce qui soit ingénieux chez Don Quichotte ce ne soit pas l’homme mais le roman ?

L’Espagne pays des anarchistes à cause de Don Quichotte ?

La réussite d’un héros littéraire tient au fait qu’il peut servir à tout expliquer.

 Réanimer une parenthèse libertaire qui fut longtemps méconnue ?

Paco Ignacio Taibo II vient de réanimer une parenthèse ouvrière qui fut longtemps méconnue, la grève dans les Asturies en 1934. Moi j’essaie dé réanimer celle d’un pacifiste de 1914 à travers Raoul Verfeuil. Lydie Salvayre se plonge dans sa propre parenthèse mais sur le mode « nostalgie » car sa mère, par qui elle écrit, n’a d’autres moyens pour continuer de vivre que la nostalgie. Le père de son premier enfant est un Français dont elle n’a connu que le prénom André car après la nuit d’amour il a été appelé à 7h du matin à rejoindre son devoir. Le devoir contre le désir. Ce André à Barcelone aurait pu être le Maurice dont avec Yves Vidaillac nous avons raconté la vie et qui était bien à Barcelone à ce moment-là, qui est parti « la fleur au fusil » pensant comme les autres que la vie était plus forte que les bombes des avions mais après sa mort suite à un bombardement, la réalité frappant le rêve en plein cœur fait que le combattants se mirent aussitôt à construire des abris anti-aériens.

 La récolte des amandes au mois de mai ?

« Chaque année entre la récolte des amandes au mois de mai et celle des noisettes en septembre, José s’en va faire les foins en tant que saisonnier dans une grosse propriété des environs de Lérima, pour un labeur qui dépasse ses forces et un salaire dérisoire mais qu’il est fier d’offrir à ses parents. » (p. 21)

Plus loin dans le livre on apprend qu’en fait la récolte des amandes c’est aussi en septembre mais le livre, étant écrit du côté féminin, reste discret sur le travail des champs même si toute l’histoire (sauf l’escapade à quatre à Barcelone) est rurale, pleinement rurale.

 Negrin ?

« Elle a oublié que le 30 avril, le premier ministre Negrin constitua un gouvernement d’Union nationale dans l’idée qu’il ne s’agissait plus désormais de vaincre mais d’entrer en négociation avec le général Franco, lequel, bien entendu, refusa. » (p. 273)

Mes amis de Mer 82 ont lu le roman jusqu’au bout et ont écrit à Lydie Salvayre pour contester ce passage de l’histoire ce à quoi Lydie a répondu qu’en effet il était à revoir d’autant qu’elle était une admirtrice de Juan Negrin.

 

Grâce au Festival Lettres d’Automne, nous avons eu à Montauban Lydie Salvayre et ses invités, bien avant son prix Goncourt, et il a fallu que ce soit à Montauban justement, qu’une native de Salvayre, s’étonne de son pseudo littéraire qui masque son hispanité. Aujourd'hui la romancière a fait un pas de plus dans nos rêves. Bonne route pour la suite. JPD

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