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Vie de La Brochure
29 juillet 2015

Jules Momméja : le passeur de frontières

bernard alet

 Sur la photo Jean-Paul Damaggio et Bernard Alet dans le splendide cadre du Capharnaüm à Saint-Antonin.

Le mot "passeur de frontières" est de Bernard Alet, à la fin de mon exposé sur Jules Momméja à Saint-Antonin, à l'invitation de Roger Beaumont pour l'association Poésie en partage.

Un sympathique moment pour partir à la découverte d'un seul aspect de Jules Momméja : son amour pour Saint-Antonin.

Et le terme de "passeur de frontières" est en effet d'autant plus adapté à Jules Momméja qu'il l'est finalement à l'enseignement du professeur qu'est Bernard Alet. Appréhender le monde par la mise en relations et pas seulement en tirant toujours sur le même fil. Se laisser détourner de sa route pour mieux y revenir. Vieux face à face entre spécialisation et "diversification". Une démarche n'est pas plus honorable que l'autre car les deux peuvent se perdre pour des raisons différentes. Mais souvent la diversificatin est présenté comme le signe d'un manque de "productivité". Et pas seulement pour l'griculture !

Dans les deux cas l'important consiste à éviter l'enfermement et pire encore l'auto-enfermement.

Momméja a été enfant à Saint-Antonin ayant été élevé chez une nourrice puis pendant des années sa vie la conduit très loin de la cité. Quand il l'a retrouvée, devenu un vieillard, il a tout fait pour l'honorer du mieux possible.

Certains passent leur vie à célébrer une ville ou une île (sans pour autant se spécialiser) mais la vie de Momméja l'a conduit à voyager suite à un choc d'adolescent : si enfant il a tant aimé Saint-Antonin et ses rues du Moyen-âge, à partir sans doute de 7-8 ans il a aimé les paysans et paysages de la Bénêche jusqu'à penser que le besoin de voir un vaste l'horizon était tel qu'à vivre dans des rues étroites on risque d'y avoir une pensée de "petit épicier" sans mépris pour autant envers les épiciers.

Donc très tôt il a un pied dans le rural et l'autre dans l'urbain et il partira jusqu'en Italie pour finir sa vie à Moissac après être passé par Agen.

A la campagne ou à la ville, Jules Momméja de toute façon aurait travaillé tant et plus, et à partir des moindres éléments de la vie.

Cette fonction de "Passeur de frontières" ne pouvait cependant lui attirer l'attention des éditeurs afin de pouvoir publier ses travaux, si bien que, depuis vingt ans, j'ai vérifié que Momméja est un mal aimé. Comment quelqu'un qui n'est pas né, n'a pas habité ni travaillé à Saint-Antonin peut-il être une référence dans l'histoire locale ?

Par ailleurs Momméja a vérifié que sa générosité pouvait le conduire à être pillé. Il fit les frais de cette triste aventure quand il réalisa l'inventaire minutieux des dessins d'Ingres ce qui lui valut alors une commande pour une biographie d'Ingres mais ensuite, Henry Lapauze ayant pu bénéficier de ce travail et ayant des bonnes relations est devenu à son tour le spécialiste d'Ingres. Henry Lapauze a fait son propre travail (et j'ai rendu compte de ce travail dans un livre) mais sans jamais rendre à César ce qui appartenait à César.

"Passeur de frontières" ? A la fin des débats un participant m'a demandé pourquoi j'avais indiqué que sur le pont de Saint-Antonin pour bien faire une visite archéologique Momméja proposait de commencer en tournant à droite, en descendant la rue parallèle à l'Aveyron.

Car en commençant ainsi, c'est l'assurance de passer par l'ancien temple protestant, et Momméja était protestant, sauf qu'en tant que protestant, il était autant à l'écoute des curés que des pasteurs. Et un passeur des frontières vit ainsi : alors que des protestants auraient peut-être souhaité qu'il mette surtout en valeur sa religion, il préférait mettre en valeur la vie de tous. La guerre protestants/catholiques est finie depuis longtemps en France, mais à son époque, dire qu'il y avait une frontière entre les deux c'est même minimiser la question, sauf à noter que parfois ont construit des murs sur les frontières.

Même problème avec la chanson, Jano d'Aymé, qui est la chanson de Saint-Antonin "Al roc d'Anglar…" mais Momméja, en folkloriste authentique, n'en fait pas un postulat. Il étudie la question non pour dire que la chanson appartient à tel ou tel village mais il vérifie une fois de plus que même au Moyen-âge une chanson pouvait voyager de la Savoie au Caussadais jusqu'à faire croire aux Caussadais qu'elle était authentiquement de leur ville ! Par définition, le folklore (le terme est arrivé en France au moment où Momméja en commençait l'étude) qui est la science du peuple, est une culture en mouvement et non une culture enfermée. Le peuple de partout est pour une part le même, et le folklore consiste à capter des histoires qui sont partout les mêmes, pour localement leur donner des habits adaptés qui en font le charme.

Je donnerai sur ce blog les éléments de ce débat qui font que si la chanson varie d'un mot "Al bosc d'Anglar…" ça n'enlève rien au fait qu'elle raconte aussi une histoire de Saint-Antonin. Les querelles de clocher n'ont jamais fait une culture. Ce qui ne signifie en rien qu'il faut oublier son clocher !

Jean-Paul Damaggio

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