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Vie de La Brochure
24 octobre 2015

Les élections au Canada

Puisque mon ami Gérard Frétellière a fait un portrait détaillé de la question je m'en remets à sa description : ICI.

Dernier message éliptique sur le blog de l'autre ami, Jack, avant les élections :

Le blues du droit de vote

Anticiper. Prendre les devants. Voir venir. Anne, ma soeur Anne... Dans presque toutes les langues, le verbe « anticiper » se décline en des gammes similaires. Sauf en danois où l'on trouve forudsige qui revêt plus le sens de prévoir. Fa que, en fin d'après-midi, en bicycle sous le crachin, j'aime à dire que j'ai forudsigé. C’est quand même mieux que d’avoir dit : j'ai phoqué le chien tout l’après-midi. Non! Non! J'ai temporisé, éloigné, repoussé de toutes mes forces le harper [référence au candidat  Harper] des neiges noires qui me donne mal au coeur! Ce n'était pas du joli! Une petite croix, une petite voix flacottante a mari usque ad mare. N’empêche! 

Le plus jeune des scrutateurs m'a posé la question 39 : « Es-tu parent avec Paul? » [Paul Desmarais grand ami de Sarkozy] Ah ben! Capitaine! Je me suis identifié avec ma branche! Si, j'avais un oncle Paul! Vrai de vrai! Mais est-ce que les Béliveau de ce monde se font demander à tout bout de champ s'ils sont parents avec Juliette (Èva, la femme du père Gédéon dans les Plouffe)? Câline! 

J'ai voté par anticipation. Go! Go! Go! Mais j'ai un drôle de froid pareil dans le dos. Comme un pressentiment de restant de fudge ressorti du fleuve après un long d'hiver qui nous pend au bout du nez. De la guédille! De la grattelle archaïque. Ça va nous prendre bien plus qu’une bonne mémoire, ça va nous prendre une vieille âme pour passer à travers cette fois-ci! Forudsige. Prévoir. Coaliser! Sang de crapaud. Chanson à répondre. Excusez là!

 

Un article du Devoir : Gouvernement Trudeau

Le grand retour du Québec à Ottawa?

24 octobre 2015 |Guillaume Bourgault-Côté | Canada

En février 2012, Justin Trudeau avait soulevé un tollé en affirmant qu’il pourrait « songer à vouloir faire du Québec un pays » si le Canada continuait son virage à droite. Le Québécois Trudeau ne reconnaissait plus le Canada, disait-il. Trois ans plus tard, son élection marquera-t-elle le grand retour du Québec à Ottawa ?

C’était de son propre aveu une provocation : en évoquant la séparation du Québec, Justin Trudeau avait voulu « réveiller les gens » devant le saccage de l’héritage trudeauiste. Le Canada allait « trop à droite », avait-il dit, « attristé » de la situation. Il fallait un coup de barre : c’est finalement lui qui en profitera.

En élisant 40 députés libéraux lundi, les Québécois ont pour la première fois depuis 1988 voté en majorité pour le parti qui formera le gouvernement. Justin Trudeau n’a pas manqué de souligner ce changement dans son discours de victoire.

« Le Québec fait un retour au gouvernement du Canada, a-t-il lancé en fin de soirée. Nous [les Québécois] avons choisi de nous réengager dans une politique plus rassembleuse, plus positive. Nous avons choisi de nous réengager dans la gouverne d’un pays pour qu’il reflète nos valeurs et nos ambitions. »

C’était précisément ce qu’il dénonçait en 2012 : le Canada ne reflétait plus les valeurs québécoises. Il parlait alors de cette « façon de voir la responsabilité sociale, l’ouverture envers l’autre, une fierté culturelle qui est nécessaire pour le Canada ». Ce dernier a « besoin du Québec pour contrebalancer la vision » des conservateurs de Stephen Harper, avait-il ajouté en parlant d’un gouvernement « mesquin, petit d’esprit et anti-intellectuel ».

Sa sortie survenait dans un contexte de collision entre progressistes et conservateurs : ces derniers avaient célébré dans les jours précédents la fin du registre des armes à feu, ils étaient à fond dans la promotion du patriotisme militaire et de la monarchie, des débats étaient soulevés sur la peine de mort, l’avortement, la torture, le protocole de Kyoto, le pouvoir des juges…

Le Québec ne comptait que cinq députés conservateurs au sein de ce gouvernement majoritaire. « Ce n’est pas facile pour les Québécois de se reconnaître dans le fédéral quand ils ne se voient jamais dans le fédéral », relève aujourd’hui Robert Asselin, un des principaux conseillers de Justin Trudeau. « C’est une des choses qui a changé avec cette élection : le premier ministre est Montréalais, il y a 40 députés québécois autour de lui, ça ne peutqu’avoir une influence. »

Cela peut s’exprimer de différentes façons : M. Asselin évoque notamment une « culture francophone » plus présente — avec des ministres importants, des juges bilingues à la Cour suprême, « plus de Québécois à tous les échelons, pour mieux refléter la dualité canadienne ».

« C’est sûr que le poids de la voix du Québec sera plus grand qu’avant, estime Antonia Maioni, professeure de science politique à l’Université McGill. Les Québécois vont se sentir plus à l’aise avec ce qui se passe au fédéral, avec un gouvernement plus progressiste. Mais je ne sais pas ce que ça changera aux revendications traditionnelles du Québec », note-t-elle.

Autre prisme

Agréablement surpris des résultats des libéraux au Québec lundi dernier, Robert Asselin déduit qu’ils font mentir « les préjugés sur Trudeau et le Québec ». C’est-à-dire ? « Certains politologues véhiculent l’idée qu’on est encore dans les vieilles blessures du rapatriement de la Constitution et de la nuit des longs couteaux, que les libéraux ne seraient jamais capables de réparer ça, que les francophones bouderaient à jamais le parti, etc. On vient de voir que ce n’est plus le cas. »

Robert Asselin soutient ainsi qu’une « nouvelle génération de Québécois, qui n’a pas connu ces événements, ne voit pas Justin Trudeau à travers ce prisme. On a réussi à sortir du moule “fils de”. Les gens voient plutôt un politicien moderne, rassembleur, charismatique, qui veut un fédéralisme coopératif avec Québec ».

Il se dit ainsi « un peu amusé » des propos du député péquiste Jean-François Lisée, qui a soutenu cette semaine que l’élection de Justin Trudeau portait en elle le « germe » de futures collisions Québec-Ottawa. « Il n’y a qu’une identité valable [pour Justin Trudeau], disait-il : l’identité canadienne et la Charte des droits. Sur ces questions identitaires, il va être constamment en porte-à-faux avec les Québécois. »

Influence

Professeur d’histoire à l’Université de Guelph — où il s’intéresse à différents enjeux liés à l’identité canadienne, Matthew Hayday suggère pour sa part que le retour du Québec à la table des décisions aura un effet bénéfique sur l’engagement des Québécois envers ce qui se passe à Ottawa.

« Les Québécois auront une plus grande influence dans les discussions et prises de décision du fédéral, dit-il. C’est un élément important : si on regarde ce qui s’est passé dans l’Ouest, le développement du sentiment d’aliénation a été accentué par le fait que la population a longtemps envoyé des députés de l’opposition. Ça a renforcé le sentiment d’isolement. »

M. Hayday associe en ce sens la diminution constante des appuis du Bloc québécois depuis 2004 à une volonté de « réengagement » des Québécois dans les affaires du pays.

« De façon plus large, dit-il, cette élection marque aussi un changement historique : depuis 1993, le Canada est beaucoup morcelé [le Parti réformiste fort dans l’Ouest, le Bloc au Québec, un gouvernement majoritaire Harper sans le Québec, etc.]. Cette année, les libéraux revendiquent des appuis un peu partout, y compris à Calgary. On assiste peut-être à la fin de la régionalisation de la politique canadienne. »

Pour le moment, M. Hayday se réjouit surtout de voir le fossé qui s’était creusé entre les progressistes et Ottawa se combler un peu. « Après, il faudra que Justin Trudeau livre la marchandise, mais il y a au moins un pas dans la bonne direction », juge-t-il.

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