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Vie de La Brochure
13 novembre 2015

14-18 : Mutineries à Agen

Comme je l'ai déjà indiqué Jules Momméja tenait pendant la guerre un journal où il relatait la vie locale et la sienne avec la plus grande sincérité possible. Voici deux pages des cahiers. J-P Damaggio

 

Cahiers noirs (n°2) Jule Momméja

 Jeudi 14 janvier 1915 (p. 225-226)

La corvée du voyage d'Agen (1) s'est accomplie sans grande fatigue mais avec beaucoup d'ennuis par un temps humide et doux qui rendait mes nerfs trop flasques et ma cervelle pesante, engourdie et comme envahie par les brumes grises qui erraient au loin sur la rive gauche de la Garonne.

Il n'est bruit dans la cité que de la quasi rébellion d'un groupe de 250 soldats réservistes qu'on expédiait hier, et qui refusaient de sortir de la caserne si l'on ne faisait pas partir en même temps un notable embusqué, plus jeune qu'eux, mais fils d'un ancien conseiller municipal radical socialiste. Je ne sais qui a tort ni qui a raison, mais je constate avec peine combien il est aisé à certains de s'embusquer et aussi le soulèvement général de la population contre ces derniers. Gageons d'ailleurs que la censure ne laissera rien transpirer de cet événement.

 (1) Momméja habitait Moissac mais il avait son travail au Musée d'Agen.

p. 235-236

Lundi 18 janvier

Au bureau de tabac [à Moissac] on me raconte qu'il y a eu de nouvelles mutineries de soldats à Agen au départ des réservistes qui veulent bien aller combattre mais à condition que leurs camarades soient débusqués des bureaux, où les pieds au chaud, grassement appointés, ils se congratulent in peto des loisirs dorés que la guerre leur apporte. Les journaux continuent à ignorer ces choses, par ordre, bien entendu. Quoique que puisse faire le gouvernement prétendu démocratique qui manie la censure avec une rigueur stupide, inconnue dans les pays de despotisme pur, la colère générale gronde contre les embusqués et les administrations où ils trouvent un maquis protecteur. L'orage est encore lointain mais sûrement il éclatera un jour : gare alors au fonctionnarisme tout entier, car la révolution future à laquelle tout le monde croit, se fera contre lui, pour la plus grande confusion du socialisme, dont l'ambition est de transformer l'humanité entière en colossal bureau d'embusqués."

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