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Vie de La Brochure
29 novembre 2015

Encore Patricio Guzman

AFICHE-EL-BOTOON-DE-NACAR-CHILE

Le réalisateur Chilien a décidé de refaire son film précédent, La nostalgia de la luz, en inversant le point de départ. De l'absence d'eau on passe à l'excès d'eau. Du désert, à la patagonie. Et commençons par ce nom : Patagonie. Il vient des colonisateurs qui, pour détruire les Indigènes, décrétèrent qu'il y avait dans la zone des monstres aux Pates très longues. Mais, film oblige, Guzman ne peut entrer dans les subtilités de l'étymologie.

Des merveilles de la nature, le cinéaste est très fort pour découvrir des humains exceptionnels. Et il s'agit des derniers témoins de tribus indigènes qui ont vécu avec l'eau. Là aussi, film oblige, Guzman ne peut entrer dans le détail aussi quand il prétend que le Chili ne s'est jamais tourné vers la mer, c'est aller un peu vite quand on se souvient que ce sont les autorités de ce pays qui inventent les "eaux territoriales" que justement l'ONU vient d'élargir.

Mais ceci étant, quand on se sait que la richesse chilienne, est surtout minière on peut aussi dire qu'il a raison.

La répétition dans la différence tient au final, la barbarie Pinochet alimentée par les USA. Au nord, les opposants sont morts dans le désert. Au sud ils sont jetés d'avion et le cinéaste tient absolument à reconstituer la démarche pratique. Un rail qui est cousu sur les corps. Des morts qui deviennent un paquet. Un hélicoptère qui s'envole. Et dans le ciel les corps qui tombent. Puis aujourd'hui des chercheurs qui vont au fond de la mer récupérer les corps.

 Mais avant d'en arriver à de telles scènes macabres, le macabre de la disparition d'une civilisation de l'eau que les colons se sont acharnés à éliminer. En guise d'art, cette civilisation peint les corps ! Les derniers témoins réussissent à parler la langue qui va mourir. C'est presque de l'ethnologie. Avec cet homme qui chante les bruits de l'eau.

 Guzman invite la poète Raul Zurita qui vient de faire une tournée en France. Je l'ai trouvé moins convaincant que les indigènes.

 La voix extraordinaire de Guzman apporte au film une sérénité qui calme le macabre des scènes qui courent à travers les images. J-P Damaggio

 Dossier de presse / Sur RFI / Sur Le Monde / En espagnol

 Une présentation

Que serait le Chili sans l'eau ? Les habitants actuels du pays semblent l'avoir oubliée, alors qu'elle faisait partie intégrante de la vie des indigènes de Patagonie. Mais l'homme blanc s'est emparé de leurs territoires : les Indiens ont perdu leur langues, leurs coutumes, ont sombré dans l'alcoolisme et ont péri à cause des maladies amenées par les colons. C'est également là-bas, qu'ont été enfermés les anciens membres ou sympathisants du gouvernement Allende. La dictature de Pinochet a éliminé ses opposants avec des méthodes barbares, parfois aidée par les civils sur place. L'océan, mémoire des années de plomb, leur a servi de tombeau...

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 28/10/2015

 On aime beaucoup

Rien qu'un bouton, banal, minuscule, dérisoire. C'est le seul vestige d'une vie humaine, le dernier témoin de l'horreur, découvert incrusté dans un sédiment de coquillages, sur de la ferraille immergée depuis quarante ans, au large des côtes chiliennes. Les tortionnaires de la dictature de Pinochet faisaient ainsi disparaître leurs victimes : ils les lestaient avec un morceau de rail, et les jetaient à l'eau, mortes ou vives. L'océan est le gardien de cet atroce secret, le linceul opaque d'un peuple de noyés, de niés. C'est la mémoire des années noires de son pays que le documentariste Patricio Guzmán fait remonter des fonds silencieux. Depuis La Bataille du Chili, le cinéaste a voué toute son oeuvre à ce patient travail de plongeur, chercheur de vérité et de justice.

Mais, depuis son précédent long métrage, ce sujet de toute une vie s'intègre dans une démarche plus singulière et plus vaste, une rêverie philosophique. Nostalgie de la lumière (2010) donnait une dimension cosmique au sol aride du désert d'Atacama, où les familles de disparus cherchent inlassablement les ossements des leurs. Le Bouton de nacre est le prolongement de cette réflexion, qui replace le politique et l'intime au cœur des éléments. De falaises de glace en bras de mer, des vapeurs mystérieuses d'un quasar perdu aux confins de l'espace jusqu'aux crépitements minéraux, quasi abstraits, d'une pluie torrentielle, Guzmán fait de l'eau le matériau conducteur de son film. Progressant par association d'idées et d'images, de témoignages et de souvenirs, cette oeuvre fascinante évoque un travail psychanalytique. Le long de la frontière maritime du Chili, on remonte vers d'autres traumas historiques, d'autres crimes impunis : le massacre des tribus indigènes de Patagonie qui vivaient pour et par l'océan, la destruction de leur culture millénaire. Le cinéaste semble vouloir tout embrasser, tout accueillir : la vie et la mort, la violence et la rondeur du monde, dans le même flot émouvant et poétique. — Cécile Mury

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