Lettre n° 22, clin d'oeil à Cladel
Je retrouve cette lettre que je ne pouvais publier sur l'ancien blog.
Je reprends ici ce texte de Cladel qui me fait penser à une chanson de Jacques Debronckart : J'suis heureux.
Cynisme
Voyons ! que me manque-t-il ? Ne suis-je pas heureux ? Ma poche est pleine d'or, bourrée de billets de banque, mes chevaux sont les rois du turf, ma maison est l'hôtellerie des beaux-arts et des belles- lettres, et j'y suis le maître ; je passe pour avoir du talent et même du génie ; on dit que je suis honnête homme, et en somme, on a raison. J'ai du ruban à la boutonnière. Je me gausse du Peuple et des Tribuns, et quand je vais par la ville, les têtes se courbent devant moi. Que me manque-t-il ? Mes enfants sont superbes, ils sont à moi ; je trouve qu'ils me ressemblent ; ma femme est vertueuse ; c'est son droit et son devoir ; ma maîtresse est adorable et je m'en moque! Je digère comme l'autruche, ne suis-je pas heureux ?
Léon Cladel