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Vie de La Brochure
24 janvier 2016

La baronnie : un bilan

Dans la précédente lettre de La Brochure j’annonçais que le livre épuisé après cent exemplaires ne serait pas retiré, puis j’ai changé d’idée non suite aux demandes, mais parce que j’ai découvert que le dénigrement allait encore plus loin que je ne le pensais.

 Des lecteurs me disent que j’aurais pu faire un livre à charge et non un livre d’histoire, un livre polémique, et non un livre d’informations. En effet en cent pages il était facile de dénoncer la stratégie électorale de Baylet :  s’unir avec le PS pour battre le PCF, avec le centre pour battre le PS, avec la droite pour battre le centre (rarement), avec l’extrême-droite pour battre la droite (le fait nouveau), avec le PCF pour battre le PS (autrefois) et même une fois avec le PS pour battre une candidate radicale !

Sauf qu’il ne me semble pas juste de dénoncer sans prouver, surtout pour dénoncer un maître de l’information habitué à dénoncer sans prouver ! La question est classique : faut-il user des méthodes de l’ennemi pour défendre ses idées ?

 Des lecteurs ont compris ce qui est arrivé dans leur canton en apprenant enfin ce qui s’est passé dans un autre. Car là existe une autre question de méthode : sans vision d’ensemble, comment juger d’un cas particulier ? Or cette vision d’ensemble (historique et géographique) nécessite un effort d’approfondissement et en l’occurrence un effort de lecture.

Le Tarn-et-Garonne est petit et pourtant j’ai vérifié cent fois qu’à Montauban on saisissait peu ce qui se passait à Castelsarrasin (l’inverse est moins vrai) et si je n’avais pas eu l’occasion de bien connaître l’ensemble du territoire, j’aurais moi aussi perdu le fil de l’histoire.

 Si on me dit que le fil de l’histoire c’est le « pouvoir pour le pouvoir », alors le cas de la baronnie ne présente rien d’original. Toute l’originalité est la collusion entre pouvoir politique et pouvoir médiatique au moment où le pouvoir médiatique aspire non plus à informer mais à décider à la place des politiques[1], alors nous entrons dans une zone de turbulences démocratiques spécifiques.

 Le hasard a fait que mon livre est sorti début novembre au moment où Baylet nouait une alliance exceptionnelle avec Brigitte Barèges contre Christian Astruc. Cette alliance ne faisait que confirmer la thèse de mon livre avec une conséquence pratique : mon livre n'a eu aucun compte-rendu dans Le Petit Journal connu pourtant comme étant un adversaire résolu de Baylet ! Sur le coup, je n’ai pas compris, mais quand le 30 novembre l’alliance Barèges-Baylet est devenue officielle et avec un traitement surprenant dans Le Petit Journal, tout est devenu clair !

 Mon livre peut-il changer la réalité locale ? Pour quelques personnes peut-être, mais pas sur le fond, et pas à cause de sa modeste diffusion. La mécanique de la féodalisation mise à jour n’est pas circonstancielle mais structurelle. Dernièrement j’ai appris que des membres du PS souhaitaient un vote "contre le budget du président du Conseil départemental car le groupe de Christian Astruc est composé d’élus qui ont battu nos camarades lors des élections départementales. Ils ont estimé que c’était le seul moyen d’avoir une ligne lisible". Moins d’un an après, la configuration des Départementales est déjà oubliée ! Dès le nouveau découpage Le Petit Journal avait titré à juste titre : « Le PS réduit à la portion congrue » (découpage bien sur conçu par Baylet). En effet les cantons avec des candidats PS ont été rares ! Si bien qu’au second tour il n’y en avait plus que quatre de présents qui ont été élus. Tous les autres ont été éliminés dès le premier tour ! Est-ce que Baylet à Valence, De Prince à Beaumont ont pris des binômes PS ? NON. Après la fin il y a longtemps des élus du PCF, la fin du PS est proche et Christian Astruc, ou les membres de son groupe, n’y sont pour rien ! Quant au Verts Baylet a fait le nécessaire aussi pour qu'ils n'entrent pas au Conseil général !

En fait voter contre le budget c'est voter avec Baylet et Barèges, une lisibilité parfaite pour des personnes qui ne veulent pas vouer qu'elles sont aux ordres de … Baylet ! !

 Bref, ceux qui ne veulent rien apprendre, n’apprennent rien car ils ne regardent que leur canton. L’esprit de clocher, que le féodalisme conforte et alimente, est le contraire de la politique. J’ai essayé de le montrer dans le livre, là aussi preuve à l’appui, cet exemple local étant le signe d’une mutation nationale. Pour rester concret, un lecteur m’a appelé pour m’indiquer qu’un candidat PS à des cantonales a reçu un coup de fil de Solférino pour qu’il se retire devant un candidat PRG puisqu’il était deuxième, alors qu’au même moment un candidat PRG arrivé derrière un socialiste s’est maintenu. Dans l’affaire ce qui est doublement sidérant, c’est l’appel de Paris (qui ne connait rien au canton) alors que localement le candidat PRG n’avait rien demandé ! Seul Baylet avait imposé sa règle !

 Mais à quoi bon s’occuper de querelles politiques qui de toute façon changent peu les politiques elles-mêmes ? N’est-ce pas perdre son temps à des broutilles avec le risque de contribuer à masquer l’essentiel ? Baylet-Barèges-Astruc n’est-ce pas du pareil au même ? Non, ce n’est pas du pareil au même ! Certes, aucun ne fera la révolution - électrices et électeurs n’y aspirent pas – mais chacun joue sa partition. Astruc assure un débat quand la parole du chef suffisait, Barèges prend exemple sur la droite populaire quand elle propose de contrôler sévèrement le RSA, Baylet veut faire le bonheur de Valence d’Agen etc.

 La Baronnie présente un sac de nœuds ou un panier de crabes comme des lecteurs me l’ont fait observer. Elle mériterait des compléments : comparer la couleur politique des maires et le lieu d’implantation des collèges par exemple. Si le prochain lycée est à Montech plutôt qu'à Verdun, ce sera un exemple de plus d’une rationalité balayée par le clientélisme. J-P Damaggio



[1][1] J’avais produit une étude avec le cas d’une journaliste du Monde désireuse de faire la pluie et le beau temps dans la gauche alternative : Sylvia Zappi.

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