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Vie de La Brochure
28 juin 2016

L’adieu à Jean-Jacques Rouch

baylet bruniquel

Hier matin au cimetière de Bruniquel on entendait des bruits d’enfants et j’ai cru un moment que c’était ceux de l’école proche toute proche mais la présence en bas du village de nombreux bus m’indiquait que le village était envahi par un voyage scolaire. Les bruits des enfants ne couvraient pas la voie des orateurs mais en musique de fond, ils indiquaient que la vie continuait au moment du dernier adieu à Jean-Jacques Rouch.

Pourquoi avoir fait le déplacement en ce lieu où il était prévu de célébrer un journaliste de La Dépêche ? Pendant mes quatre ans vécus à Bruniquel, où j’avais désiré vivre une grande solitude, il m’arriva seulement deux fois de passer chez cet habitant peu commun du village, parmi tant d’autres habitants peu communs. Je n’ai alors ouvert ma porte qu’à cinq amis et je n’en ai visité dans Bruniquel que cinq. C’est Michel Montet qui me conduisit dans la maison du couple Rouch et j’en ai gardé un grand souvenir tellement la famille était chaleureuse.

Elle et lui étaient portés par une immense culture, et un grand humanisme. Au moment de la chute de Ben Ali, ils furent montrés du doigt comme soutiens indéfectibles du dictateur. Je ne connais pas l’histoire exacte mais je sais par contre que leur amour de la culture du peuple tunisien, était profond, sincère et authentique. Par la Tunisie, et Jean-Jacques l’a démontré dans ses romans historiques, ils avaient une immense connaissance du monde arabe qu’ils aimaient.

J’étais au cimetière de Bruniquel pour lui et le village, où il avait fixé pour des raisons que j’ignore son havre de paix. Il m’arriva de le croiser dans mon agence bancaire à Montauban, une agence qui est née avec notre génération. J’ai souvent projeté d’aller l’écouter présenter un de ses nombreux romans historiques chez Deloche mais les problèmes d’emploi du temps m’en empêchèrent. Ceci étant, je n’en ai lu aucun, car j’avais la sensation qu’il utilisait l’histoire comme un masque, pour se tenir à distance d’une actualité qui devait lui peser. Je suis sûr qu’à vivre tout ce qu’il a vécu en tant que journaliste, il aurait pu laisser un témoignage émouvant sir le dessous des cartes. Car derrière l’homme officiel existait un cœur sensible à toutes les injustices.

Ceci étant, l’enterrement a été organisé pour célébrer l’homme officiel et le ministre ne pouvait rater ce rendez-vous. Jean-Jacques Rouch ayant été un temps responsable de la rédaction Tarn-et-Garonne de la Dépêche, étant devenu en 2014 conseiller municipal PRG de Toulouse, il revenait à Jean-Michel Baylet d’évoquer son ami de toujours, aussi franc-maçon que lui. Mes oreilles peut-être mal formées, ne m’ont pas permis d’entendre le mot Bruniquel dans la bouche de cette sommité. Il a évoqué « Toulouse sa ville de cœur et le Tarn-et-Garonne ». Mais Rouch avait peu le souci du Tarn-et-Garonne par rapport à celui de son cher Bruniquel ! Le Tarn-et-Garonne n’est qu’une abstraction quand on a le plaisir d’être bien installé à Bruniquel.

D’ailleurs son passage à la tête de la rédaction de La Dépêche locale a été rapide, et je sais très bien qu’il a eu grand plaisir de pouvoir revenir travailler à Toulouse où, en charge de l’éducation, il avait ainsi l’immense satisfaction de se rapprocher encore plus de son épouse.

Bref, un homme si chaleureux qu’il suffisait de bavarder une fois avec lui, pour être marqué par cette rencontre. Bruniquel devrait faire l’inventaire de personnages plus ou moins notoires qui sont passés dans ses murs.

Je suis reparti sans m’attarder pour mieux flâner sur des petites routes conduisant à la maison de mes parents. Je conseille le chemin de Garavache mais plutôt en août quand maïs et tournesol sont si grands qu’on a la sensation de rouler en plein champ.

Jean-Paul Damaggio

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