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Vie de La Brochure
28 juin 2016

Le cas Rafael Correa

Vu de France le président de l’Equateur est celui qui, dans son ambassade de Londres, protège Julien Assange depuis déjà cinq ans !

Vu d’Equateur, si l’on en croit Natalia Sierra, professeur à la Universidad Católica de Ecuador, il n’est rien d’autre qu’un homme qui tente de renforcer un capitalisme local. Marxiste affichée, elle appuie sa critique sur le fait que toute la politique de Correa consiste à développer un investissement dans les infrastructure plutôt que dans les œuvres populaires. Il n’existe donc pour elle qu’une reconstruction d’un Etat toujours plus au service du capitalisme. « C’est un Etat qui satisfait les demandes de valorisation et d’accumulation du capital dans le pays comme dans le monde.»

Ce que l’étape néo-libérale n’a pas réussi à imposer, la gestion de Correa le fait, dit-elle !

 Alfredo Acosta, autre critique de gauche, dirait qu’en dix ans on a connu plusieurs Correa et que celui d’aujourd’hui défait en partie ce qu’il a fait hier.

 Grâce à des amis on a rencontré Dolorès Padilla qui a vécu avec enthousiasme les années 2000 et qui apporte au président et au système, qu’elle connaît bien de l’intérieur, un autre type de critique. Comme tout système politique qui s’incruste, il finit pas favoriser l’esprit de soumission à l’esprit d’initiative. Certains ministres, car ils sont les favoris du prince, occupent tour à tour les divers postes. L’enthousiasme des années 2000, où partout en Amérique latine se développait un pouvoir social nouveau, est retombé dans les ornières du passé quand on favorisait le lèche-botte au dépend de l’intelligence.

 Parmi les créations phénoménales de Rafael Correa il y a Yachay, la cité de connaissance. Dans le nord du pays – nous visiterons le lieu et j’en parlerai plus tard – une « ville » a été créée de toute pièce pour que s’y rassemble la fine fleur de l’intelligence mondiale afin de créer des synergies du type de la silicon valley. Pour Dolorès, ce grand projet a bien sûr quelques mérites mais à quel prix ? Pour construire Yachay combien de petites écoles rurales ont été fermées ?

 Rafael Correa avait souhaité un temps, modifier la constitution, pour pouvoir se représenter mais face à l’opposition il a renoncé, et en 2017 un nouveau président devrait prendre les affaires en main. Mais l’opposition de droite comme de gauche étant incapable de présenter une alternative, Alliance Païs (le parti au pouvoir) semble le mieux en place pour garder le pouvoir… que Correa pourrait conserver sous sa coupe comme Poutine l’a fait avec Medvedev.

 Ceci étant le pays semble un pays debout, un pays qui se consolide, un pays loin des misères du Mexique par exemple. Les luttes sociales sont nombreuses comme le confirme les manifestations régulières devant le palais du gouvernement. Un jour où nous y étions (le 20 juin) 30 instituteurs retraités représentant leur corporation (1200 personnes), manifestaient pour réclamer leur droit : ils ne sont pas payés depuis 9 mois. Ils rencontrèrent le secrétaire de la présidence, Omar Simon, qui face aux manifestants assura que la dette atteignant 51.000 dollars, la semaine suivante cette somme serait versée aux caisses conséquentes.

 Je pense que l’Equateur essaie, dans le contexte mondial, de se frayer un chemin original à travers les embûches du temps et pour un simple touriste il est difficile de se faire une opinion claire et définitive.

J-P Damagggio

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