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Vie de La Brochure
18 juillet 2016

Oui ou Non au grand canal du Nicaragua

 

Mapa-Canal-Nica-500x299

La construction du Grand Canal trans-océanique traversant le Nicaragua a fait la Une des journaux il y a déjà trois ans. Ce vieux rêve devrait devenir réalité avec l’appui d’une entreprise privée chinoise (HKND Group (Hong Kong Nicaraguan Canal Development Investment Group), qui dans la foulée du contrat a créé 16 sociétés écrans, souvent installées à Amsterdam. Elle a gagné en contrepartie la concession pour 50 ans (avec prolongation possible de 50 ans) et bien d’autres avantages.

Situation pour le moment :

Canal de Panama : 80 km (8 à 10 h de traversée) (il vient d’être élargi)

Canal de Suez : 193 km sans écluses. (il vient d’être rénové)

Canal du Nicaragua : 278 km (trois plus large que celui de Panama). (30 h de traversée)

Situation pour le moment :

Canal de Panama : 80 km (8 à 10 h de traversée) (il vient d’être élargi)

Canal de Suez : 193 km sans écluses. (il vient d’être rénové)

Canal du Nicaragua : 278 km (trois plus large que celui de Panama). (30 h de traversée)

 Dans un monde où le transport des marchandises est croissant, d’où l’élargissement qui vient de s’achever du canal de Panama, le projet est présenté comme une chance pour :

-Le Nicaragua

-L’équilibre mondial du commerce

-Les peuples du monde.

Le Nicaragua devrait y gagner en développement économique (des milliers d’emplois) d’autant que, dit-on, tout sera mis en œuvre pour une amélioration de l’environnement et même pour la récupération d’œuvres archéologiques. Les premiers travaux auraient déjà assuré la récupération de 5000 pièces !

Les USA n’étant plus maîtres du seul passage existant entre pacifique et atlantique le commerce s’en trouverait facilité d’autant que le nouveau canal beaucoup plus large et plus profond que celui du Panama serait adapté aux conditions actuelles de navigation.

Deux conditions qui devraient aller dans le sens des intérêts des peuples du monde puisque l’impérialisme US serait mis en échec.

Une fois résumé les avantages du projet pourquoi peut-il susciter quelques inquiétudes y compris chez les adversaires de l’impérialisme US ?

 Le monde paysan

 

francisca Ramirez

Si le monde urbain ne voit généralement qu’avantages à ce projet, les paysans se situant sur le tracé ne peuvent dire la même chose et ils se sont organisés dans un Conseil de défense des terres, du Lac et de la souveraineté.

Francisca Ramírez Torres est une des responsables de la lutte contre le Canal et sa combativité a fait sensation au Nicaragua. Une opposition de paysans attardés qui ne veulent pas quitter leur terre même pour le bien du pays tout entier ?

Les paysans, comme les autres habitants, ont été d’abord été favorables au projet au nom du développement économique annoncé, puis ce projet a été inscrit dans une première loi : la loi 840, et cette loi dit bien autre chose. Elle est un modèle de néo-colonialisme sans que le gouvernement chinois soit impliqué (jusqu’à présent l’histoire a fait que le Nicaragua est en relations diplomatiques avec… Taïwan !).

Première caractéristique de la loi : ne rien demander ni expliquer aux victimes. Les Chinois sont arrivés comme en terrain conquis, ont commencé à prendre des mesures sans rien dire et l’inquiétude a grandi.

En guise de réponses, ce fut la répression par les armes. Or les opposants ne manquent pas d’arguments.

 Les investisseurs

L’entreprise chinoise est-elle fiable ? Quand des Chinois achètent tant et plus dans le monde (y compris l’aéroport de Toulouse vendu par le gouvernement socialiste) pourquoi ne pas leur faire confiance ? Car ce projet à 50 milliards de dollars est colossal et à contre-courant des tendances du commerce maritime.

Le soutien du Gouvernement du Nicaragua et sa Commission du projet grand canal sous la direction de Telémaco Talavera ne voit qu’avantages à cette construction mais sans éclaircir les données de l’entreprise. Quand des journalistes veulent aller visiter le siège de cette entreprise à Managua ils ne trouvent rien !

L’article le plus récent et le plus documenté sur le sujet a été publié le mois dernier sur la revue Envio -(http://www.envio.org.ni/articulo/5195) et il rappelle que c’est suite aux hasards d’une rencontre entre le fils du président Ortega et le milliardaire Wang Jing qu’est né ce projet d’alchimiste capable de transformer en or… une infrastructure. Du roman, comment en revenir à la réalité ?

En 2015 la Bourse des Valeurs de Chine fait une chute de 80% et 10 milliards de la fortune de Wang Jing se sont évaporés. Conséquence : en novembre 2015 les travaux sont suspendus… sans avoir vraiment commencés.

De plus en plus une idée émerge que les paysans ont pointé du doigt : sous prétexte d’un grand canal le projet finira en vaste entreprise immobilière à fonction touristique. Grâce à la corruption les expropriations sont prévues au moindre coût.

Sur le fond, la force économique chinoise ne la dispense pas des études de marché pour obtenir les garanties financières face aux banques et, pour ça, un cabinet des USA capable de donner son aval a été consulté. Le cabinet McKinsey a été retenu et n’a rien apporté comme garanties.

 Le cas du lac Cocibolca

Ce très grand lac apparaît comme un moyen pour faciliter la construction du canal sauf qu’il s’agit d’un lac si peu profond qu’en fait il faudrait aussi y construire le passage du canal ! S’il est en superficie le 19ème du monde, il est en volume le 34ème. Il suffit d’un été un peu chaud pour assister à un recul considérable des berges.

En conséquence de nombreuses associations écologistes se sont unies aux paysans en colère pour dénoncer une telle atteinte à l’environnement. Pour le président Daniel Ortega c’est là le résultat d’opérations télécommandées des USA, Daniel Ortega qui va être réélu en novembre président du Nicaragua, dans le cadre d’un pouvoir hautement contrôlé, aurait pu organiser sur une telle question un référendum (comme ce fut le cas dernièrement au Panama pour l’élargissement du canal) car un projet à 50 milliards (en fait à 100) aurait mérité un débat public capable de rassurer une partie des opposants. Quand on réprime comme c’est le cas, n’est-ce pas parce qu’il y a quelque chose à cacher ? se demande instinctivement le simple citoyen. J-P Damaggio

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