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Vie de La Brochure
29 juillet 2016

L’islamisme et le FN

Il n’y a de politique que par le rapport de forces. Ainsi en France la présence du FN change la question de l’islamisme. Pas celle de la nature de l’islamisme qui du Nigéria en passant par le Bangladesh reste la même. Mais celle de la lutte ici, contre l’islamisme.

La classe politique de gouvernement étant si discréditée, le discours du FN qui a toujours désigné l’islamisme comme un de ses ennemis, emporte souvent l’adhésion populaire.

Face à ce constat, des forces à gauche et à droite hésitent à faire de l’islamisme un adversaire, pour ne pas être taxées de collusion avec le FN. D’autres au contraire font dans la surenchère, pour ne pas être doublées par le FN ! Je n'ai rien à dire de ceux qui en sont encore aux premiers jours de l'islamisme quand il est né en Iran en 1980, avec cette double casquette : "conservateur religieux et anti-impérialisme", la deuxième servant à masquer la première (c'était l'originalité d'une république islamique que les vieilles monarchies ne pouvaient oser inventer).

Mais de quel islamisme parle le FN ?

Pour le FN toute dénonciation de l’islamisme vise à récupérer un racisme ambiant qui fait de l’Arabe l’équivalent d’un Rom. Dans ce cas, l’islamisme exprimerait un comportement arabe et musulman mal vu par la population. Le FN joue ainsi sur du velours, car ce racisme existe, et les massacres islamistes le renforce. A définir ce racisme du nom d’islamophobie, l’approche du FN en sort renforcé, alors qu’il s’agirait de le combattre !

L’islamisme n’est pas un racisme

Comme le GIA hier en Algérie, Daesh est un groupe terroriste qui ne pourra pas durer. Il se transformera, avec en toile de fond un islamisme qui lui est persistant, et le restera. La lutte contre les deux phénomènes est de nature différente, l’un n’effaçant pas l’autre. Dans cet article je parle de l’islamisme en général. Quand il frappe la Tunisie est-ce parce que le pays est islamophobe ? Et faut-il d’autres exemples à travers le monde ?

L’islamisme n’est pas une réponse à un racisme aussi fort soit-il, voilà pourquoi le FN qui fait de ce racisme son fond de commerce, n’est pas en mesure de le combattre ! Voilà pourquoi SOS Racisme et son badge « Touche pas à mon pote » a été sans suite.

Combattre l’islamisme à partir de positions démocratiques n’est donc pas une concession au discours FN, mais au contraire un des moyens pour désarmer le FN ! Et il devient urgent de désarmer le FN ! La classe politique dirigeante actuelle est à la fois incapable de combattre l’islamisme, et le FN. Dans les deux cas les questions sont réduites à des mesquineries, significatives d’esprits devenus mesquins !

 L’islamisme, une contre-révolution

Tout l’effort doit porter sur l’analyse du phénomène islamiste qui s’explique plus par son devenir, que par les expériences passées. Il inaugure une contre-révolution face à la contre-révolution conservatrice, et il nous oblige à revoir notre conception… de la révolution. Une contre-révolution, par la rupture profonde qu’elle fait naître ! En Iran le Chah n’a pu, en 25 ans détruire le puissant Parti communiste, que l’islamisme a éliminé en 25 mois (entre 1980 et 1983) ! Généralement, la révolution, comme la contre-révolution, se définit plus par son futur que par son passé mais, après la rupture, que fait-on de ce passé ? « Table rase » ?

Diderot a écrit La Religieuse dans un contexte donné. Imagine-t-il que quelques années après, la Révolution va supprimer les couvents ? Les couvents vont renaître mais ne seront plus les mêmes, et le texte de Diderot devient alors un cri pour la liberté des femmes en général. Bien souvent les historiens s’insurgent à juste titre contre des anachronismes qui font juger en soi des événements, qui sont autre chose dans leur contexte. C’est ainsi que j’écris après avoir écouté sur France Inter, une émission sur l’histoire du terrorisme qui m’a fait enrager. De la première tentative d’assassinat de Napoléon, aux attentats anarchistes, le terrorisme aurait une histoire linéaire, une histoire en soi ! A parler ainsi des massacreurs islamistes, inscrits dans une tradition française du terrorisme, je crains qu’on ne puisse faire plus idiot ! L'islamisme réécrit un passé à sa mesure et pendant ce temps, nous sommes face à des opérations « réduction » : l’islamisme réduit au terrorisme, et le terrorisme au poseur de bombes ! Comme si de viser par une « bombe » un président de la république ou une foule en fête c’est du pareil au même !

 La contre-révolution religieuse

L’islamisme est, pour une part, un produit du néolibéralisme qui, en transformant le rapport entre l’économique et le politique a réduit le politique à la seule gestion des pouvoirs régaliens, la question sociale de « l’état providence » étant renvoyée à d’autres organismes, les ONG d’un côté, les pouvoirs religieux de l’autre.

Ce néolibéralisme a promu l’émiettement des nations (en relation avec l’individualisme ambiant) - la Yougoslavie est un exemple - et c’est sur ce modèle que les USA ont pensé changer l’Irak, en le divisant en trois : les Kurdes, les Sunnites et les Chiites. Modèle assassin des pouvoirs politiques en place, renvoyant le dit pouvoir à des entités religieuses morcelées et d’autant plus guerrières qu’elles devenaient chef de clan.

L’histoire bascule en 1979 en Iran. Mais sur le moment, rares sont ceux qui perçoivent la nature de cette contre-révolution, et surtout pas Michel Foucault. Plus qu’à Washington, c’est à Téhéran que prend sa source, indirectement, l’effondrement de l’URSS. Et ce n’est pas le moindre exploit de l’islamisme ! (aidé pour l’occasion par les USA mais comment n'auraient-ils pas saisi l'opportunité d'actions contre l'armée rouge après la défaite à Saïgon?).

Daesh est éphémère dans l’histoire de l’islamisme (ce qui n'est pas minimiser sa nocivité quand on mesure qu'en Algérie, pas à pas, l'islamisme gagne ou le terrorisme a perdu !), et le néolibéralisme est éphémère dans l’histoire du capitalisme (20 ans pas plus), mais dans TOUS les cas le religieux est lui bien antérieur au capitalisme et lui sera bien postérieur. L’URSS n’a pas pu ou su s’en souvenir. Et le religieux peut devenir une force sociale. Cette contre-révolution islamiste est donc apparue comme la victoire de l’islam politique, le religieux dictant sa loi au politique. Sauf que depuis, à regarder l’histoire du politique, on s’aperçoit que l’islamisme dicte sa loi… pour éliminer le politique par un retour au féodal !

L’islamisme devient une union du religieux et de l’économique pour en revenir aux temps d’avant le politique. Les citoyens, en intervenant dans la gestion de leurs affaires, ont donné au pouvoir politique une marge d’autonomie lui permettant d’exister en tant que tel, face aux autres trois pouvoirs : le militaire, le religieux et l’économique. Il faut éliminer les citoyens et ça commence par l'élimination des citoyennes.

L’islamisme change la nature de l’internationalisme qui, loin de celui des multinationales, et loin de l’internationalisme social (allez voir ce que devient l'ex sous-commandant Marcos !), devient religieux. Il est donc pour la France comme ailleurs, un pouvoir à la fois venu de l’extérieur et siégeant en son intérieur.

Battre le FN

Quand le FN combat l’islamisme il est à craindre qu’il comprend que l’islamisme est un adversaire au-delà du racisme, car il est né sur les décombres des nationalismes arabes. Or le FN a comme autre fond de commerce, le nationalisme ! Mais dire que dans le contexte présent le peuple de France a été plus digne que ses élites, c'est invoquer une unité du peuple qui n'existe pas (d'où le ridicule de Hollande quand il en appelle à une union nationale qu'il sait impossible mais qu'il utilise pour piéger la droite !).

Ne lui laissons ni le drapeau de l’anti-islamisme, ni celui de la défense de la France. Se battre pour les nations et leur développement est une des bases de la politique, et les événements récents démontrent que le peuple, contrairement à un discours ambiant, n’en a pas fini avec les nations, sans réduire ce combat à celui du nationalisme.

 Et l’arrivée des médias

Dans le contexte d’émiettement des individus, des nations, des partis etc., un nouveau pouvoir est apparu, le médiatique. C’est une part de la contre-révolution car si de tout temps le politique comme le religieux ou l’économique ont souhaité contrôler le médiatique aujourd’hui nous assistons au phénomène inverse. Le pouvoir médiatique a sa propre autonomie, sa propre logique, et sa propre domination sur les esprits. Il n’est pas surprenant de constater que l’islamisme a très vite eu ses chaînes d’info internationales. Et à l’heure des paraboles si en l’Algérie beaucoup étaient tournées vers la France, petit à petit Al Jazeera a pris le dessus, une chaîne beaucoup plus "moderne" que celles officielles des nationalismes finissants. Tout le monde sent bien qu’en son cœur (en non par des manipulations) le fonctionnement des médias actuels fait, en France, le jeu aussi bien du FN, que de l’islamisme (ça mériterait une étude en soi). Mais comment changer ce phénomène ?

Si les démocrates ne prennent pas en main fièrement et dans tous les domaines, le combat contre un islamisme révolutionnant le monde, au nom des victoires sociales du passé français, ils vont quitter la scène de l’histoire pour longtemps. J’ai essayé de l’expliquer dans un article précédent mais je comprends que, tout comme pour celui-ci, les mots justes me manquent pour exprimer de manière adéquate ma pensée. J-P Damaggio

P.S. Ceci n'est pas une suite de "vérités" d'autant qu'il faudrait pour chaque ligne des pages d'explications, mais une simple page versée au débat.

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