Les femmes selon Erdogan
En quatorze ans de pouvoir l'AKP n'a cessé d'éliminer l'image de la femme-citoyenne au profit de la mère-épouse. Un effort sans rapport avec le passé quand il fallait maintenir les femmes dans l'esclavage, car les femmes de Turquie ont eu le droit de vote bien avant celles de France (en 1930). Il s'agit donc d'imposer un recul alors que depuis 1930, dans le monde, les droits des femmes ont globalement progressé.
Entre 2010 et 2015 1134 femmes ont été assassinées suivant le nouveau concept judiciaire de "crime contre l'honneur" placé dans le code de la famille, et non dans la catégorie "crime contre les personnes".
Comment faire avaler ce recul ? Au nom des lois sacrées de l'islam ! L'inégalité institutionnalisée redevient un fait de nature même si tout prouve le contraire comme la présence d'une femme la tête de la Turquie de 1993 à 1996 e ntant que premier ministre (Tansu Çiller).
Un tiers des femmes qui se marient sont des mineures sans nul doute enthousiasmées par cet avenir de jouet sexuel entre les mains du mari ! Et la femme sans enfant devient un "être incomplet".
Cette politique affronte régulièrement la colère des femmes comme par exemple le jour où le président a souhaité changer "la journée internationales des femmes" en "journée de la glorification de la grossesse".
Pour justifier sa politique, toute revendication féministe est signe "d'occidentalisation" car il utilise l'occidentalophobie.
La "qualité" d'Erdogan consiste à procéder de manière insidieuse, pas à pas, pour contourner l'obstacle. De manière "modérée".
Tout test de grossesse est envoyé obligatoirement au médecin de famille pour qu'il informe le père ou le mari, voilà une mesure insidieuse. Et les femmes qui demandent le divorce doivent être prudentes quant aux réactions des hommes. Mais, avec la riposte au coup d'Etat, il bouscule même son sens de la mesure ! Si à un moment le sort des femmes afghanes fut mis en avant, nous sommes loin de cette époque. Il est entendu que dans les pays musulmans, dont pourtant l'histoire démontre le contraire, les femmes doivent être marginalisées. Il en va du respect de ces pays et de leur religion. J-P Damaggio