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Vie de La Brochure
17 septembre 2016

Pour le premier vote des femmes en Espagne

Concepcion_Arenal_1

Les hasards de mes diverses recherches viennent de m'arrêter sur cet article. Je le reprends pour témoigner d'une histoire importante. Je sais, on va me répondre que le bulletin de vote compte si peu… mais souvent on tient de tels raisonnements quand il concerne les femmes. La question d'un droit n'est pas celle de son usage. Quand la moitié de la société est exclue d'un droit il faut commencer par ui rendre justice. J-P Damaggio

P.S. Conception Arenal la première femme à avoir étudié dans une université espagnole.

  

L'Européen Février 1933

Les Espagnoles vont voter

Dimanche prochain, grande journée en Espagne : il y aura des élections municipales et pour la première fois, les femmes espagnoles seront appelées à voter et à dire ce qu'elles pensent du nouveau régime républicain. Le bulletin de vote est, en effet, un cadeau que l'assemblée constituante, purement masculine, fit à la population féminine de la jeune république. Dans une intéressante étude de M. Adolphe Posada, doyen de la Faculté de Droit de l'Université de Madrid, on lit que la Constitution du 9 décembre1931« est en premier lieu féministe». Elle réalise l'aspiration fondamentale du féminisme, écrit le doyen, puisqu'elle proclame l'égalité juridique et politique des sexes. A l'article25, il est dit que "le sexe ne pourra être le fondement d'un privilège juridique". Le droit de suffrage est reconnu aux citoyens des deux sexes (article36) à l'âge de vingt-trois ans et les Cortès «ont été sur ce point assez téméraire pour n'admettre ni réserve ni ajournement permettant d'arriver graduellement à l'octroi du vote féminin dans les diverses élections politiques». En vertu de cet (article 53), la femme est enfin éligible comme l'homme aux Cortès, pourvu qu'elle ait vingt-trois ans révolus. Le 23 avril, il ne s'agira encore que d'élections municipales dans environ 2.500 communes, mais cette forme de consultation populaire revêt cette année, dans ce pays en pleine évolution, une signification politique de premier ordre. Qu'on se rappelle d'ailleurs que ce sont de simples élections administratives, celles du 12 avril 1931, qui ont fait crouler le vieux régime monarchique et provoqué l'exil d'Alphonse XIII.

Au delà des Pyrénées, les esprits sont très agités et l'on se demande ce qui va sortir des urnes après deux ans de république. La majorité gouvernementale et l'opposition sont également inquiètes. Comment voteront les femmes ? C'est la grande inconnue. D'après les statistiques officielles, il y a en Espagne, comme d'ailleurs en Angleterre, plus d'électrices que d'électeurs. Sur un total de 12.548.499 citoyens actifs, les femmes sont 6.509.807 et les hommes 6.038.697 seulement. Le soi-disant sexe faible est donc le plus fort... On constate, d'ailleurs, que cette prépondérance féminine est surtout marquée dans les. Centres urbains : dans 50 chefs-lieux de province, on compte 123 électrices contre 100 électeurs, tandis que dans les campagnes ce sont les femmes qui ont le dessous. Exemples : Huesca, avec 91,9 femmes pour 100 hommes; Lerida, 93,1 femmes ; Jaen 99,6 femmes. Il est amusant de voir les droites et les gauches affirmer à l'envie, avec toutes sortes d'arguments, que les femmes assureront leur triomphe. Les droites sont persuadées ou du moins veulent croire que le vote féminin, libéralement accordé par la Constituante, renforcera les tendances conservatrices et surtout l'influence du clergé contre laquelle la jeune république laïque a concentré tous ses efforts. Elles pensent que de nombreuses électrices voteront contre les partis qui ont expulsé les Jésuites et supprimé les privilèges des couvents, que leurs faveurs iront enfin à tous les «hommes d'ordre » décidés à mettre définitivement un terme aux excès anarchistes qui ont été tolérés par le nouveau régime. Mais les socialistes et les radicaux sont de leur côté convaincus que les femmes, qui doivent leur émancipation politique et sociale à la république, ne se montreront pas ingrates et ne commettront pas la sottise de donner leurs suffrages aux partis qui, s'ils étaient victorieux, s'empresseraient de les écarter du forum, et de les renvoyer au gynécée... Au fond, tous les raisonnements sont vains et tous les pronostics extrêmement hasardeux. Il est probable que les voix féminines se disperseront comme celles des hommes, au lieu de faire bloc à gauche ou à droite. Les femmes françaises, elles, suivront certainement avec intérêt cette première épreuve électorale. Avec intérêt et surtout avec envie… André Pierre

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