Entretien avec Michel Foucault à Tunis (15)
Voici le Foucault d'avant la rupture de 68. L'entretien se passe à Sidi Bou Saïd mais il pourrait tout aussi bien se passer à Saint-Germain des Prés. On y retrouve le rêve, évoqué par ailleurs par Patrick Tort, de constituer le structuralisme en méthode. Si la religion est évoquée ce n'est pas l'islam. Cet entretien complète un article sur Foucault et la Tunisie.
A mes yeux cet entretien révèle parfaitement qu'après l'année 1968 plus rien ne sera pareil, l'inquiétude fera place à la nonchalance, le désordre à l'ordre, les routes toutes tracées aux sentiers perdus. Pour éclairer cet entretien une note de Foucault sur la Tunisie. J-P Damaggio
CE QUE MICHEL FOUCAULT PENSE DE LA TUNISIE
J’étais venu à cause des mythes que tout Européen se fait actuellement de la Tunisie : le soleil, la mer, la grande tiédeur de l’Afrique, bref, j’étais venu chercher une thébaïde sans ascétisme.
À vrai dire, j’ai rencontré des étudiants tunisiens, alors ça a été le coup de foudre. Il n’y a probablement qu’au Brésil et en Tunisie que j’ai rencontré chez les étudiants tant de sérieux et tant de passion, des passions si sérieuses, et ce qui m’enchante plus que tout, l’avidité absolue de savoir
(Texte cité dans Michel Foucault Dits et écrits I. 1954-1975—Collection Quatro Gallimard).