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Vie de La Brochure
14 octobre 2016

Obama et les Africains-Américains

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Autrefois on disait « the Negroes » puis la civilisation fit un pas en avant en disant « the Black » (les noirs). Aujourd’hui après un passage par « les gens de couleur » (on oublia le noir mais on garda la couleur) il est convenu de dire les Africains-Américains sauf pour les gens pressés qui disent les Afro-Américains. Quant aux Blancs faut-il dire les Irlandais-Américains ? Hier on disait les Canadiens-français et tout le monde en convient, il est plus juste de parler de Québécois. Pourquoi renvoyer les gens à leurs origines supposées ? Supposez un Noir dont la famille à vécu un siècle au Pérou et qui en arrivant aux USA devient un Africain-Américain ! Sauf qu’en effet les Noirs du Pérou pourraient être baptisés : Africains-Américains puisqu’ils sont autant Américains que ceux des USA !.

L’évolution du vocabulaire n’est pas propre aux USA (je n’ai pas dit l’Amérique), la France aussi a changé les Basses-Pyrénées en Pyrénées Atlantiques car « bas » pour les Pyrénées était indigne de la montagne alors que pour les Hautes-Alpes…. Sauf qu’entre le cas français et le cas étasunien on passe du circonstanciel au structurel, de l’exception à la règle.

Nommer le Nouveau Monde et les hommes qui s’y trouvaient est, depuis le premier jour un casse-tête. Tout commença par l’erreur historique des Indes qui n’étaient pas les Indes et des Indiens qui n’étaient pas des Indiens. Comme je suis revenu cent fois sur la dénomination des Indiens en question je passe à d’autres cas comme celui d’une rivière qui a deux noms suivant le côté où vous êtes de la rive. Non, cet article ne tournera pas à la leçon de vocabulaire aussi je vais en rester aux Noirs pour parler de Noirs.

La présidence de Barack Obama a-t-elle changé le statut de sa communauté aux USA ? La preuve ayant été apportée qu’un Noir pouvait être un digne président des USA a-t-elle jouée en faveur des Noirs ? Au nombre de Noirs tués par la police, y compris pour de futiles raisons, nous pouvons en déduire que les tensions raciales n’ont fait qu’augmenter. Tout comme la haine contre les latinos. Pourquoi ? De telles questions ne naissent pas avec tel ou tel président mais viennent de données de fond et je tiens à en faire observer une.

En 1975 j’ai travaillé dans une des deux écoles de Franklin en Louisiane. C’était l’époque des élans progressistes propre aux années 60 et 70 qui pour les Noirs avaient donné les victoires en matière de droits civiques, et dans les écoles l’invention du busing. Les deux écoles avaient été contraintes de se partager les niveaux pour sortir du cas école blanche contre école noire. Donc des bus transportaient les élèves d’une école à  l’autre, les petits vers Willow Street où j’étais, et les grands vers l’autre école. Ainsi dans l’école des Noirs il y avait environ 30% de blancs. Aujourd’hui, grâce à Internet je sais que dans cette école il y a 95% de Noirs car j’imagine qu’il a été mis un terme au busing. Un retour en arrière ?

Et il ne faut pas croire que le busing dérangeait seulement les Blancs. Dans la communauté noire aussi, ils étaient nombreux à préférer le temps où ils étaient « entre eux ». Les résultats de la déségrégation n’ayant pas été à la hauteur, et la société ayant viré à droite, le « naturel » a donc repris le dessus. En conséquence, le problème des tensions raciales d’aujourd’hui devient plus grave que jamais car aucune solution n’est avancée. Hier, il était « facile » de dire qu’il ne fallait pas de places réservées aux Blancs dans les bus, car la solution devenait évidente : à chacun sa place. Mais, des droits civiques sans des droits sociaux c’est rester au milieu du gué et le jour où les eaux montent, on est emporté qu’on soit Noir ou Africain-Américain ! Les droits sociaux concernent tout le monde à égalité. Par exemple la retraite à 60 ans ne tient pas compte de la couleur de la peau. La dite discrimination positive (donner plus à ceux qui ont moins) n’est qu’une façon de continuer à diviser pour régner ! Une école doit-elle faire des pieds et des mains pour entrer en zone prioritaire afin d’avoir plus de moyens, ou au contraire doit-elle faire des pieds et des mains pour rester une école comme les autres ? Sauf que des écoles ont de fait plus que d’autres ! Aussi nous en revenons toujours à ce dilemme : comment gérer la différence au nom de l’égalité ? En revenant à la question de départ : en quoi les Pyrénées basses sont-elles moins, que les voisines Hautes-Pyrénées ? Car en sport des clubs ont moins d’argent que d’autres mais plus de talent ?

Oui, l’argent ne fait pas le bonheur de ceux qui n’en ont pas, mais ceux qui n’en ont pas peuvent cependant croiser le bonheur !

C’est ici qu’il faut une fois de plus croiser et dénoncer la société consumériste. Quand l’argent, comme c’est le cas aux USA plus qu’ailleurs, est le critère de TOUT, comment proposer un autre type de société ? Les tensions raciales actuelles imposent une reconstruction totale des rapports sociaux entre communautés comme au sein des communautés. La lutte anti-raciste devient plus qu'une lutte anti-raciste. Jean-Paul Damaggio

PS : Sur la photo un dessin de l'Equatorien Cajas sur El Commercio. 

 

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