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Vie de La Brochure
18 octobre 2016

Michel Foucault, l’Iran et l’homosexualité (20)

afary anderson

Dans le livre de J. Afary et Kevin B. Anderson le chapitre le plus phénoménal dont la traduction pour le public français serait de la plus grande utilité concerne la question de l’homosexualité dans le monde musulman.

Nous étions au moment où Foucault avait entrepris son livre phare : Histoire de la sexualité.

Les auteurs relatent un entretien entre le sociologue Ibrahim Nabavit et Ehsan Naraghi au sujet de la rencontre de ce dernier avec Foucault en 1978. Foucault savait que si dans la chrétienté la sexualité doit se réduire à la fonction de reproduction, pour l’islam le droit au plaisir est reconnu, Eve y étant considérée comme une personne à part entière, il n'y a pas eu de péché originel. Il en avait déduit que l’homosexualité était largement toléré en terres d’islam.

Ehsan Naraghi indique : « Vous savez que Michel Foucault était un homosexuel et ce fait avait une importante influence sur son idéologie et ses pensées. Je l’ai connu au Collège de France. Nous étions amis. Trois ou quatre mois avant son voyage en Iran – je ne sais si ce fut avant son premier ou son second voyage – il m’appela et me dit qu’il voulait parler avec des révolutionnaires. Je lui ai dit : « Très bien, vient à la maison ce soir ». Il a été d’accord mais me précisa qu’il ne viendrait pas seul mais avec un jeune homme qui était son secrétaire… »

Il voulait savoir comment l’islam respectait l’homosexualité et c’est la femme de Ehsan Naraghi, Angel Arabshaybani, qui en guise de réponse alla lui chercher une édition française du Coran avec le mot « exécution » pour les homosexuels. Par la suite le sociologue apprit que Foucault continuait de suivre son idée aussi quand les premiers homosexuels furent exécutés sa femme décida d’envoyer l’article à Foucault.

 Mais Janet Afary n’arrête pas là cette histoire. Car en effet, pour une part, l’homosexualité est tolérée par l’islam, en continuité du cas grec, et même la pédophilie, mais dans des conditions bien précises (qu’il n’y ait pas de nuisances publiques). Beaucoup de poètes perses ont célébré l’homosexualité. La pédophilie devient acceptable quand l’homme obtient le consentement de l’enfant. Kandahar en Afghanistan est connu comme la ville des homosexuels. Komeyni lui-même, dans un manuel de comportement a fixé des règles dans l’article 349, des règles complexes sur la sexualité concernant y compris la sodomie.

 Bref, il existe en terre d’islam un certaine tolérance mais en même temps une répression féroce si la vie publique est considérée comme perturbée. Foucault n’avait pas tout à fait tort mais comme pour le soufisme, il a confondu l’exception et la règle.

En fait Naraghi, admirateur de Foucault indiqua à Janet Afary (10 avril 2001) qu’il a été sidéré qu’un homme aussi cultivé et écrivant une histoire de la sexualité soit aussi ignorant en matière de connaissance de l’islam.

Une féministe iranienne, Bobo Khanom Astarabadi, dès la fin du XIXe siècle dénonça la dite forme d’homosexualité et de pédophilie. La Révolution de 1906 largement étudié par  Janet Afary a été un grand moment de dénonciation de ces phénomènes de « plaisir sexuel » y compris la polygamie : plutôt l’amour que le sexe.

Puis la lutte contre « l’occident » à la recherche du tourisme sexuel, a modifié le rapport à la sexualité.

En fait, et c’est là le cœur de la question, Foucault comme tant d’autres intellectuels français a été marqué par l’orientalisme qui a conduit Ingres à peindre le « bain turc » (Ingres ne fut pas le plus orientalistes des peintes de son temps). Un Orient fantasmé sur le principe des Mille et Une Nuits. Il a d’autant plus été marqué que son refus de l’utilisation mercantile du corps humains en «occident», l'a fait rêver encore plus à un islam d’autrefois quand, au nom du plaisir sexuel, chacun était dignement respecté. Pour fuir une réalité il s’est raconté une histoire. Mais pour bien comprendre le propos il faudrait une traduction de tout le chapitre du livre.

La référence à son travail en Tunisie prend ici un autre sens : il n'était pas dans ce pays musulman pour y étudier l'islam mais comme d'autres pour un séjour touristique (des témoins le confirment) d'où son choix de Sidi Bou Saïd. Et les préoccupations sur l'homosexualité ne devaient pas être absentes du séjour.

J-P Damaggio 

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