La France aux origines du Fascisme ?

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En cliquant ci-dessus, une polémique de 2014 avec : d'un côté, l'Israélien Zeev Sternhell, pour ceux qui font de la France le berceau du fascisme intellectuel dès la fin du XIXe siècle; de l'autre, Serge Berstein de l'école de Sciences-Po, fidèle à l'héritage de René Rémond, qui fait de la Première Guerre mondiale l'événement fondateur d'un courant éclos dans l'Italie de Mussolini. La publication, au printemps, du livre de Zeev Sternhell « Histoire et Lumières. Changer le monde par la raison» et, aujourd'hui, de «Fascisme français ? La controverse», ouvrage collectif sous la direction de Serge Berstein et Michel Winock, relance le débat.

 Je crois cette question essentielle et je me range du côté de Zeev Sternhell. Je vais même plus loin, considérant que le rôle de Napoléon III a été majeur dans cette naissance d'un fascisme qui va se développer par la confrontation avec les histoires d'autres pays. Je dédie à Serge Berstein le livre que j'ai écrit sur le cas d'Elie Cayla assassiné en 1935[1] par les forces de l'ordre des Croix de Feu. Oui, il n'est pas négligeable de constater que toute l'extrême-droite n'a pas été derrière Pétain pour ne pas être aux côté des Allemands ou sous leurs ordres mais le sens des nuances ne change rien au problème de fond. Pour Cayla, comme pour l'assassin de Jaurès ajoutons que justice n'a pas été faite ! J-P Damaggio

 PS : Sur la même question Le mot de Pierre Assouline.

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[1] Moissac 1935, Cayla assassiné, Editions La Brochure, 187 pages, 14 euros

Comments

[damaggio]

Gérard, Merci pour ton éclairage qui me conduit à préciser que pour ma part ,je n'ai jamais été membre de Ras l'Front qui avait comme sous-titre "contre le fascisme" pour combattre le FN, car je n'ai jamais considéré que le FN était fasciste. De même, j'ai incité à l'étude de Renaud Jean député communiste paysan qui ayant pris au sérieux la question du fascisme (d'où sa lutte sévère contre Dorgères) n'a jamais soutenu l'idée du social-fascisme.

En Tarn-et-Garonne nous sommes face au cas de René Bousquet un radical devenu secrétaire général de la police de Vichy et de ce fait grand ordonnateur de la chasse aux juifs. Un homme devenu fasciste ? Et j'ai tenu à raconter l'histoire d'un simple citoyen qui en 1935 a accepté avec quelques amis de participer à une réunion publique contradictoire typique de l'époque, réunion des Croix de feu. La réunion a débuté par La Marseillaise, ce simple citoyen ne s'est pas levé et il s'est fait tuer par un de ses copains de l'équipe de rugby, un architecte du service d'ordre de la réunion, un homme qui n'a pas été condamné et qui est devenu un collabo notoire.

Le PPF n'a jamais existé en Tarn-et-Garonne et je serais désolé d'en déduire que ce département a été épargné par les fascistes.

Pour moi ZEEV STERNHELL en expliquant que le fascisme est "une contestation de la démocratie au nom du peuple" dit l'essentiel. Tous les fascistes sont des dictateurs mais tous les dictateurs ne sont pas fascistes. Les fascistes veulent une soumission librement consentie (d'où des politiques dites sociales comme les grands travaux chers au Duce), les dictateurs comme Somoza ne se soucient pas du peuple. BERSTEIN peut dire : "Zeev Sternhell rejette les nuances qui le dérangent, moi, comme historien, je cherche à savoir ce qu'elles signifient." Je note que Vichy commence par fermer les Ecoles normales, sans doute pas accident de l'histoire…. A force de réduire le fascisme à un noyau dur, il disparaît or il est inhérent à la démocratie. Ce sont les avancées démocratiques de la France qui en firent un terreau pour son contraire. Et si le FN n'a jamais été fasciste (tout en recyclant quelques éléments fasciste), le fascisme n'en est pas moins vivant dans la France d'aujourd'hui et pas à travers tel ou tel groupuscule, mais par une idéologie diffuse. J-P Damaggio

[Gérard Fretelliè]

Dès le départ, j'ai été en désaccord avec les thèses de Sternhell. Comme le dit à juste titre Bernstein, il est plus idéologue qu'historien. Il a une conception très large du fascisme. Un peu comme de nombreux communistes et trotskystes pour qui il y a une équivalence entre extrême-droite (voire droite extrême) et fascisme. Ce qui est particulièrement contre-productif car la paresse intellectuelle n'a jamais permis de comprendre les faits. Il ne faut pas confondre le fascisme qui est une idéologie révolutionnaire de droite avec le traditionnalisme qui est une contre-révolution. Non : il n'y a pas de social-fascisme, d'hitléro-trotskisme !!!. Franco, Salazar, Dollfuss, Pétain n'étaient pas fascstes. Pas plus que Daech ou Peron. Et, a fortiori, Mounier n'était pas fascisant (là Sternhell se couvre de ridicule). Merci à Bernstein de rappeler les évidences et pas seulement parce qu'il fut un de mes (très bon) professeur à l'ENS.

Le seul véritable parti fasciste en France fut le PPF de Doriot, fondé par un ancien dirigeant du PCF. De même que le fascisme italien a été fondé par un ancien dirigeant de la gauche du Parti Socialiste. Sternhell n'en pipe mot.