Encore Paysans d'altitude

La République des Pyrénées 17 novembre 2016

 La vie rurale en noir et blanc

Photographe amateur pendant plus de vingt ans, Philippe Dumoulin a promené son appareil photo au cœur du monde rural. Il publie « Paysans d’altitude » ».

 PORTRAIT

« Je n'ai jamais eu à l'idée de faire un livre «, confie Philippe Dumoulin, 81 ans et une passion toujours intacte pour le monde de l'image. «L'éditeur est tombé en amour pour mes photographies et m'a demandé l'autorisation de les publier. J’ai accepté... « Son travail, édité par la maison paloise MonHélios, relate la vie rurale des années 1960 dans le pays Toy. Des images qui racontent un temps aujourd'hui révolu.

Natif du Tarn-et-Garonne, Dumoulin était instituteur dans un village près de Moissac, Tous les étés, il venait en vacances à Luz-Saint-Sauveur pendant que sa femme était en cure : « Je passais mon temps à me balader dans les champs et à rencontrer les paysans. Étant moi-même issu du milieu rural, j'ai toujours eu beaucoup de sympathie pour eux. Petit à petit, j'ai commencé à les prendre en photo. Je leur rapportais les clichés d'une année sur l'autre, et c'est ainsi que j'ai gagné leur confiance. »

Philippe Dumoulin fixe sur le papier le travail des foins, des labours à la main, des portraits d'hommes et de femmes qu'il a mis des années à pouvoir photographier.« Un portrait, c'est 125e de seconde au déclencheur, mais trois ans d'approche pour faire tomber la barrière entre l'appareil et le sujet.»

Philippe Dumoulin a été maitre d'école par passion, et photographe par amour. Mais il n'a jamais vendu une seule de ses photos. Durant la décennie 1960, il crée avec quelques copains le photo-club de Boudou, le village où il réside, et participe aux concours amateurs de la Fédération photographique de France : « Nous sommes rapidement devenus le club le plus primé de France ! se félicite-t-il. Tous mes clichés étaient réalisés dans les Pyrénées, auprès des paysans avec des paysages somptueux, façonnés par leurs soins. « La première chaine de télévision, intriguée par cet actif club de campagne, lui avait même consacré un documentaire. Et la presse locale faisait régulièrement écho de ses expositions, où concouraient des photographes du monde entier.

 Une rencontre décisive

C'est comme cela que Philippe Dumoulin a rencontré Jean Dieuzaide, photographe humaniste renommé pour son portrait du général de Gaulle pris lors de la libération de Toulouse, et qui sera affiché dans toutes les mairies de France. Dieuzaide a transformé ma vie ! clame Philippe Dumoulin, reconnaissant pour tout ce qu'il lui a appris : « Son dialogue avec l'objet, la lumière, sa façon de concevoir la photographie, de tourner autour du sujet avant d'appuyer sur le déclencheur. La photo ne doit pas être qu'esthétique, elle doit contenir un message.» Philippe Dumoulin participe en 1970 à la création des Rencontres internationales de la photographie d'Arles avec son ami Dieuzaide. Auprès de lui, il côtoie les plus grands : Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Lucien Clergue, Êdouard Boubat. Dans le même temps, il crée un magazine « Photo Jeunesse » avec la ligue de l'enseignement « Pendant deux ans, la revue a même été vendue dans les kiosques ! »  En 1974, Philippe Dumoulin entre dans le Cercle des XII de Toulouse, une sorte d'« Académie française de photographes animée par Jean Dieuzaide, qui créa la galerie municipale du Château-d'Eau à Toulouse. Chaque mois, le Cercle des XII recevait une exposition différente et son auteur,

En 1985, Philippe laisse de côté sa passion pour se consacrer aux voyages. «Je n'aurais pas eu idée de faire un livre ! répète-t-il. D'ailleurs, « Paysans d'altitude » n'est pas vraiment un livre de photographie, j'aurais aimé choisir les images à publier, écrire les textes. En réalité, c'est un livre qui soulève l'émotion, car il m'a permis de retrouver d'anciens amis qui figurent sur mes clichés. » Laurence Fleury