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Vie de La Brochure
2 décembre 2016

Vazquez Montalban et Cuba

Cesarlopezescritor

L’écrivain catalan a pu circuler dans les couloirs du pouvoir. Il a pu rencontrer Castro et ses ministres… En même temps il a toujours été critique. A-t-il essayé de maintenir l’équilibre entre éloges et critiques ? Montalban n’a jamais joué aux équilibristes. Il devait ses bonnes relations avec les autorités à sa connaissance incontestable de toute la réalité cubaine. Son livre sur Castro se distingue de tous les autres par les nombreuses références autobiographiques affichées, sous la forme de l’autodérision.

Un des points qui amusa beaucoup Manuel concerne ses rapports avec Vargas Llosa. Quand le Péruvien l’incita à soutenir son enthousiasme pour Castro en 1968, Montalban refusa de se joindre aux éloges mais quand le même homme en 1972 l’appela à dénigrer Cuba, il refusa tout autant à la stupéfaction du quémandeur !

Voici un exemple de l’autodérision :

« Lisandro Otero qui semblait le chef parce qu’il avait des allures de chef (tout comme moi quand j’étais jeune, alors que je n’ai jamais été ni chef ni jeune). »

Une parenthèse qui rappelle une des objections de l’écrivain : Franco lui a volé sa jeunesse !

Pour Cuba, cette période 68-71 est culturellement la plus cruciale de son histoire et Montalban a pu la vivre sans sa chair. En effet en avril 1971 (avril le mois que Montalban a en horreur) plusieurs écrivains ont accepté de faire leur autocritique dont le contenu est apparu ridicule, car commandé par les autorités.

« César Lopez (sur la photo) a ainsi reconnu avoir fait des concessions, dans ses écrits, aux ennemis de la révolution – ce qui expliquait qu’on lui donne des prix à l’étranger. Il se référait au prix Ocnos, reçu pour son Second Livre de la ville. Et là, je me suis senti concerné, en ma qualité, alors, de jeune et insignifiant membre du jury. En compagnie de contre-révolutionnaires aussi patentés que José  Augustin Goytisolo (actif résistant anti-franquiste) et Joaquin Marco (qui fit de la prison pour son appartenance au PSUC communiste), nous avons couronné Second Livre de la ville. Il est vrai que c’était le meilleur des ouvrages qu’on nous avait proposés. Cette brochette de compagnons de route du communisme (j’étais moi-même un militant clandestin – encore que vaguement critique – privé de passeport ; j’avais été condamné par un tribunal militaire franquiste à trois ans de réclusion pour insubordination militaire) était donc l’image typique du jury petit-bourgeois et contre-révolutionnaire ! Et nous avions une taupe à La Havane en la personne de César Lopez ! Et voici que notre homme nous reniait, en se reniant lui-même, devant l’UNEAC, ce jour d’avril 1971. »

Quand il écrit « privé de passeport » il faut comprendre une privation énorme et quand on lit ce passage, des anti-castristes vont en déduire que Montalban a viré dans l’anti-castrisme. Or ce ne fut jamais le cas. Il écrit justement cette douleur à cause de tout l’amour qu’il portait à Cuba. J-P Damaggio

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