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Vie de La Brochure
2 décembre 2016

1986, Mon entrée en informatique

José henrard

Le_boum_des_revues_informatiques_en_1986

Tout ce que j’ai écrit est incompréhensible sans l’arrivée de l’informatique et plus particulièrement le traitement de texte.

En 1984-1985, un parent d’élève à l’école de Monclar, Monsieur Eric Brand, qui travaille aux télécoms, décide d’inciter l’école à se mettre à l’informatique. L’association des parents achètent deux TO7, il trouve lui-même un instit déjà fana d’informatique pour qu’il vienne nous informer au cours d’une soirée mémorable à bien des titres puisque c’était un homme que je connaissais quand j’avais dix ans !

Le gouvernement d’alors sous la conduite de Fabius décide de lancer le plan IPT (Informatique pour Tous) basé sur la diffusion du TO7. C’est l’exemple même de l’incompétence économique et politique de ceux qui dirigent la France. Je suis étonné qu’il n’existe aucun livre pour traiter de cette question emblématique.

Mais aujourd’hui ce n’est pas le sujet donc je m’en tiens à mon entrée dans la technique.

Ainsi je repense aujourd’hui au crayon optique du TO7, à l’introduction à la programmation et aux premiers petits travaux. Beaucoup parlent d’un avenir proche où va arriver le traitement de texte. Ce sont les anglais avec Amstrad qui vont cibler ce public et faire sans doute des millions de bénéfices.

C’est donc début 1986 que j’ai enfin les quelques sous nécessaires à ce rêve : passer de la machine à écrire électrique au traitement de texte. Je me souviens, ma sœur secrétaire fut au même moment incité à faire le pas mais elle avait peur de la mutation et il a suffi d’une petite heure devant l’Amstrad pour comprendre les bienfaits de la révolution technique. J-P Damaggio

P.S. Le dénommé Patrice Chéreau raconte comment chez Thomson il a participé à la création des logiciels ICI. A l'occasion il faudrait discuter de son texte sur le plan IPT.

  

Mary-Blanche Hong, Savoirs informatique n°1 octobre 1985

José Henrard inventeur du TO7

Pour Thomson, la grande aventure débuta en 1979, presque par hasard. La firme américaine Radio Shack venait de commercialiser avec succès les micro-ordinateurs TRS 80 Model 1. La direction de Thomson grand public décida d'envoyer sur place une mission pour négocier une licence de fabrication. Là bas, déception ! La France, c'est « connu » outre-Atlantique, lance la mode, crée des parfums, produit les meilleurs vins... mais ne saurait fabriquer des micros ! La mission, pour sa part, décida que les produits américains n'étaient pas assez « grand public », ni adaptés au marché français ! L'Apple lui apparaît comme « un produit à usage professionnel » et le Commodore, un énorme paquet de tôles.

Un micro grand public ! L'idée est due au futur créateur de Sparty, François-Marie Valentin. Non que Thomson ait alors l'intention de se lancer dans la micro-informatique : simplement l'attrait de la nouveauté dynamiserait peut-être le marché déprimé de la télévision, et ferait bénéficier la firme d'une image high-tech.

On est loin, on le voit, de la «passion informatique » qui, à partir de garages, allait faire prospérer APPLE en Californie, ou NEC au Japon.

Le marketing est à l'origine du T07. Encore fallait-il réunir une équipe compétente. Thomson fabriquait des téléviseurs, des machines à laver, mais ne comptait pas d'informaticiens dans ses rangs.

Qu'à cela ne tienne ! « Le micro, c'est un produit high-tech : on en a besoin, même si on ne fait pas d'argent avec... », décrète M. Valin, directeur du groupe à l'époque. Il demande conseil à Roger Dupuis, professeur à l'institut de programmation de Jussieu qui lui propose «un excité qui ne décolle plus de son labo ». A cette époque, celui qui allait devenir le père des T07, M05, T07-70, et du tout dernier T09 vient à peine de se mettre à la micro-informatique. Chercheur du CNRS en sciences sociales, il vient de soutenir une thèse sur l'économie sociopolitique dans l'histoire du logement.

 Le CNRS au creux de la vague traverse des crises de crédit, de personnel... et José Henrard aspire à autre chose. Il suit un stage de reconversion passe trois semaines à Jussieu sous la férule de Roger Dupuis, et découvre l'informatique. Il est séduit ! «Maîtriser facilement une petite machine », José Henrard trouve cela extrêmement «libérateur». Et puis flotte sur tout cela un arôme de marginalité : la micro- informatique en est à ses débuts, dans les tâtonnements de son ère préindustrielle. C'était alors drôle, facile, comme un jeu! » Roger Dupuis lui «libère un coin de paillasse» au labo, pour bricoler et il fabrique un kit, le Ram Seize, une mémoire pharaonique de 16 kilos octets, et qui fonctionne !

Par l'intermédiaire de Roger Dupuis, l'ancien chercheur en sciences sociales va entrer en contact avec la firme Thomson. Une heure d'entretien suffira pour qu'il se retrouve ingénieur, en partance pour Moulins, où la firme possède une usine hi-fi. Une équipe est constituée pour mener à bien le projet. En tout, deux personnes ! Avec José Henrard, un spécialiste maison de la télévision, de la vidéo-analogie, Michel Leduc. Le cahier des charges imposé aux deux hommes est d'une grande simplicité : produire un micro grand public à moins de 2 000 FF, avec prise Péritel, couleur, et télématique ; le premier appel d'offres des PTT pour Minitel date de cette époque. Hors de là, nos deux hommes ont le champ libre.

Ils portent leur dévolu sur les 40 broches du microprocesseur 6800, parce que c'est alors le moins cher et que « c'est un excellent matériel » proche du 6502 que José Henrard connaît bien. En outre, son cycle d'horloge[1] (une micro-seconde), symétrique et régulier, correspondait à leur projet : sans que le micro-processeur soit ralenti, il était possible de lui « voler » la première moitié de son cycle pour extraire l'information image de la RAM[2], la seconde moitié restant réservée au bus[3]***.

Pour le contrôleur vidéo, José Henrard conçoit un circuit en logique directe, qui nécessite environ soixante-quinze puces. Il s'aperçoit, en le fabriquant, que tous les signaux sont accessibles et qu'il est possible d'attraper au vol un point lumineux et d'en déterminer les coordonnées. L'idée du crayon optique, qui n'était pas prévue au départ, vient de naître : un photodiode envoie une impulsion à un registre qui fixe l'adresse du point à ce moment précis. Devenu par la suite le symbole du concept Thomson, le crayon optique a commencé par bouleverser la conception de la machine. Panique pour Jacques Mingot (un ancien de chez Talon, le grand designer français). Il lui faut préserver l'esthétique de la machine tout en créant un réceptacle pour le crayon optique et son cordon spiralé. Cette trappe étant relativement profonde, l'aération de la machine fait problème. Il faut installer un ventilateur pour évacuer la chaleur et ne pas dépasser la norme de sécurité (60°). Le but de José Henrard était d'utiliser au maximum le crayon optique et de réserver le minimum de tâches au clavier qui représente pour l'utilisateur plus un handicap qu'un attrait. Le clavier sera donc plat, très discret, et conçu pour une utilisation minimale. En janvier 80, la vidéo fonctionne ! José Henrard va consacrer la première partie de l'année à « plancher » sur le logiciel de base et quelques programmes de démonstration et de simulation. En septembre 80, le prototype est prêt. Le menu offre déjà cinq programmes de simulation d'applications, une coloration de l'écran par crayon optique, une simulation de Télétel, enfin un jeu «complètement bidon, juste pour montrer que ça marche !». Thomson prend-il la chose au sérieux ? En tout cas, il faudra encore deux ans pour passer au stade supérieur, celui de l'industrialisation (3 000 unités par jour).

Le T07 devait sortir en janvier 82, il ne sera présenté qu'au Sicob de septembre. Trois ans pour obtenir le «bon à fabriquer», alors que le T09 verra le jour en dix-huit mois.

«J'ai découvert les bêtises en les faisant », plaisante José Henrard qui raconte comment la trappe de la cassette fit problème des semaines durant : « Il fallait intégrer le mécanisme de fermeture sans briser la ligne plate de l'appareil... » Ce seul problème mécanique entraîna des retards de plusieurs mois. Belle lurette que l'électronique était prête, archi-prête. Le projet stagne sous prétexte que le lecteur-enregistreur de programmes pose un bien infime problème de mécanique.

Retard significatif... L'ordinateur familial n'appartient plus aux seuls électroniciens, mais tout autant aux designers, aux circuits de distribution. Né bien souvent de la passion d'individus, la micro-informatique est devenue un produit industriel.

Une page a été tournée. Et l'ancien chercheur du CNRS est devenu directeur adjoint de Thomson Micro Informatique Grand Public. Sans fanfares ni trompettes... Les nouveaux super-cadres de la micro ne donnent pas dans la solennité. ,

Tout au plus surprend-on une ombre de nostalgie dans le regard de José Henrard quand ce « nouveau performant » constate : La micro n'est plus un jeu. C'est devenu une industrie sérieuse, mature. »

Ainsi souvent les rêves s'arrêtent lorsqu'ils se réalisent...•

[1] L'horloge d'un système génère des impulsions clin provoquent à intervalles réguliers — périodiquement — des événements dans les parties du système.

[2] Rani. Vient de l'anglais : random access memory. C'est ce que l'on appelle aussi « mémoire vive de l'ordinateur ».

[3] Bus. Chemin par lequel circulent les informations dans un ordinateur, permettant les jonctions entre ses éléments.

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