Nègrepelisse : Correcher ou Montet ?

J'invite ceux qui pensent que les politiques perdent du pouvoir à visiter les sièges des intercommunalités ! Que les politiques n'en fassent pas toujours bon usage du dit pouvoir (matérialisé par les budgets) est un autre problème. Que ces pouvoirs soient mal répartis aussi.

Donc, premier élément pour ma matinée : trouver le siège de l’intercommunalité à Nègrepelisse. Entrer, et aimablement une dame me conduit à la salle du conseil communautaire.

Le vote pour le président a commencé. Lentement. Deux candidats sont en présence, Maurice Correcher le maire du chef-lieu, et Michel Montet le maire de Bruniquel.

Cette intercommunalité a eu du mal à naître car dans un premier temps, en 1995, la majorité a préféré garder le SIVOM (contre le maire du chef-lieu) ce qui incita le secteur de Monclar a créer sa propre intercommunalité. Puis, après les municipales de 2001, les élus ont accepté le passage à l’intercommunalité. C’était une époque où il fallait convaincre les petites communes de ce bienfait, et pour ça il y avait une prime en matière de DGF (dotation générale de financement), et une représentation acceptable de tous.

La nouvelle loi a décidé de changer la donne en créant d’ailleurs un décalage entre les intercommunalités contraintes de se regrouper (on a passé le stade du regroupement des communes) et celles qui restent identiques. La nouvelle loi s’applique dès à présent dans les nouvelles intercommunalités et cette fois le secteur de Monclar a dû revenir dans la zone Nègrepelisse. La nouvelle loi, c’est une minimisation des représentants des petites communes et une augmentation des compétences de la com-com.

Voilà pourquoi nous avons eu face au candidat «naturel» (le maire du chef-lieu) un candidat d’une petite commune.

Au bureau, comme toujours en de telles occasions, le doyen maire de Verlhac Tescou officie. A côté de lui la DGS (directrice générale des services), une fonction de plus en plus féminine. Dans la salle quelques petits bavardages.

Le dépouillement commence et les trois premières voix iront à Michel Montet mais il n’arrivera qu’à 9 voix pendant que le maire de Nègrepelisse arrivera à 22 voix, et gagnera le poste de président.

En fait, il suffit que les trois communes les plus importantes s’allient (Saint-Etienne, Albias et Nègrepelisse) et elles contrôlent l’intercommunalité.

Dans le journal Le Réveil Marie-Paule Redon avait alerté sur ce point en rendant compte des vœux du maire à Bruniquel sous le titre : « Les dindons de l’intercommunalité » : « Le maire a rappelé, « nous n’avons qu’un délégué, trois grosses communes ont la majorité et les impôts vont augmenter alors qu’à Bruniquel, depuis vingt ans, il n’y a pas eu d’augmentation. Les intercommunalités ont de plus en plus de compétences… on ne va pas se laisser faire. » Un moment d’énervement bien compréhensible temporisé par l’apparition de notre héros lyrique, Franck Thézan… »

L’ordre des choses est en place et les inégalités vont s’accroître entre le secteur proche de Montauban, et le reste de l’intercommunalité.

Jean-Paul Damaggio

P.S. Le roi des indiscrétions à La Dépêche a cru voir dans la candidature Montet une manœuvre du PS parti qu’il a manifestement dans le collimateur (peut-être à cause de l’article du Réveil). Aurait-il été plus juste qu’il n’y ait qu’un seul candidat ? Je l’ai écrit pour le cas de Grand Sud Tarn-et-Garonne, il est bien que la démocratie puisse permettre à chacun de choisir. La démocratie n’est pas toujours une manœuvre. A Nègrepelisse, grâce au vote, le rapport des forces est ainsi clair.

P.S. Sur les photos, en haut, la moitié de la salle du conseil communautaire et dessous la voiture militate de 7àlire devant la Maison de l'Intercommunalité.