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Vie de La Brochure
12 avril 2017

A la gauche du PS de 2007 à 2012

élections

Trois cartes publiées par le Monde le 25 avril 2012 démontrent une des mutations de la France politique.

Elles permettent d’étudier l’évolution de l’électorat à la gauche du PS.

En 2002 Laguiller (5,3), Besancenot (4,2), Robert Hue (3,3) passent la barre des 12%. L’échec de Robert Hue ne signifie pas la disparition de l’historique électorat communiste mais sa dispersion.

Aussitôt après, M-G Buffet s’est employé à recoller les morceaux en tissant des liens nouveaux entre le PCF et les diverses organisations sur sa gauche jusqu’à imposer leur présence lors d’une grande rencontre PS-PCF. Mais la dispersion a été au rendez-vous plus encore en 2007 qu’en 2002.

Les cartes que j’évoque témoignent clairement de l’existence de cet électorat historique : le Nord, le Centre et une partie du pourtour méditerranéen.

En 2012 l’électorat Mélenchon révèle un changement radical d’électorat.

Il se situe surtout au-dessous d’une ligne Bordeaux-Lyon en conservant la partie centre de la France.

Le Monde en déduit que cet électorat « se socialise ». Observation qui fait peu de cas de la perte claire et nette des bastions communistes du Nord de la France dont nous savons qu’ils passent au Front national (je n’ai pas écrit que l’électorat communiste a fait le bonheur du FN car l’électorat FN va bénéficier de plusieurs glissements dont seulement une partie de l’électorat communiste : une partie de cet électorat ira aussi au PS ou à l’extrême-gauche et beaucoup ira vers l’abstention). Le pourtour méditerranéen sera aussi marqué par la montée du Front national mais globalement les scores Mélenchon y résistent mieux.

Ceci étant, le succès de Mélenchon dans tout le Sud-Ouest témoigne bien de cette influence socialiste de son électorat qui n’a rien de surprenant puisque Mélenchon vient du PS.

Depuis très longtemps la carte de France est divisée politiquement en deux : le Nord qui a voté De Gaulle en 1965, et Mitterrand qui était le « président » du Sud. 

Le 11% de Mélenchon ne fut pas la création d’un électorat mais l’unification d’un électorat déjà existant, électorat qui à ses yeux ne demandait qu’à grandir vu la force nouvelle qu’il représentait par son union. Sauf que les Européennes de 2014 ont sonné le glas de cet espoir ! Elles étaient la fin d’un cycle puisque le Front de Gauche était né avec les Européennes de 2009 or une seule circonscription a fait un peu mieux, celle du Sud-Ouest où Mélenchon était la tête de liste. Donc, comme en 2008 il a tiré les leçons de l’expérience en quittant le PS, en 2014 il quitte le Front de Gauche pour créer la France insoumise.

Mélenchon veut-il répéter Mitterrand à savoir, marginaliser le PCF ?

Les échecs électoraux du PCF vont se poursuivre bien après la mort de Mitterrand et Mélenchon n’y sera pour rien. Et de tels échecs ne sont pas seulement ceux du PCF mais ceux de toute la mouvance communiste européenne. Ni l’Espagne, ni l’Italie n’ont eu besoin d’un Mélenchon pour marginaliser leur propre histoire communiste. L’idée de 2009 c’était d’arriver à construire un parti comme Die Linke en Allemagne et au final nous aurons un cartel de partis à l’incohérence permanente vu les divisions internes à ces partis et entre partis ! Aujourd’hui 50% du PCF soutient Mélenchon et 50% le combat. Un parti comme les Alternatifs s’est divisé en deux entre ceux qui ont voulu rejoindre le Front de Gauche et ceux qui furent contre. Même phénomène au NPA. Le Parti de Gauche lui-même a eu ses fractures qui tiendraient à l’incapacité de Mélenchon à négocier avec les uns ou les autres. Or c’est faire fi des enjeux politiques en cours comme celui du virage écologiste.

Si la France a eu un parti vert important elle le doit à une gauche incapable de se saisir de cette revendication qui, faut-il le préciser, traverse l’ensemble des questions sociales. L’écologie ce n’est pas seulement l’environnement, les petits oiseaux, et la production bio. L’écologie est une question de type de production plus que de consommation, une question de santé autant que d’éducation etc. Evoquer l'écologie sociale est un pléonasme : l'écologie est fondamentalement sociale sauf à la laisser à d'autres !

Le tort de Mélenchon c’est d’avoir voulu faire croire qu’il était l’inventeur de l’éco-socialisme ! Son mérite c’est d’en avoir fait une question majeure, ce qui vient de faire disparaître le parti des Verts. En effet, on parle beaucoup de l’explosion du PS (à laquelle je ne crois pas) et beaucoup moins de celle d’EELV qui me semble évidente.

Donc, contrairement à Mitterrand, qui a seulement cherché à siphonner le fort électorat communiste, Mélenchon a voulu avec les « restes » de cet électorat, susciter une rencontre avec une part de l’électorat socialiste pour créer un autre type de dynamique sociale. Les sondages d’aujourd’hui indiquent qu’inversement à Mitterrand, il a siphonné une part de l’électorat socialiste, au bénéfice d’une alternative sociale nouvelle. Il restera au PS à trouver un Mitterrand nouveau pour se remettre en selle car n’en doutons pas un seul instant si, sous une forme ou sous une autre, les suites de 2017 sont aussi tristes que les suites de 2012, ça lui sera assez facile. Jean-Paul Damaggio

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Commentaires
G
Très intéressant. Il faut effectivement bien insister sur l'effondrement du vote "de la gauche de la gauche" dans le nord de la France même si LO semble y trouver de l'influence (que la carte ne montre pas). On remarque également que les meilleurs scores de Mélenchon se situent dans des régions rurales pauvres mais à forte influence communiste et/ou protestante. Le centre de la Bretagne, le Limousin, le Dordogne, le nord de l'Auvergne, la Brière, l'est des Pyrénées dans le premier cas ; le Diois, les Cévennes dans le second. Donc, dans tous ces exemples, il y a eu très forte mobilisation de cet électorat communiste rural (mais la majorité des conseillers généraux communistes avant la modification de la carte étaient des élus ruraux). <br /> <br /> Quant au passage de l'électorat communiste vers le FN, je n'observe pas beaucoup ce phénomène. Il faut raisonner en terme de voix et non de pourcentage. Les pertes considérables ds communistes proviennent d'une part de scissions, d'autre part du vote utile (vers le PS), ensuite de l'incapacité à capter le vote "musulman", enfin d'une raison biologique (quand un électeur communiste meurt, il n'est pas remplacé)<br /> <br /> Mes observations montrent que le vote FN provient pour l'essentiel de la droite. Dans mon canton (qui fut celui de Fillon), le phénomène est stupéfiant : la droite perd des voix à chaque élection, le FN en gagne à chaque élection ; la gauche a progressé lentement jusqu'en 2004 puis a reculé mais à un niveau supérieur à celui de 1985.<br /> <br /> Voir mon blog pour les résultats de 2012 et les cantonales.
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