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Vie de La Brochure
10 mai 2017

Bennassar et le Congrès de 1937

Je reprends mon étude du Congrès des écrivains de 1937. 

Dans son livre La guerre d’Espagne et ses lendemains (Perrin 2004), Bartolomé Bennassar n’y va pas par quatre chemins pour classer dans les affaires sans suite, ce Congrès de 1937 que je considère pourtant comme crucial dans l’histoire du monde. Ce jugement expéditif ne m’étonne pas de la part d’un homme qui pourtant maitrise son sujet.

1 – « Sur suggestion du parti communiste » ?

Ce congrès étant le IIe qu’en est-il du premier ? Il a eu lieu à Paris sous la présidence d’André Gide et c’est peu après que le deuxième a été programmé à Madrid où il a été maintenu malgré l’attaque fasciste. Le deuxième se terminera d’ailleurs à Paris. Aragon étant au cœur de cette histoire il serait mal placé de ne pas admettre le rôle des communistes. Mais quels communistes ? Car il y avait déjà débat sur la stratégie à suivre. Dès 1935, à Paris, la condamnation de l’URSS en matière de liberté d’expression, avant le livre de Gide, a été possible de la part de divers écrivains. Et en 1937, la diversité d’opinions était tout aussi présente.

2 – «il s'agissait en réalité d'obtenir la condamnation par le congrès, d'André Gide». Là aussi il serait mal venu de ne pas considérer que cet objectif état dans la tête, en particulier, des écrivains soviétiques. Mais la force et la richesse des interventions allaient bien au-delà de cette question circonstancielle.

3 – « Le congrès une demi-réussite » ? Par rapport au Congrès de Paris en 1935 qui fut surtout européen, la guerre d’Espagne a donné au congrès de 1937 une dimension beaucoup plus mondiale. Dans l’histoire intellectuelle je ne connais pas d’événement équivalent. En juillet 1937 la guerre d’Espagne est à un tournant, un tournant dramatique pour le peuple espagnol. Les circonstances ne conduisent pas à une réflexion sur la «guerre civile», terme que je n’ai lu que sous la plume de deux écrivains, MIKHAIL KOLTSOV (URSS) et CARLOS PELLICER (Mexique), mais sur l’avenir du monde lui-même. J-P Damaggio

 

Page 190 du livre :

« Sur la suggestion du parti communiste, la République décida de réunir à Valence, Madrid et Barcelone, en juillet 1937. un « congrès de réflexion » sur la guerre civile auquel étaient invités tous les écrivains antifascistes de la planète. Ce « IIe Congrès international d'écrivains pour la défense de la culture » rassembla 66 délégués de nombreux pays, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne à l'URSS, en passant par l'Argentine, le Chili, le Pérou, Cuba, le Mexique, la France, la Belgique, les Pays-Bas, la Tchécoslovaquie, la Suisse, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Chine et même l'Islande. Y assistèrent notamment André Malraux, Pablo Neruda, Alejo Carpentier, Octavia Paz, Ludwig Renn, Ilya Ehrenburg, Julien Benda et André Chamson. Cette manifestation était biaisée : il s'agissait en réalité d'obtenir la condamnation par le congrès d'André Gide, qui venait de publier son sacrilège Retour d'URSS. En dépit de la pression de Bergamin, Azana ne tomba pas dans le piège et refusa d'assister au congrès, dont il déplorait, par ailleurs qu'il coûtât une fortune comme il s'en est expliqué dans ses Mémoires. Le congrès, dont l'inspiration secrète se révéla trop vite, ne fut qu'une demi-réussite. »

 

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