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Vie de La Brochure
13 mai 2017

Encore sur le fascisme et le FN

Pendant cet entre deux tours on n’aura jamais autant vu revenir l’assimilation du FN au fascisme. Je combats politiquement ce raccourci qui me fait penser au célèbre slogan ridicule de 68 : CRS=SS. En 2017 des caméras de la télé ont été heureuses de filmer, grâce à des journalistes complaisants, le visage d’une dame qui d’un côté avait dessiné le SS bien connu et de l’autre le S du dollar, pour dire ni l’un ni l’autre. Pour moi, cette assimilation bien que marginale est catastrophique car elle fait le jeu du vide de la pensée politique. Elle laisse entendre que, par mon refus de cette assimilation (FN=SS), je veux adoucir toute condamnation du FN et conforter ainsi la stratégie dite de diabolisation. Il est d’ailleurs frappant de constater que les médias qui ont fait du FN un diable, en font un non-diable ! Je le répète, le FN est depuis 1984 «SEUL CONTRE TOUS» et toutes les élections le vérifient, sauf le tournant de 2017 qui innove sur deux points cruciaux.

 1 ) Au second tour l’injonction a été répétée : faisons tous barrage au FN ; l’injonction valide clairement la stratégie du «seul contre tous» ce qui aboutit à ce constat simple : «on les a tous essayé mais pas le FN alors on vote FN». Et le PCF, il a été au pouvoir ? Non mais il n’apparaît pas comme une alternative puisque comme tous, il a été au pouvoir avec d’autres, et comme tous il dit : «barrage au FN». L’homme le plus vilipendé a été Mélenchon alors que sa candidature a été un réel frein à la montée du FN au point qu’à 600 000 voix près, il pouvait l’exclure du second tour !

Il existe de multiples raisons périphériques qui poussent au vote FN dont le racisme est le pivot, mais malheureusement la raison clef c’est le besoin de sortir des politiques qui font la France depuis 1988.

Donc pour la première fois un candidat important se refuse à donner une consigne, admettant que les trois solutions, abstention, vote blanc, vote Macron sont respectables. Que n’a-t-on dit sur cet irresponsable ? Or ce choix correspondait aux courants traversant son mouvement et, encore plus, son électorat. Il y a tout de même eu 12% de blancs et nuls ce qui est considérable vu que TOUS les autres candidats appelaient à voter Macron parfois avec des circonvolutions. Pour l’abstention, difficile de pointer celle classique du refus de vote général, et celle circonstancielle du refus de vote Macron/Le Pen mais dans toutes les élections précédentes l’abstention est moindre au second tour alors que là elle est plus importante. Faut-il se réjouir de la fin du «front républicain» ? Oui car il alimentait, par réaction, le score du FN.

Sur ce sujet, l’analyse de Riss sur Charlie est typique de mauvaise foi :

« Jean-Luc Mélenchon, arrivé en quatrième position au soir du premier tour, précise qu'il ne veut pas choisir entre «l'extrême finance» et «l'extrême droite». On peut tout renvoyer dos à dos. Le procédé n'est pas nouveau et honteusement démagogique. Renvoyer dos à dos la collaboration et l'épuration, renvoyer dos à dos le communisme et le capitalisme, renvoyer dos à dos les islamistes et les caricaturistes, renvoyer dos à dos la peste et le choléra. Ce non-choix est en fait un choix. Celui de ne pas se mouiller et de laisser les autres le faire. Oui, il y aura toujours de bons couillons pour faire le sale boulot à la place des autres et glisser dans l'urne le bulletin du candidat qui déplaît pour en éviter un bien pire. Un peu comme dans le métro lorsqu'une femme se fait agresser sous les yeux des passants indifférents, qui se disent «il y a bien quelqu'un qui va s'en occuper, moi, je n'ai pas le temps ». Dimanche, il faudra choisir si vous vous arrêtez pour faire un geste, ou si vous passez votre chemin. »

Non il n’y a eu aucun renvoi dos à dos car il n’y a aucune équivalence entre les deux votes ! Pompidou-Poher, il y avait une équivalence ! On a le droit de refuser les deux candidats pour des raisons totalement différentes ! Le vote NON au TCE a uni des électeurs du FN et de la gauche sans que leurs arguments soient équivalents ! Et à l’époque ne disait-on pas au NON de gauche : mais vous n’allez pas voter comme le FN ?

Et si Mélenchon en refusant toute consigne souhaitait ne pas se mouiller je crains que la tempête qui lui est tombée dessus ait réussi à traverser sa vieille carapace !

Dans cette affaire, Fillon aurait mérité les honneurs de beaucoup par son appel clair et net, mais ce fut Mélenchon qui se trouva dans le collimateur. Franchement, Mélenchon aurait appelé à voter Macron, ce dernier aurait-il fait mieux ? Non, mais par contre la tourmente passait sur la France insoumise et tout le but de l’injonction était là : ne pas laisser une tête dépasser au nom de l’union sacrée ! Peut-être cette union sacrée viendra contre le FN mais le résultat a démontré que quand Valls a dit : « j’appelle à voter Macron pour faire barrage au FN » il voulait dire surtout : « j’appelle à voter Macron car je suis d’accord avec lui. »

 2 ) En 2017 un autre événement s’est produit : un parti a accepté dans l’entre deux tours de s’allier au FN. Cette opération n’a pas été une bonne opération pour le FN ni pour Dupont-Aignan. Pour la première fois, un marchandage classique a été opéré entre deux partis qui quelques jours avant se dénonçaient ! Et Marine précise même que le premier ministre ne sera pas du FN ! Pour la première fois le FN n’était pas seul contre tous ! A l’heure des résultats, il découvre que souvent il vaut mieux être seul, que mal accompagné.

 Comment Marine a gagné des voix :

Les enquêtes sortie des urnes indiquent que 23% des électeurs de Fillon, 12% des électeurs de Mélenchon, et 7% des électeurs de Hamon ont voté Le Pen. Par ailleurs 4% des électeurs du FN du premier tour n’ont pas voté FN au second.

Cette enquête me semble assez juste : elle correspond à des études électorales qu’il m’est arrivé de réaliser sur des cantonales ou législatives avec au second tour des candidats de gauche ou de droite.

Quand on fait le calcul en voix, ça donne exactement le résultat en ajoutant 50% des voix de Dupont-Aignan et malgré la petite perte d’électeurs ayant voté Le Pen au premier tour mais pas au deuxième.

Ceci confirme qu’une partie de l’électorat Mélenchon a été repris à Marine Le Pen (d’où sa chute dans la dernière période), preuve qu’il a été un bon rempart contre le FN. Il reste à fidéliser cet électorat et la crise qui vient de s’ouvrir au sein du FN peut y aider.

 Qui sont les votes blancs ?

La même enquête révèle que 30% de l’électorat Mélenchon a voté blanc tout comme 12% de l’électorat Hamon et 32% de l’électorat Fillon.

Bilan : 58% de l’électorat Mélenchon a voté Macron comme 81% de l’électorat Hamon et 45% de l’électorat Fillon.

 Les divisions par rapport à l’attitude à adopter face au FN sont le reflet de divisions politiques plus globales au sein de toutes les familles politiques. Quand 45% de l’électorat Fillon vote Macron c’est bien la preuve, qu’électoralement nous sommes loin d’un rapprochement entre les deux courants. C’est plus par les programmes que par les électeurs que se font les passerelles. J-P Damaggio

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