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Vie de La Brochure
28 mai 2017

De Musil à Cassou en 1935

Pour mes vingt ans. En guise de cadeau, un jour et une nuit à Paris. Pour un homme et un seul. Le 21 juin 1935. Quand je suis entré dans la salle de la Mutualité, le Congrès débutait. Musil était à la tribune et ensuite ça serait Jean Cassou. Le seul que je voulais écouter, puis dormir. Un Bigourdan trouve toujours la chambre d’un ami à Paris pour dormir. Je ne suis que l’homme d’un seul homme, et d’un seul. Jean Cassou n’a pas été long mais déjà ça à déguster, et je ne cherche rien de plus. En sortant un autre jeune est aussi sorti. Et voici notre conversation : O c’est moi, K. c’est lui.

O. — Vous êtes aussi l’homme d’un seul écrivain.

K. — Oui, j’ai écouté Musil et ça me suffit pour longtemps.

O. — Moi c’est Cassou qui m’a fait me déplacer. Mais juste avant j’ai écouté un peu Musil. Un inquiet ?

K. — Un Autrichien à titre accessoire.

O. — Le mien est un Espagnol à titre accessoire !

K. — Voilà pourquoi il a convoqué Goya !

O. — Cassou comme Goya. Goya qui a peint l’infamie française de soldats exécutant le peuple d’Espagne et qui a dû se réfugier et mourir… en France !

K. — Il existera toujours plusieurs France et aussi plusieurs Autriche.

O. — Musil a-t-il eu envie de choquer en disant que son intervention était apolitique ?

K. — Il démontre que non. Toujours une logique implacable !

O. — Cassou casse lui une logique qui a désigné du nom de « conservateur » les responsable de musées.

K. — C’est ça la politique : gérer des morts ! Et ceux qui lui résistent, on les met au musée !

O. — Je devine qu’Autrichien il est autre qu’Autrichien.

K. — Et Cassou, il est Français d’Espagne fasciné par l’Allemagne ?

O. — Je suis là à cause d’une traduction de l’espagnol du livres d’Arturo Uslar-Pietri, Les Lances rouges qu'on m'a offert pour mes 18 ans.

K. — Et demain tu fais quoi, tu reviens ?

O. — Oui je reviens chez moi en Bigorre. Et toi ?

K. — Je ne peux revenir nulle part. Je suis un exilé pour longtemps.

O. — Alors je t'embarque demain matin et chez moi tu deviendras ce que tu pourras.

J-P Damaggio

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