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Vie de La Brochure
12 juin 2017

D'où vient le 12,5% des inscrits ?

Je m'étonne toujours de l'incapacité des journalistes à interroger des phénomènes qu'ils présentent comme des évidences. Et souvent la classe politique emboîte le pas ! Donc je prends ici l'exemple du fameux 12,5% des inscrits pour être au second tour des législatives (ça n'existe pas pour les municipales, ou régionales).

 Sous la Troisième République tous les candidats du premier tour pouvaient se maintenir. C'est à cause de ça qu'est né le principe du désistement. Je me retire en faveur de quelqu'un qui renvoie ailleurs l'ascenseur.

 Sous la Quatrième il n'y avait qu'un seul tour.

 Avec la Cinquième on retrouve l'élection à deux tours.

Au départ, le seuil pour se maintenir est modeste : 5% des suffrages exprimés. Ainsi, les triangulaires, voire les "quadrangulaires" ne sont pas rares. La loi du 29 décembre 1966 monte la barre à 10 % des inscrits (et non plus des suffrages exprimés), son but étant d'écarter les candidats centristes d'opposition qui, en se maintenant au second tour pouvaient gêner les candidats de la majorité : en 1967, le but est largement atteint -les centristes souvent éliminés- mais leurs électeurs apportent au second tour un concours beaucoup moins net que prévu aux candidats de la majorité qui ne gagne que... d'un siège.

La loi du 19 juillet 1976 franchit un nouveau cap : c'est le 12, 5 % des inscrits. Par cette règle Giscard d'Estaing souhaite créer un « parti du président », l'Union pour la démocratie française (UDF), rassemblant centristes et libéraux et pouvant écarter le RPR. Le projet initial vise donc la barre des 15 % mais, devant les résistances des députés gaullistes, le compromis trouvé sera de 12,5 %... Cette nouvelle barre contribuera longtemps, en éliminant la plupart des triangulaires, à construire une bipolarisation électorale d'affrontement entre la gauche et la droite alliée au centre.

L'arrivée du Front national aurait pu modifier la règle.

En 1997 la gauche a gagné grâce aux très nombreuses triangulaires. Je rappelle qu'il y a eu 79 triangulaires dont 76 avec un FN qui au premier tour avait fait 14,9% et le PS 23,5% (le PCF est encore à 9%). C'est ainsi que le maintien du FN a contribué au succès de la gauche !

Donc dès que la droite est revenue au pouvoir elle a décidé par ordonnance n°2003-1165 du 8 décembre 2003 (publié pour mon anniversaire le 9 décembre 2003) de maintenir le 12,5% des inscrits en tablant sur une montée visible de l'abstention pour ainsi réduire le FN. Et les partis qui hier bénéficiaient de cette règle en sont devenus les victimes !

Le second tour ne serait pas le même si en Tarn-et-Garonne (comme ailleurs) les trois premiers avaient été qualifiés. J-P Damaggio

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