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Vie de La Brochure
15 juin 2017

Macron, le miroir de 1958

La Bérézina du Parti socialiste renvoie souvent les commentateurs vers 1993 sauf que cette année là le PS avait encore beaucoup de ressources qui lui ont permis, contre toute attente, de revenir au pouvoir en1997. Je préfère ceux qui reviennent à 1958 d’où mon article assez ancien sur Macron l’anti de Gaulle.

 Le rôle du PS

Manifestement le PS a été le parti qui, par ses égarements, a permis à de Gaulle et Macron, l’accès au pouvoir. Dans les deux cas il a payé la facture au prix fort. Aujourd’hui Hamon peut rêver en la création d’un nouveau PSU, je pense plutôt que Montebourg peut se rêver en nouveau Mitterrand. Pourquoi le PS s’est-il à nouveau suicidé ?

Pendant toute la Quatrième république, il n’a eu qu’une obsession : se défaire du PCF. Aujourd’hui, de qui voulait-il se défaire ? De lui-même ! Les diverses tendances classiques sont devenues des incohérences totales. Face à tous les défis - le social, l’écologie, la solidarité – le PS s’est contenté de naviguer à vue et a mis sur les rangs l’homme qui allait le mettre K.O. Le P.S. n’est pas au bout de son histoire, il va devoir recommencer cette histoire.

 Le rôle du coup d’Etat

En 1958 de Gaulle est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, fait incontestable même s’il suscite toujours des analyses divergentes. Toutes les cartes politiques ont été rebattues avec le duel qui me semble emblématique, entre Mitterrand et Deferre le maire PS de Marseille. Mitterrand a tout de suite compris la nouveauté de la situation et, là aussi, contre toute attente (vu son parcours précédent), il s’est mis à courtiser le PCF. Inversement Deferre symbolise cette vieille SFIO qui n’a rien vu venir et qui n’a rien compris jusqu’aux fameuses élections présidentielles de 1969 qui furent la victoire de l’absent, Mitterrand ! J’en profite pour rappeler que le PCF, en 1967, est allé jusqu’à se retirer dans certaines circonscriptions, devant des candidats à la députation du petit parti de Mitterrand, pour assurer leur victoire !

Aujourd’hui, tout démontre que nous avons assisté à un coup d’Etat médiatique pour aller vers une république autocratique en lieu et place d’une république autoritaire. Quand le président devient un Dieu (Jupiter), on se demande qui devient le plus ridicule, Dieu ou le président ? D’autres que moi vont pouvoir démonter cette opération d’envergure qui vient de mettre un terme à la Cinquième république construite par de Gaulle sur la base de l’affrontement droite/gauche.

 La fin du face à face droite/gauche

En démocratie, car nous sommes toujours en démocratie, tout pouvoir suscite une alternative à partir du moment où tout le monde admet que dans cinq ans il y aura une nouvelle élection qui mettra K.O. l’actuel maître des lieux et des dieux.

Contrairement à une croyance imposée par de Gaulle, la France a été très peu marquée par le face à face droite/gauche. Sous la troisième république il y a eu en 1924 le Cartel des Gauches puis en 1936 le Front populaire mais ce furent des épisodes si brefs que la même chambre qui a désigné comme premier ministre Léon Blum a donné les pleins pouvoirs à Pétain (l’essentiel des députés PCF en avait été chassé).

A la Libération ce ne fut pas la gauche qui se retrouva au pouvoir mais un consensus national sans lequel Ambroise Croizat n’aurait jamais créé la Sécu. Et le PS n’eut de cesse de briser ce consensus pour isoler le PCF. Comme politique de gauche il y a mieux surtout quand on pense à l'horreur de Sétif en Algérie !

Cette absence d’affrontement au sommet droite/gauche n’a jamais empêché l’existence d’un peuple de gauche face à un peuple de droite. Quand j’étais gamin si quelqu’un disait de son voisin « ‘il fait de la politique » ça voulait dire qu’il était de gauche. Toutes les cartes sont donc rebattues et tout le monde cherche d’où viendra l’alternative.

 FI ou FN ?

Mélenchon aime cette expression : « nous sommes dans la place ». Il n’y a plus de PS mais nous sommes là. Et s’il a choisi Marseille, tout est dans le symbole. Peut-il en devenir le maire en 2020 ? Paris a été le tremplin de Chirac, Marseille peut-il être le tremplin de Mélenchon ? Qui dans la ville peut lui assurer une implantation générale ?

L’histoire de Marseille me renvoie à deux hommes : Deferre bien connu et Guy Hermier tant oublié que j’ai croisé deux fois (une fois à Paris, une fois à Marseille pour ma première visite dans la ville) et j’en garde un grand souvenir. Guy Hermier a représenté une face du communisme. Mort trop jeune en 2001, il est venu du Val de Marne pour prendre la suite de François Billoux dans la circonscription où Mélenchon est candidat !

Je vis dans une région fortement socialiste et hier soir j’ai eu droit à un débat entre les deux candidates du second tour dans la circonscription de Jaurès, une jeune femme représentant le FN et une autre représentant En Marche ! Comment le PS a-t-il pu disparaître des lieux ? France 3 au lendemain du premier tour est allé à la rencontre du PS battu oubliant, comme pendant toute la campagne, la présence de FI dans la moitié des circonscriptions du 31, sauf quelques mots demandés à Manuel Bompard incontournable vu son rôle national. FI va devoir s’organiser, s’implanter, se solidifier pour mieux savoir de quoi demain sera fait.

 

Le FN est au contraire organisé, implanté, solidifié mais alors que tout lui est favorable le parti tangue. Tout lui est favorable puisque comme il le répète depuis le début, nous vérifions que droite et gauche c’est la même chose ! Sauf que cette situation ne semble pas le propulser à la première place. Ce n’est pas parce que FI devient une épine dans son pied mais parce que ses électeurs hésitent. Ils ont beaucoup voté FN mais est-ce pour le mettre au pouvoir ? Nous sommes dans le même cas que le PCF qui pendant longtemps a obtenu de bons scores mais comme parti de contestation, pas comme parti de gouvernement. Le PCF a eu du mal à gérer cette situation dès 1981.

Cependant, pour le FN, il existe une alternative en son sein : Marion Maréchal. Tandis que FI ne peut qu’avoir du mal à susciter une alternative à Mélenchon tellement il veut être devant. Par exemple, pendant la campagne présidentielle il aurait pu mettre à ses côtés, ici ou là, des candidats et des candidates aux législatives.

 1958, puis dix ans ça suffit ?

Macron va-t-il tenir et marquer la France comme a réussi à le faire de Gaulle. Les prochains mois apporteront les premières réponses. J-P Damaggio

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