Le FN : de Viallon à Lopez

Comme tout parti politique le FN est traversé de courants. Dès le départ il s’appelle «front» car il rassemble plusieurs visages de l’extrême-droite. En trente ans d’histoire, le passé s’est fait oublier et l’échec total de Pierre Verdier dans la deuxième circonscription du 82, où même avec la photo de Jean-Marie Le Pen il ne passe pas la barre des 2%, confirme encore plus qu’une page est tournée dans ce parti.

Existe-t-il une différence entre le cas Viallon et le cas Lopez ?

Pour les électeurs ce n'est pas le cas. Si Lopez ne récupère aux législatives que 45% de l'électorat du premier tour de la présidentielle, Viallon récupère lui 46%. Globalement nous assistons à des situations électorales identiques depuis des années et indépendamment des candidats.

Ce comportement électoral n'empêche pas la discussion sur les positionnements futurs. Pendant tout le gouvernement Hollande le FN est arrivé à des scores sans précédent aux diverses élections. Si bien que tous les observateurs plaçaient Marine Le Pen en tête et au-dessus de 25% à la présidentielle ! Déjà aux dernières européennes il y avait eu surévaluation jusqu'à 30% !

En 2017 les éléments favorables de la campagne ne manquaient pas : crise de la droite et de la gauche avec naissance de l'UMPS, poursuite des attentats, difficultés sociales etc.

Finalement Marine Le Pen s’est qualifiée de justesse et va commettre une double erreur pour le second tour : faire croire que la victoire était possible en acceptant de discuter d’un gouvernement où elle ne prendrait pas Marion Maréchal Le Pen, mais où Dupont-Aignan serait premier ministre ! Elle a alors cassé deux piliers du FN : son autonomie et la solidarité entre ses membres. Si Philippot fut à l'origine de cette double erreur il devrait perdre son poste.

Marion a alors décidé de prendre du recul par rapport à la politique, elle qui de 2012 à 2015 avait eu un parcours fulgurant ! De Gaulle s'était mis en réserve de la Républiqu, elle se met en réserve du FN !

Considérée plus à droite que Marine, elle est venue en Tarn-et-Garonne, pour soutenir son attaché parlementaire par un dernier discours, en proposant une stratégie «d’union à droite» martelée par le candidat Romain Lopez. Comment prôner l’union à droite quand personne ne répond présent comme Romain Lopez a pu le vérifier ? En disant :

« Amis de droite, je partage vos valeurs : l’identité, le respect de nos traditions, la protection de la famille et la liberté d’entreprendre.»

Depuis longtemps le FN est traversé par cette opposition interne entre ceux qui veulent l’autonomie et ceux qui veulent regarder vers l’union à droite. Ce fut la grande crise avec Bruno Megret. Florian Philippot a appuyé une stratégie d'autonomie visant surtout à prendre les voix sur la gauche plus que sur la droite, avec une dimension dite sociale du FN. Aujourd’hui, seule Marine tire son épingle du jeu avec un FN du Nord de la France plus en pointe que celui du Sud ! Mais par contre Florian Philippot reste bloqué sur sa case échec !

 Quel peut être l’avenir ? Comment face à Macron le FN peut-il élaborer une stratégie capable de lui assurer un bon en avant ? D’autant que France insoumise se place en alternative nouvelle !

 En fait l’indicateur majeur de cette séquence s’appelle Louis Aliot. Sa victoire dans les Pyrénées Orientales est apparue moins fortement sur les écrans or il symbolise un mélange des diverses stratégies.

1 ) L’ancrage local. Pendant longtemps les candidats FN pouvaient venir de n’importe où, la marque FN pouvait leur assurer de bons scores. Mais pour passer au stade d’élu les effets médiatiques nationaux ne suffisent pas. Marine Le Pen l’a très bien compris en conduisant une bataille des législatives, surtout dans sa circonscription. Inversement Philippot en fuyant les mandats locaux obtenus pour le brillant des médias a perdu.

2 ) Le FN seul contre tous. Depuis 2004 Louis Aliot conduit une bataille acharnée en faveur du FN mais un FN ouvert, original, glorifiant le local et construit sur des réseaux.

3 ) Le FN ni social ni anti-social, ni tourné vers la droite ou vers la gauche, le FN sur ses thèmes historiques : le refus de l’immigration, la référence à la guerre d’Algérie, l’accent du pays et le sens des relations. Les Pyrénées orientales, terre catalane, avec un PCF qui a été longtemps très puissant et tourné vers lui-même (à l’inverse de sa version dans l’Hérault) peut donner au FN une autre image : ni celle du Sud-est, ni celle du Nord, celle de la France profonde. Contre la France des banques, la France des petits.

J-P Damaggio

Les élus FN du Sud :

Gilbert Collard (Gard) élu avec 123 voix d'avance

Emmanuelle Ménard (Hérault)

Louis Aliot (Pyrénées-Orientales)

Les élus FN du Nord :

Sébastien Chenu (Nord) il vient de l'UMP.

Ludovic Pajot (Pas de Calais) le plus jeune député

José Evrard (Pas-de-Calais) il vient du PCF

Bruno Bilde (Pas-de-Calais)

Marine Le Pen (Pas-de-Calais)

Comments

[Lopez]

M.Damaggio

Il y a bien eu un report très important des électeurs LR en ma faveur au 2nd tour. Ce sont les abstentionnistes qui ont fait la victoire de la candidate de M.Baylet.

Cordialement

Romain Lopez