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Vie de La Brochure
25 juin 2017

Marseille après une élection… le mythe

Non je ne parle pas de l'élection de 2017 (j'y reviendrai) mais celle de 1830 juste avant la révolution. Avec Marseille le mythe est toujours là, il affleure jusqu'à l'impossible et si je reprends cet article c'est à cause de Garcilaso de la Vega que Marseille eut voler à la ville de Nice. C'est le début d'un feuilleton Graclaso de la Vega, ce soldat-poète plus génial que Cervantès mais qui ne pouvait pas franchir les murailles de la renommée ! Il est mort à Nice et même sa mort est une légende. Un des hommes les plus incroyables de l'histoire littéraire jamais traduit ! A suivre. Jean-Paul Damaggio

  

Le Figaro 28 juin 1830

 LA VILLE DE MARSEILLE.

C'est une belle ville s'il en fût jamais, grande et bien bâtie, qui s'épanouit sur les bords de la mer comme une guirlande de fleurs, ses rues sont larges, un air pur embaumé et vivifiant y circule. La ville vieille est tortueuse, escarpée des pierres noircies par le temps forment les maisons qui sont habitées par des pêcheurs mais tout cela est pittoresque, tout cela a été fondé quatre cents ans avant J.-C. César y est venu il a touché ces pierres, il est entré dans ces maisons. Agrippa y fut élevé, Cicéron y a étudié le grec, Milon y a été exilé. Plus tard Charles-Quint échoua devant Marseille le poète Garcilaso de la Véga y fut tué par un citoyen. Marseille est la sœur de Rome l'émule d'Athènes, la terreur de Carthage c'est une belle république ma foi : elle a nommé M. Vernilhon.

Sous Louis XIV, elle inspira de sérieuses inquiétudes au grand roi, qui voulut y avoir aussi sa Bastide et y fit bâtir une forteresse mais les Marseillais conservèrent des immunités : ils ne logeaient point de soldats ; ils avaient des galères, des échevins, des consuls. Demandez plutôt à leur ancien député M. Pardessus qui a eu très-peu de choses à dire sur leur compte dans son Traité des Servitudes.

Marseille est la patrie d'une foule nombreuse de peintres de statuaires distingués ; elle compte parmi ses enfants des poètes, des grammairiens, et surtout des orateurs, témoins M. de Roux et Straforello.

Sous la république leur amour pour la liberté se réveilla : chaque rue avait son arbre tricolore chaque section son club ; la déesse Raison avait ses fêtes et Robespierre le jeune sa cour. Cartaut et les allobroges intimidèrent bien un peu son ardente population mais ce fut un effroi passager qui se dissipa sous la carmagnole et aux chants de : Allons enfants de la patrie. Ils boudèrent le consulat et l'empire les trouva républicains. Ils n'aimaient pas l'empereur; cet homme qui disait: «Je veux» et qui était obéi, les effarouchait, sans compter que les cotons de l'Egypte n'arrivaient plus, que les huiles de Corou et de Candie ne venaient plus oindre les dalles du port, et que des bandes de Grecs n'allaient plus danser sur les places publiques au son de leur mandoline.

1814 sauva la ville de l'ogre de Corse qui sans doute l'aurait avalée ; et nous ne parlerons pas de la joie sanglante de cette époque.

En 1815 on la nomma l'excellente ville et aujourd'hui MM. Vernilhon et Polignac ont en tête de trouver un superlatif plus expressif encore. Ils en viendront à bout sans doute, l'épithète leur poussera quelque jour après boire. Et alors Marseille sera heureuse, le budget sera aussi gros qu'il pourra : M. Thomas ira se faire élire ailleurs ; la liberté déménagera avec lui peut-être, qu'importe ? Marseille aura ses capucins et ses belles rues, ses processions et ses jolies filles, ses rives riantes, son excellent poisson, son gibier parfumé, son préfet-poète, qui, comme le vieux Denis fait emprisonner ceux qui sifflent ses vers et M. Vernilhon qui certes n'est pas un des 221 (1).

 

(1) Note JPD : L'adresse des 221 fut adressée le 18 mars 1830 par la Chambre des députés à l'intention du roi de France, Charles X. À l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire de 1830, elle exprime la défiance de la majorité libérale de la Chambre, forte de 221 députés, à l'égard du ministère dirigé par le prince de Polignac. Pour résoudre la crise, Charles X dissout l'assemblée le 16 mai 1830, comptant sur l'arbitrage du peuple pour reconstituer une majorité qui lui sera favorable. Mais à la surprise générale, les libéraux l'emportent aux élections du 23 juin et du 19 juillet. De surcroît, les libéraux se voient attribuer 274 sièges, soit 53 de plus qu'avant la dissolution. Le pays légal a donc ainsi désavoué le Roi. Et alors ce fut la Révolution. Malheureusement je ne sais rien du dit Vernilhon..

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Commentaires
L
merci pour la précision, en fait c'est le 29 juin. jpd
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R
Aïe, je trouve pas l'article dans le numéro du 28 juin 1830. Tu as une autre date ?
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