Gilbert Breton communiste atypique du 82

Du temps de l’ancienne fédération du PCF du Tarn-et-Garonne qui se situait surtout au premier étage de l’actuelle, avant rénovation du bâtiment, j’ai souvent croisé Gilbert Breton dont je garde un souvenir ému car il m’apparaissait si atypique.

Comme moi, il venait à la « Fédé » pour apporter des articles pour le journal. Avec internet, de tels contacts humains ont disparu.

Souvenir ému car sa tête ronde et sa chevelure ondulante lui donnaient un air toujours joyeux que la photo rend bien.

Ses articles évoquaient depuis longtemps sa chère commune de Merles qui à l’époque me semblait perdu dans le département. Depuis je vis à deux pas et j’ai souvent amené des amis au chêne d’Henri IV.

Je souhaitais depuis longtemps lui rendre un hommage et je me décide aujourd’hui en découvrant sur Les Novelles du 82 du 20 février 1987 l’évocation de son décès.

Les responsables d’alors du journal, Jean-Louis FRANCERIES et José GONZALEZ ne manquent pas de rappeler son souci de l’écriture : « Jusqu'à ses derniers jours il collabora à la rédaction de notre hebdomadaire. Toujours disponible pour écrire, même à la dernière minute, il fut un de nos précieux collaborateurs. Ces dernières années il s'était spécialisé dans la lutte écologique et nous avait permis de dénoncer les atteintes à l'environnement dans notre département. Rien de ce qui touchait à la nature ne le laissait indifférent. Avec Gilbert Breton, la rédaction des « Nouvelles » perd un de ses fidèles. »

En fait sa passion pour l’écologie était ancienne mais longtemps le PCF l’a négligé jusqu’à la création du MNLE (Mouvement National de Lutte pour l’Environnement).

Gilbert représentait pour moi ce communisme rural si peu célébré au nom de la grandeur de la classe ouvrière. Un communisme lié surtout au désir de connaissances. Gilbert était un autodidacte, fait évoqué de quelques mots dans l'intervention d'Alain Raynal que je reprends plus loin : "Il s'intéressait avec passion par exemple à l'archéologie". J'ai su, je ne sais comment, qu'il était un grand collectionneur de fossiles et dernièrement, en croisant un vieux communiste de Beaumont de Lomagne, qui, je ne sais pourquoi, voulu me rappeler les talents de Gilbert Breton qu'il avait bien connu, s'étonna d'apprendre cette passion pour l'archéologie. Peut-être vais-je un jour rassembler quelques uns de ses articles à commencer par ceux de 1951 sur Le Patriote. J-P. Damaggio

P.S. : Je n'ai pas su trouver sa tombe au petit cimetière de Merles

 C’est Alain Raynal qui résumera sa vie :

« Notre douleur est d'autant plus grande que la maladie l'a frappé avec toute la brutalité qui crée en nous cet insoutenable sentiment d impuissance. Avec Gilbert, nous perdons un des camarades à la personnalité la plus attachante dans notre Fédération.

Je peux dire aussi que bien au-delà de ses camarades de combat, Gilbert était connu et fort estimé. Il avait beaucoup d'amis.

La force de Gilbert, ce qui faisait que nous l'estimions beaucoup, c'était la fidélité à ses engagements, sa présence permanente dans toutes les luttes à nos côtés. Il n'y avait pas d'injustices sans que Gilbert soit révolté, sans qu'il n'intervienne.

C'est avant tout ce refus des injustices, ce besoin de lutter pour la liberté et l'émancipation humaine qui ont guidé notre camarade dans ses engagements depuis maintenant plus de quarante ans, avec toujours le même enthousiasme, ne cédant jamais au découragement.

Il savait que les difficultés, les misères pour les hommes ne sont pas inévitables, qu'elles sont le résultat de cette domination néfaste du capitalisme, il savait que cette société là n'est pas intangible, que du combat, des hommes eux-mêmes, peut se construire ce monde meilleur, de liberté et de paix auquel nous sommes tous attachés.

Aux lendemains de la Libération de notre pays, Gilbert adhérait au Parti Communiste Français. Très vite ses camarades lui confièrent des responsabilités. Il fut membre du Comité Fédéral de Tarn-et-Garonne pendant de longues années, puis Secrétaire départemental à l'organisation et premier secrétaire quelques années quand Pierre Juge fut député...

Pendant quelques années, grâce à la confiance des habitants, il fut élu municipal à Merles.

Toute cette activité, Gilbert l'a menée non pour des ambitions personnelles, non pour des médailles, c'était l'exemple même de l'homme intègre, de l'homme désintéressé.

Cette simplicité, cette serviabilité, cet attachement aux valeurs humaines voilà aussi quelle était sa force.

Nous avons tous connu derrière son franc-parler, une profonde sensibilité à tout ce qui pouvait être un progrès pour l'homme. Il était profondément attaché à l'amélioration permanente des liens de l'homme avec la nature.

Amoureux de la nature, il s'engageait dès sa création en 1980 dans le Comité National de Lutte pour l'Environnement, il en était membre du Comité Directeur National et Président très actif du Comité Départemental. De nombreux articles et interventions de sa part firent autorité et lui attirèrent la sympathie d’un grand nombre de gens, même fort éloignés de ses idées.

Gilbert, lui, l'ouvrier mécanicien agricole qui a connu la rudesse de la vie, le chômage, les injustices, savait que sa liberté passait par ses engagements communistes, par un effort permanent de connaissances, de culture. Il s'intéressait avec passion par exemple à l'archéologie.

Oui, avec le départ de Gilbert nous perdons un ami, un camarade attachant que nous aimions beaucoup.

En ces moments douloureux, je veux, au nom de la Fédération du PCF, de tous ses camarades de Castelsarrasin, de Valence, de Saint-Nicolas, de tout le département, au nom d'Henriette Poirier, membre du Comité Central, m'adresser particulièrement à son épouse Gilberte pour lui confirmer notre amitié profonde. A ses enfants, à toute la famille pour leur dire combien nous nous associons à leur peine ».