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Vie de La Brochure
6 septembre 2017

Le Parnassiculet vu en 1872

Pour compléter les informations déjà données sur le Parnassiculet, voici ce que disait l'éditeur en préface, à la sortie du livre où Paul Arène et Alphonse Daudet tenaient la vedette. J-P Damaggio

  

Le Parnassiculet contemporain, deuxième édition

Paris Librairie centrale (J. Lemer, éditeur) 9 rue des Beaux-Arts, 9, 1872

Paul Arène, Alfred Delvau, Jean Du Boys et autres

 L'éditeur du Parnassiculet contemporain, afin d'empêcher les curieux de trébucher et se casser le nez dans le corridor du Charentonneau où il les voit se précipiter avec un si louable empressement, croit de son devoir de placer à l'entrée un lampion qui en éclaire un peu les ténèbres, et d'expliquer par quelques lignes très-nettes les quelques pages, sans cela inintelligibles qu'il publie aujourd'hui à ses risques et périls. On sait le bruit, disproportionné avec leur mérite, qu'ont fait récemment une trentaine de poëtes de tous poils avec un volume de vers nouveaux présentés par eux au public comme l'expression de la poésie contemporaine[1].

Une demi-douzaine d'autres poëtes, à bon droit scandalisés d'une si énorme prétention, ont voulu ramener à plus d'humilité leurs frères en Apollon, en leur démontrant que les premiers venus pouvaient accoucher d'une aussi petite souris qu'eux, sans pousser les mêmes cris de montagne en mal d'enfant. D'où les neuf ou dix pièces de vers qu'on va lire, toutes aussi remarquables par leur beauté que par leur incohérence, et la critique la plus fine, la plus ingénieuse, la plus probante du gros volume dont elles sont l'exacte photographie.

En outre, l'éditeur du Pamassiculet contemporain, étant de ceux qui pensent qu'il n'y a pas de petit détail et que tout importe en matière littéraire, a voulu initier le public aux multiples incidents de la parturition de la montagne parnassienne. D'où ce chapitre liminaire intitulé : Hôtel du Dragon-Bleu, où l'on retrouvera un écho de certain chapitre des Jeune France de Théophile Gautier, comme on retrouve dans le gros volume en question un reflet de la littérature abracadabrante de cette époque, déjà si loin de nous, qui se croyait une Renaissance et qui, par certains côtés qu'on voudrait remettre à la mode, ne fut plus qu'une Descente de la Courtille littéraire. Les poëtes dont on lira tout à l'heure des pastiches, si heureux qu'ils pourraient faire partie de leur propre volume, sont des turcs attardés qui ont oublié, ou qui ne savent peut-être pas, que le Carnaval romantique est clos depuis trente ans.

L'éditeur du Pamassiculet contemporain n'ose pas espérer que cette spirituelle critique, renouvelée des Spartiates, qui grisaient leurs Ilotes pour détourner les enfants de l'ivresse, aura sur ces voltigeurs du Romantisme, plus ambitieux que coupables, l'efficace résultat qu'il souhaiterait d'en obtenir. Cependant, comme quelques-uns d'entre eux lui paraissent être plus sainement doués que les autres, il ya des chances

Pour qu'ils rejettent au vestiaire de babin les costumes bizarres dont ils se sont affublés pour ne pas ressembler à tout le monde, et qu'ils comprennent enfin qu'il vaut mieux original en français que ridicule en sanscrit.

Cela dit, avec toute la douceur qu'on doit avoir en parlant à des gens atteints de folie, l'éditeur du Parnassiculet contemporain se tait, n'ayant plus rien à dire. L'Editeur



[1] Nous écrivons trente au lieu de trente-sept, désirant mettre en dehors de notre critique quelques anciens - Pourquoi diable en sont-ils! - Que tes enfants de chœur fassent la cabriole derrière l'autel, passe encore! Mais des chanoines!

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