Vidéo sur l'anniversaire de la mort d'Outel Bono

Outel Bono assassiné à Paris est enterré à Castelsarrasin.

Depuis des années je pense utile de rappeler ce fait.

Donc je prépare un livre hommage.

Pour le moment cette vidéo.

La vidéo ICI.

Le discours prononcé :

MARCHE DE COMMEMORATION DE L’ASSASSINAT DU DR OUTEL BONO : ALLOCUTION DE M. ANTOINE BANGUI. PARIS, 26 AOUT 2013

Chers compatriotes tchadiens, Le Groupe d’initiative vous remercie d’être venus nombreux assister à la manifestation de commémoration du 40ème anniversaire de l’assassinat du docteur Outel Bono. Il y a dix ans l’association SURVIE en avait pris l’initiative. C’est précisément au 80 rue de la Roquette qu’a été assassiné le docteur Outel Bono. Jusqu’à ce jour, bien des interrogations demeurent sur les motivations d’un tel acte abominable. Par qui a-t-il été programmé et quel tueur professionnel en a assumé  la forfaiture ?  Il semble que le docteur Outel Bono, à la veille de présenter le programme du parti qu’il venait de créer, apparaissait gênant. Pour qui et pourquoi ?  D’ores et déjà, nous pouvons affirmer que le Docteur Outel Bono n’était pas un homme de concession. Par sa personnalité affirmée et ses idées d’avant-garde, il tranchait sur la plupart des cadres africains de l’époque. A l’aube des indépendances des pays colonisés, il avait en effet une certaine vision du développement des nouvelles nations africaines. Pour le Tchad en particulier, il préconisait l’instauration d’une véritable démocratie dans le respect de toutes les opinions et de ses composantes ethniques. Il pensait que c’était le meilleur moyen, sinon le seul, qui permettrait la coexistence pacifique et harmonieuse de ses citoyens et le ferait progresser sur tous les plans, économiques et politiques. Dénué d’ambitions personnelles, il assumait ses concepts de façon franche et déterminée, sans crainte des représailles et contre bien des idées reçues. Ainsi, refusait-il tout recours à la violence, laquelle animait alors bon nombre de cadres et patriotes tchadiens, notamment les partisans du Frolinat. C’est la raison pour laquelle, en aucun cas il ne pouvait être considéré comme une personnalité risquant d’attenter à la sécurité de l’Etat tchadien ou même d’être un extrémiste. Tout juste un agitateur d’idées. Et cela on ne lui a pas pardonné. Il l’a payé de sa vie.  On peut néanmoins se demander pourquoi un homme qui n’avait pour seules armes que la raison et la conciliation, a-t-il ainsi été si froidement, et j’ajoute inutilement, abattu dans la capitale d’un pays démocratique, la France ? Menaçait-il finalement les intérêts majeurs de quelques politiciens aux agissements souterrains ou craignait-on que le président du Tchad de l’époque, François N’Garta Tombalbaye, prenne ombrage de ce nouveau parti créé, tellement innovant dans son concept démocratique alors que lui-même s’acheminait vers une dictature de plus en plus chaotique et sanglante. Il fallait donc l’éliminer !  D’autres questions demeurent. Pourquoi les jeunes cadres qui se sont succédé à la tête de l’Etat tchadien ne sont-ils pas parvenus jusqu’ici à tirer profit de sa philosophie afin d’éviter à ce pays la tragédie qu’il vit depuis bientôt un demi-siècle ?  Outel Bono est mort, mais la pensée qu’il tentait d’insuffler à l’élite tchadienne devrait nous servir de conduite. C’est le vœu que je forme pour que l’esprit pacifique et démocratique de Outel Bono survive en nous tous afin que s’apaisent durablement nos déchirements, qu’ils soient d’ordre ethnique, religieux ou purement matériel. Merci d’être là, de partager notre émotion et de promouvoir à travers cette commémoration l’esprit de paix, d’ouverture et de profonde humanité qui animait notre concitoyen Outel Bono. En sa mémoire, avant de nous séparer, observons donc ensemble une minute de silence.