Bayer face à Montalban : L’Italie

Pour ce dialogue imaginaire en date de l’an 2006, les deux hommes ont accepté de s’asseoir face à face autour d’une table nommée Italie. Ils sont presque de la même génération l’un étant né en 1927 et l’autre dix ans après en 1939.

—J’ai voulu vous rencontrer à cause d’un journal italien : Il Manifesto, déclare Montalban.

—Je comprends, un quotidien qui fédère les insoumis de partout.

—Un quotidien où j’ai lu sous votre plume un éloge de l’autre Osvaldo argentin

—Soriano, vous voulez parler de Soriano que vous ne pouvez connaître ?

Là Montalban s’étonna mais ne se laissa pas démonter.

—Osvaldo Soriano est un écrivain proche de moi. Je l’ai croisé au cours d’un débat au Chili, il y a des années, et je me suis rendu compte aussitôt que nous avions beaucoup de points communs.

—A cause de votre héros commun, Raymond Chandler ?

—Surtout à cause de notre commune passion pour la culture populaire.

—Et donc le football !

Chacun des deux hommes conservaient un ton calme, une mine  amusée et une distance calculée. Ils savaient parfaitement qu’ils bavardaient pour rien mais puisqu’il fallait une réponse…

—De plus nous avions cette conviction : la littérature ne doit jamais cesser d’intervenir sur la réalité.

—Rien à voir avec la conception de Borges qui, fidèle à ses références intellectuelles européennes haïssait le football !

—Européennes mais bien peu italiennes ! Alors que l’Italie est partout en Argentine.

—Soriano a débuté sa carrière sportive à Cipolletti, un village créé par un ingénieur italien qui a sa statue dans l’avenue principale. Il y est arrivé en 1953 à l'âge de 10 ans.

—Nous sommes en votre chère Patagonie ?

—Son surnom est "El Capataz de la Patagonia" et son exploit historique est d'avoir battu en 1977 Boca Juniors par 4 à 2. C'est plus exactement dans la province de Rio Negro.

—Et Soriano dans cette affaire ?

—Il a toujours admiré Laurel et Hardy et au collège de Cipolletti, à vouloir faire une blague avec son compère appelé El Ruso (il était comme Laurel quand Soriano était el Gordo) ils ont mis le feu à un atelier. Expulsé Soriano n'a jamais remis les pieds dans une école.

—C'est à cette ville que se réfère : Cuentos de los años felices

—Exactement. Et l'Italie est présente avec la fameuse statue de Romulus sauvé par la louve. Cipolletti étai venu de Rome pour améliorer l'irrigation su secteur.

JPD