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Vie de La Brochure
6 novembre 2017

1922 : Massacres ouvriers en Patagonie

patagonie-couv

C’est loin, c’était hier et qu’importe l’histoire ! Pourtant…

Osvaldo Mayer a pendant des années étudié le cas de cette révolte des ouvriers agricoles dans le Sud de l’Argentine. Il a publié un livre traduit en français en 1996 par la petite maison anarchiste, Acratie. Ce qui déjà donne une idée d’un des aspects de la révolte.

Ces massacres de masse (plus de 1000 personnes) ont existé au Pérou, à Trujillo en 1932, à Iquique au Chili en 1907 (je lui ai consacré un livre) et sans doute dans chaque pays des Amériques.

A Santa Cruz et sa région l’histoire argentine leur a donné une tonalité anarchiste qui a conduit longtemps à des légendes. Osvaldo Mayer a tenu à restituer les faits. Et il a pu le faire car il a eu accès à des sources diverses. Ainsi il a réussi à écrire une œuvre définitive.

La suite du massacre est plus folle que n’importe quel polar.

1 ) Le général en chef du massacre mais sur ordres supérieurs a été assassiné par un anarchiste en guise de vengeance.

2 ) Cet anarchiste qui s’était blessé a été capturé et s’est retrouvé en prison où suite à un complot rocambolesque il a été assassiné en guise de vengeance.

3 ) Cet homme qui a tiré sur un prisonnier sans défense a plaidé, en conformité avec ses commanditaires, la démence pour éviter la prison et a donc été conduit dans un asile psychiatrique.

4 ) A l’autre bout de l’Argentine, dans les conditions terribles du bagne d’Ushuaia, un anarchiste s’et fait passer pour fou et après des événements rocambolesques il se trouve dans le même asile que celui qu’il voulait mais ne pouvait tuer faute des conditions physiques. Il arma la main d’un autre homme, un fou réel qui tua l’assassin de l’assassin.

 Toutes ces péripéties, par les procès qu’elles ont impliquées, ont permis, en ayant accès aux dossiers d’apporter des éléments sur le cœur de l’histoire, le massacre des grévistes.

 Je ne vais pas détailler les revendications, les actions (je l’ai fait pour Iquique où la révolte fut celle d’ouvriers d’usine et le contenu est le même) mais retenir le fait suivant : de tels massacres n’étaient pas importants en eux-mêmes mais par la terreur générale qu’ils suscitaient. Les soldats de l’armée nationale pouvaient tirer sans honte, sans hésitations sur des hommes le plus souvent sans munitions.

 Dans ces pays les luttes sociales ont continué mais avec au-dessus cette épée de Damoclès : « si on va trop loin, c’est le carnage ! » Un carnage alimentant la naissance de « syndicats maisons », de « jaunes ».

 Et j’ajoute un dernier point avec une citation d’Osvalo Bayer:

«L’argument des «idées venues de l’étranger » qui servait de repoussoir au socialisme et aux conceptions libertaires eut un succès indéniable. Il prit place dans le milieu ouvrier argentin. Non seulement l’argument fut répété par tous les gouvernements argentins sans exception depuis 1930 – qu’ils soient issus de coups d’Etat militaires ou d’élections – mais nous l’avons entendu répété par la CGT elle-même, par des dirigeants ouvriers péronistes comme José Espejo, Augusto Vandor, José Alonso, José Rucci, Lorenzo Miguel, etc. »

Le hasard a voulu qu’au même moment j’étudiais les grèves considérables à Lodève, France, entre 1840 et 1845 et le même discours était tenu : s’il y a grève c’est à cause des « nomades ».

Le fait avait sa part de vérité mais était exploité à outrance pour diviser e faire croire que les habitants « sédentaires » étaient la vraie France ou la vraie Argentine. La Révolution est toujours venue d’ailleurs. Par un étrange effet quand la Révolution est devenue gagnante quelque part, c’est la contre-révolution qui est toujours venue d’ailleurs… J-P Damaggio

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