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Vie de La Brochure
6 novembre 2017

Sur les Phosphatières autour de Caylus

J'ai déjà évoqué le cas des phosphatières avec un livre sur Poumarède.

Je me réjouis de retrouver la question sur cet article de La DépêcheJ-P Damaggio

  

Publié le 29/10/2017 à 07:32

Dans le Lot, une saga minière et des pièges à fossiles

Siège d'une épopée minière sans précédent dès 1870 et pièges à fossiles de réputation mondiale, voici l'histoire des phosphatières du Quercy ou les 50 années d'une course effrénée vers cet or blanc.

Imaginez un gouffre d'une trentaine de mètres de profondeur où l'on peut descendre sans difficulté par des escaliers et le parcourir. Au fur et à mesure, on découvre une profusion d'espèces végétales, fougères, mousses ainsi que des arbres démesurément hauts qui contrastent avec la végétation clairsemée du causse de Limogne, au sud-est du Lot, composée de chênes rabougris et genévriers. La lumière y est plus diffuse et les parois portent de curieuses traces d'une activité ancienne… Ici, au cœur du parc naturel régional des Causses du Quercy, ce puits mais aussi d'autres cavités aux formes surprenantes furent le siège d'une incroyable ruée vers l'or blanc de 1870 à 1886.

Durant seize années, ce recoin désolé du Lot a en effet connu une exploitation effrénée de ces cavités naturelles comblées par de l'argile et du minerai de… phosphate. La découverte de ce dernier, tout à fait fortuite, on la doit à Jean-André Poumarède, ingénieur chimiste, qui de passage à Caylus pour une visite familiale un après-midi de juillet 1865, remarqua la vigueur du blé à certains endroits et des épis bien moins hauts à d'autres. De retour sur place après la moisson, là où il avait noté une meilleure croissance des blés, Poumarède découvre une terre rougeâtre ainsi que de petites nodules de pierre. Après analyse, il identifie des nodules de phosphorite. Traités avec de l'acide sulfurique, ceux-ci deviennent un engrais assimilable pour les plantes en agriculture avec une haute teneur en phosphate tricalcique, excellent pour le rendement et la santé des cultures. À l'époque, les engrais chimiques n'existent pas, on fertilise les champs et les potagers avec du fumier et des déchets végétaux.

 La nouvelle de la découverte se répand. Des prospecteurs, pressentant le bon filon, négociants français et surtout anglais, parcourent le causse de Limogne, plateau calcaire à la croisée du Lot, de l'Aveyron et du Tarn-et-Garonne. Les cinq années suivantes, sur une zone de 50 kilomètres sur 10, pas moins de 161 poches à phosphorites vont être découvertes et exploitées avec les moyens d'alors : pelle, pioche, brouette, seau, wagonnet…. On utilise des treuils pour remonter à la surface le précieux minerai. Une fois trié, lavé, séché, concassé, celui-ci est mis en sacs. La majeure partie de la production est acheminée sur des gabarres qui descendent le Lot ou par chemin de fer depuis Saint-Antonin-Noble-Val, vers le port de Bordeaux puis l'Angleterre par voie maritime.

 

Mineurs de Decazeville ou paysans lotois reconvertis travaillent dans des conditions précaires auxquelles s'ajoutent la découverte de poches d'eau ou des galeries mal étayées menaçant de s'effondrer… Les compagnies minières, les Britanniques menant le bal, acquièrent parcelles et droits d'exploitations, et embauchent des journaliers. C'est l'Eldorado lotois. Une année d'extraction équivaut à un million de francs de l'époque ! Une manne pour cette région pauvre. Dès 1886, les filons s'épuisent, la production décline. L'année suivante, plus d'une centaine de mines ferment et la quasi totalité des mineurs se retrouvent au chômage. Le phosphate quercynois doit affronter la concurrence du minerai du Nord de la France et du Maroc, plus abondant. Les phosphatières ferment les unes après les autres. Les dernières, celles de Dreuilhes et de Prajoux à Cajarc, s'interrompent en 1920. Mais ces carrières recelaient un autre trésor que l'on mettra longtemps à comprendre. Dès lors, une autre histoire commence…

 Visites jusqu'au 11 novembre, ouvert l'après-midi, à 15 h et 16 h 30. Réouverture 1er avril. Visites sur demande pour les groupes.

 Tél. 06 03 93 45 91, www.phosphatieres.com

 L'autre trésor des phosphatières

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Durant l'exploitation des carrières de phosphate, les mineurs trouvent des fossiles en grandes quantités. Et ces pièces intéressent les collectionneurs et des musées du monde entier (Moscou, Sydney, New York… musées français…) qui en achètent. Plus de 600 espèces dont 420 mammifères y ont été identifiés, piégés et conservés par les sédiments. On y a trouvé dents de rongeurs, gastéropodes, reptiles, insectes, tortues fossilisés… datés de – 52 millions d'année jusqu'à nos jours. Depuis 1965, la recherche paléontologique se poursuit et permet de nouvelles avancées de la science. Les scientifiques disposent là d'une photographie panoramique unique de la vie sur Terre sur plus de 50 millions d'années afin d'étudier les faunes anciennes ainsi que les climats passés, de la forêt tropicale aux milieux arides. Pour ces raisons, les fossiles des phosphatières sont devenus une référence mondiale en paléontologie. En 1979, des paléontologues ont exhumé le fossile du cadurcothère, hybride entre le rhinocéros et le tapir qui pesait autour de 800 kilos.

 Visiter le Cloup d'Aural

À Bach, au lieu-dit Cloup d'Aural, une phosphatière a été aménagée à la visite en toute sécurité. Propriété de la commune, gérée par une association, elle emploie quatre personnes. On y découvre l'histoire de l'activité minière, la végétation luxuriante de la cavité ainsi que ses fossiles. Le site a reçu 13 000 visiteurs en 2016 dont 3 000 scolaires. Santiago Mendieta

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