Retour vers Wajdi Mouawad

En ce temps si triste du 11 novembre, parce que la veille, une nouvelle fois, j’avais reçu une commande de mon livre sur Wajdi Mouawad j’ai décidé de relire ce modeste ouvrage.

Bien sûr je l’ai lu comme s’il avait été écrit par quelqu’un d’autre tout en observant comment presque 10 ans après il reste d’actualité.

Wajdi Mouawad a quitté son cher Québec pour devenir directeur du Théâtre de la Colline. J’ai cru l’apercevoir dans la rue au dernier festival d’Avignon.

Depuis 2009 il a dû amasser des expériences nouvelles plaçant à distance son américanité consciente ou inconsciente.

J’avais appelé le livre Au carrefour Wajdi Mouawad car l’artiste venu du Liban, passant par la France et aboutissant aux Amériques m’est apparu comme le porteur d’une universalité d’après le grand retournement.

J’appelle le grand retournement le moment quand Buffalo Bill a ouvert le premier la porte de ce que les Amériques allaient apporter à l’Europe après que l’Europe ait tenté de fabriquer les Amériques.

Et je retrouve cette phrase écrite comme le reste du livre d’un jet et qui s’adresse à Wajdi :

« Tu es un artiste et tu veux parler à tous et le spectateur se demande : de quel peuple les Amériques vivent ? Stupéfiant, le football, sport parmi les plus populaires de la planète est ignoré du peuple de l’Amérique du Nord au profit du «football américain» qui est tout autre chose. Le ballon rond a franchi l’Atlantique par l’Espagne pour atteindre la seule Amérique du Sud, alors qu’il venait d’Angleterre et qu’il aurait dû avoir sa première place en Amérique du Nord et au moins au Canada !

Ma seule explication est la suivante : les Etasuniens s’étant libérés des Anglais, ils n’allaient pas les réintroduire dans leur imaginaire par l’intermédiaire du sport, donc ils fabriquèrent leur propre sport.

Mais le base-ball peut-on répondre ? Justement Etasuniens en Anglais se disputent l’origine du jeu… »

Je n’ai jamais rien lu sur le sujet et j’ai écrit cette explication sans y réfléchir.

Je suis sûr que Wajdi Mouawad va continuer de nous apporter de grandes surprises témoignant de son parcours exceptionnel à travers le monde et à travers la vie. Le grand renversement n’a pas à être seulement une colonisation. Du jazz au tango, Paris a joué un grand rôle pour leur assurer quelques succès aux Amériques. Après le grand renversement nous assistons au grand va-et-vient comme entre la France et le Maghreb. Wajdi en est un élément. J-P Damaggio