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Vie de La Brochure
15 novembre 2017

Nicolino à la rencontre de Maldonado

osvaldo bayerSur la photo Osvaldo Bayer qui soutient l'action pour Maldonado mais ce bn'est pas vivabnt qu'a été retrouvé le jeune homme.

Par cet article de Charlie Hebdo Fabrice Nicolino a le mérite de nous informer sur le cas d’un jeune homme assassiné en Argentine pour défendre les intérêts des Mapuches.

Tout comme au Chili, ces Indiens du bout du monde veulent pouvoir reprendre des droits et s’activent en conséquence.

Indépendamment du style que je ne goûte guère, Nicolono oublie un élément triste à mourir : la très grande majorité de la société argentine ne se préoccupe en rien du cas des Mapuches. Certains avaient pensé que cet assassinat s’étant produit sous le gouvernement Macri, juste au moment des élections législatives, il allait être en partie sanctionné et ce fut le contraire ! Du côté Chilien, que ce soit la gauche ou la droite qui gouverne, la répression est la même.

Informer sur une injustice est bien mais ne suffit pas si aucun moyen d’en sortir n’apparaît. D’ailleurs, à le lire, qu’est-ce qu’on constate ? Que pendant les années 80 Benetton a pu faire des pubs pourries, le groupe industriel est toujours là avec la même arrogance ! Nous qui dénonçons, nous perdons les batailles : J-P Damaggio

 

Charlie Hebdo 8 novembre 2017

Au fait à qui appartient la Patagonie ?

Lucianco, le proprio de Benetton, s'est approprié, 900000 hectares de la Patagonie argentine. Le menu souci, c'est que ces terres sont aux Indiens Mapuches, qui veulent le si bel Italien en pull. Un jeune gars qui défendait les indiens, tombé aux mains des militaires, a disparu avant d'être retrouvé au fond d'une rivière.

Qui a tué Santiago Maldonado ? Ce gars de 28 ans a été embarqué par la police militaire d'Argentine le 1er août et puis a disparu. Avant de réapparaître dans une rivière, ces derniers jours, mort depuis longtemps. Allons, du cran, nous partons en Patagonie, cette si vaste région — presque trois fois la France — du cône sud du continent américain. La plus grande part est en Argentine, et le reste se trouve au Chili. À qui appartient l'immensité ? Hum. Les Indiens Mapuches, installés depuis des lustres, ont foutu de sérieuses branlées aux troupes incas d'abord, aux colons espagnols ensuite.

Attention : on parle de vraies campagnes militaires, car les Mapuches sont du genre très teigneux. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, nul connard n'osa s'aventurer chez eux, mais les choses ne pouvaient que changer avec la prolifération des canons et des fusils automatiques. On résume : à partir de 1875, l'armée argentine entreprend la conquista del desierto, la conquête de ce qu'ils nommaient le désert. On tue les Mapuches par dizaines de milliers, avant de refiler des terres à mouton à des Angliches et à des amis sincères des tueurs.

Cent quarante ans plus tard, c'est pareil. Et le cas Benetton montre avec clarté qui commande ce monde. Car ce brave garçon, ainsi qu'on va voir, occupe sur place la bagatelle de 900 000 hectares de terres mapuches, où paissent 1oo 000 brebis. Avant d'aller plus loin, trois mots sur l'empire Benetton, 6500 points de vente dans le monde entier, 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 15o millions de vêtements chaque année. Jeunes qui lisez ces mots, vous n'avez aucune idée de la bassesse qui régnait dans les années 198o chez les cultureux, pubeux et journalistes qu'on appelait branchés.

En 1984 apparaissent les premières campagnes de pub «divines», forcément divines du larbin de la firme, le photographe Oliviero Tosnani. C'est tellement neuf ! On y voit les curetons embrasser goulûment des nonnettes, des chevaux enfiler d'autres chevaux, des sexes en érection, des condamnés à mort, des gens malades qui vont claquer, des homos bien sûr sur fond de sida ravageur, le tout baignant dans une sorte de sirop multicolore censé représenter l'humanité en marche. Quelle audace, hein ? Ceux qui avaient envie de dégueuler sur Luciano Benetton, le boss qui s'en mettait plein les fouilles, n'avaient droit qu'à des insultes de la belle équipe des aboyeurs de service.

En Patagonie, les Mapuches n'ont cessé, depuis 2004, de bagarrer contre l'omnipotence de Benetton. Mais depuis quelques mois, le propos a changé, avec l'apparition d'une jeunesse moins encline au compromis que dans le passé. Un groupe appelé Lof — « communauté » en mapuche — en Resistencia del Departamento de Cushamen s'est à nouveau installé sur des terres détenues par Benetton, et subit depuis le début de l'année des bastonnades et des arrestations. C'est au cours de l'un de ces affrontements que Santiago Maldonado a disparu, le 1er août, avant d'être buté (1).

Que veulent les militants mapuches ? L'une des organisations les plus actives, Resistencia Ancestral Mapuche (RAM), tient pour illégale l'occupation de la Patagonie par les descendants — Argentine et Chili — des colons espagnols. Pour ces combattants — on n'est pas obligé de les suivre en tous points —, le but ultime est l'indépendance de la nation mapuche si nécessaire. Précisons que le débat est vif entre Mapuches eux-mêmes, tant sur le but final que sur les moyens pour y parvenir. Mais tous sont d'accord pour au moins virer Benetton de terres qu'il a indiscutablement et légalement volées.

Lecteur polyglotte, toi qui lis le castillan avec délectation, laisse-moi te conseiller un beau reportage d'El Pais, avec photos et vidéos (2). On y voit le directeur général de Benetton en Patagonie, Ronald McDonald, sur fond de plantations angoissantes de résineux rectilignes. Il dit à propos des Mapuches, goguenard : «C'est comme si j'allais en Écosse réclamer la terre de mes ancêtres.» On a le droit de préférer la porte-parole mapuche, Soraya Maicono, qui lâche, emmitouflée : « De quién es la Patagonia? » Eh oui, à qui est cette immensité ?

Fabrice Nicolino

1. En espagnol : pagina12.com.ar/72388-los-ultimos-pasos-de-santiago-maldonado

2. elpais.com/especiales/2o17/represion-mapuches-argentins

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