Combes-Brassard pour Pastoret

La fin du livre ci-contre :

Pour rester debout Jean-Paul D. continue d'étudier les luttes de son ami François Pastoret. Il rêve de lire un jour le livre écrit par sa fille que déjà avant lui, le montalbanais Forestié tenta de récupérer en écrivant à l'éditeur L. Aubanel. Le titre Fablier de la Jeunesse (année de publication, 1816, auteur Catherine-Victoire Pastoret mariée avec Monsieur Paul).

En attendant il se contente de relire le poème que l'étudiant de Pastoret, Combes-Brassard, écrivit en l'honneur de son maître avant même la révolution quand le maître en question était obligé d'animer une école privée. A travers ce texte de l'élève on peut noter le type d'éducation et la qualiét du résultat.

Combes-Brassard jouera ensuite un rôle pendant la révolution.

"Que tout autre enivré d'un coupable délire

Consacre aux vains plaisirs sa jeunesse et sa lyre

Formé par ta sagesse, et plein de tes leçons,

Je vais d'un luth naissant t'offrir les premiers sons.

C'est toi qui m'as instruit, mon âme est ton ouvrage.

Tu fis naître ma Muse, et je t'en dois l'hommage.

Brûlant de s'acquitter, aux auteurs de mes jours.

Mon cœur dans ses respects t'associa toujours.

 Le premier des devoirs, c'est la reconnaissance

Ta bonté sous ses lois enchaîna mon enfance.

J'imite ce Héros dont le nom si fameux,

Sur les débris des ans erre encore glorieux.

Qui ne distingua point dans son amour sincère

Aristote son maître et Philippe son père.

Ils devaient partager les tributs de son cœur :

Il dût à l'un la vie, à l'autre le bonheur.

 La douce autorité d'un sage qu'on révère,

Rend les jours plus brillants, l'existence plus chère.

Riche de tes bienfaits, que serais-je sans toi ?

Peut-être qu'un pédant eût étouffé dans moi

Ce feu qu'à tout mortel prodigue la nature.

Et que l'instruction nourrit, féconde, épure,

Peut-être ainsi que lui j'eusse allié bientôt

A tout l'orgueil d'un fat, l'ignorance d'un sot.

 Docile imitateur, trop souvent infidèle,

J'eus, grâce à mon destin, un plus heureux modèle.

Je suivis sur tes pas la raison qui m'apprit

L'art de charmer l'oreille et d'éclairer l'esprit.

Que ne puis-je animé du feu de ton génie

Imiter de tes vers l'éloquente harmonie,

Peindre en traits immortels tes talents, ta vertu,

Mon cœur reconnaissant et l'amour qui t'es dû.

 Mes chants dignes du jour, le seraient de mon maître

Et mon respect connu l'honorerait peut-être.

Mais tu t'es peint toi-même en tes sages écrits

Je les ai lus cent fois, de leurs beautés épris.

Que tes nobles travaux, que ta féconde veine,

Tous les ans d'un prodige enrichissent la scène

Où formés par tes soins tes élèves nombreux

Etalent en public ce que tu fais pour eux.

Contraints à t'applaudir une Ville éclairée.

Son plaisir est utile, et ta gloire assurée.

A ta voix s'est ouvert le temple des beaux arts.

Que d'illustres humains y frappent mes regards

Quand pourrai-je me joindre à leur troupe immortelle ?

A les suivre de loin leur exemple m'appelle.

Couché parmi des fleurs, bercé par les séphirs,

 Anacréon m'invite à chanter les plaisirs.

Pindare à célébrer les travaux et la gloire

Des Héros fortunés qu'a nommés la victoire

Homère tour-à-tour veut entraîner mes pas

Dans le conseil des Dieux, dans l'horreur des combats,

Sur la scène j'entends une voix qui me crie :

Pleure avec Melpomène, ou ris avec Thalie !

Toi qui dans mes efforts peux seul m'encourager,

Ouvre moi la carrière et viens me diriger.

 Guide moi dans ces lieux où le Dieu du Parnasse

Distingue le mérite qui marque la place

C'est là que je suis près de Lucrère assis,

Nous charmer de ses vers, sous ta plume embellis.

L'élève d'Epicure, abjurant son système.

Sourit à ses enfants, rajeunis par toi-même.

Et pose sur ton front de gloire environné.

La moitié des lauriers dont il est couronné."

Combes-Brassard