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Vie de La Brochure
26 décembre 2017

Amokrane débattant d’un livre de La Brochure

couv-schalchli

En conclusion de mon livre sur le FN j’ai évoqué un débat dans une librairie toulousaine autour d’un livre publié par La Brochure en 2012. Ce livre de l’ami philosophe François Schalchli évoque le politique et son avenir, sans jamais rien dire du FN. Un peu comme si le FN était un phénomène en marge du politique. Voici quelques éléments de ma conclusion sur ce point qui reprend ce que j'écrivais en mai 2012. JPD

 

Quel avenir pour la politique ?

 A écouter François Schalchli débattant avec Salah Amokrane en mai 2012[1] sur les divers chemins pour constituer la politique en bien commun, mon esprit vagabondait sur les pentes adverses, celles des assassins du politique. Le politique en tant qu’invention des Grecs s’est appelée démocratie car il n’y a de POUVOIR politique possible que dans les LIMITES du pouvoir, des limites qui ne sont pas négation du pouvoir mais bien au contraire, moyens d’exercice du pouvoir.

Cette idée de démocratie n’est pas née abstraitement mais d’un constat simple : le pouvoir politique appelle logiquement l’excès de pouvoir, car ce pouvoir peut intervenir sur TOUS les éléments du social ! Un excès encore plus grave pour qui veut le bien du peuple, car au nom d’un si noble objectif, que ne va-t-on pas justifier !

Pendant des siècles, les assassins du politique poussèrent à l’excès leur pouvoir, pour des intérêts de classe sociale. Ils affrontèrent ou s’allièrent avec les deux autres excès de pouvoir possibles : le pouvoir religieux et le pouvoir militaire. Le premier, parce que comme le politique, le religieux, au nom de sa conception du spirituel, veut tout se permettre sur les corps et sur les âmes (pour le bien de tous, évidemment !) ; le second, totalement matérialiste, parce que la contrainte de corps conditionne souvent la vie des âmes.

 Les nouveautés du XXème siècle ont inversé les positions des assassins du politique. Ils ne poussent plus à l’excès de ce pouvoir mais à sa disparition ! La démocratie ne pourrait plus être la démocratie car en fait, il n’y a plus à limiter un pouvoir politique devenu inexistant et qu’il s’agit de balayer. Au profit de quel autre pouvoir ? Au profit d’une nouvelle alliance de l’économique, du religieux et du militaire sous les auspices du règne de la marchandise et du conditionnement. Même les plus grands présidents des démocraties sont devenus des VRP de leurs propres multinationales et les chantres du marketing !

Cette inversion (cette involution) est-elle définitivement victorieuse (rien n’est jamais acquis même pour les Puissants) ? Pour la combattre, les démocrates ne constitueront enfin la politique en bien commun, que si on désigne clairement les lignes de force de cet adversaire d’un nouveau genre.

Ce n’est pas là le moindre des paradoxes du futur : le but n’est plus de changer de politique mais de restaurer le politique !

Donc tout d’abord : nommer cet adversaire que j’appelle capitalisme féodal. L’époque féodale n’a pas été une négation du politique mais au contraire une constitution de ce pouvoir sur des bases nouvelles où le militaire était là pour jouer la sécurité des paysans et des autres forces économiques, au bénéfice des seigneurs. Ce pouvoir avait ses excès et ses limites qui s’appelaient «guerres féodales». Comme toujours, le peuple n’était que le sujet et non l’objet de ce pouvoir politique nouveau après la chute et presque l’oubli de l’ordre romain.

 A l’âge du capitalisme féodal, ce n’est plus le féodal qui conduit au capitalisme mais le capitalisme qui se sert du féodal.

Le dieu marchandise dominant un monde en opposition au dieu tout court, rend alors le politique vénal, et suscite par la même, une double réaction, car le politique a horreur du vide : retour d’un pouvoir religieux et retour d’un pouvoir militaire (des milliers de têtes nucléaires seraient perdues dans la nature). Cet assassinat du politique est le plus fou de tous les temps, car le capitalisme en est arrivé à un stade où il peut tout se payer. Son ennemi le plus redoutable reste alors l’utopie des rêveurs qui persistent dans l’idée de constituer à nouveau le politique en bien commun.

Ces assassins du politique ne sont pas sans contradiction : ils travaillent pour des intérêts privés très précis mais leur pouvoir global devient tel, qu’en retour, ils fabriquent enfin ce bien commun si peu visible jusqu’à présent. Plus les mondialisateurs mondialisent et plus le bien commun devient évident.

Exemple : ils veulent faire de l’eau une marchandise ce qui rend plus évidente l’eau comme bien commun. Mais l’eau ne trouvera un statut de bien commun, que par la reconstitution du politique.

 Une fois de plus, dans l’histoire du monde moderne depuis 1492, le Mexique est le lieu crucial de cet affrontement actuel. Le Mexique a été fabriqué par les deux révolutions constitutives du monde moderne, celle des USA et celle de France. En France, l’intervention inattendue du peuple, a poussé la démocratie jusqu’à l’excès de pouvoir symbolisé par Napoléon 1er ; Aux USA le peuple a poussé la démocratie jusqu’à l’absence de pouvoir politique symbolisée par la guerre de sécession.

La Révolution de 1848, en Europe et plus particulièrement en France, tenta au nom de la fraternité une réconciliation des deux révolutions sous les auspices pratiques de Tocqueville. Réconciliation impossible qui a conduit en France à cette hérésie qui s’appelle «élection du président de la république au suffrage universel direct», hérésie que Tocqueville a aussitôt tenté de tempérer en limitant le mandat à un seul ! D’où le coup d’Etat de 1851, et, Napoléon III, pour tuer la tentative de réconciliation entre les deux révolutions est allé, par son excès de pouvoir, narguer les USA en envahissant le Mexique !

Le pouvoir du président des USA ne pouvait virer en dictature d’un homme, car la pente était celle de la disparition du politique. Obama a déclaré qu’il était pour le mariage des homosexuels juste après l’élection en France de Hollande. La différence est connue : encore aujourd’hui en France si la loi est votée, elle est pour tous ; aux USA Obama a précisé que la décision resterait entre les mains des Etats des USA, comme la peine de mort etc. Le président des USA est là pour le symbole face au monde ; aux USA même, il représente bien peu de choses. Lui, mais pas le pouvoir dont il est le symbole ! Ce pouvoir économique que l’on cache pudiquement sous le nom de marché !

 



[1] Débat à Toulouse à partir du livre de François Schalchli publié aux Editions La Brochure : La politique en bien commun

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