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Vie de La Brochure
21 février 2018

Alstom en 1983

J'ai sauvé cet article en me demandant s'il existe un livre qui récapitule les milliards donnés par l'Etat pour sauver une entreprise qui ne pouvait pas être sauvée. Le feuilleton Alstom est-il emblématique d'une forme d'incompétence des industriels français ? JPD

 

ALTERNATIVES ECONOMIQUES, n° 218 • octobre 2003, L'affaire Alstom

Restructuration L'affaire du sauvetage de l'entreprise française a mis en lumière les faiblesses du capitalisme français et les contradictions européennes.

 Le sort du fabricant des TGV et du Queen Mary 2 et de ses 110 000 employés (dont 27 000 emplois directs en France) ne pouvait laisser personne indifférent. Le feuilleton Alstom a tenu l'opinion en haleine pendant plusieurs semaines, avant de se conclure (provisoirement sans doute), le 22 septembre dernier, avec un plan de sauvetage de 3,2 milliards d'euros. Même si elle est loin d'être terminée, cette affaire est déjà riche d'enseignements.

Venant après les malheurs de Vivendi Universal, les déboires de France Télécom, d'Alcatel, ou encore l'OPA d'Alcan sur Pechiney, les tribulations d'Alstom soulignent tout d'abord le prix particulièrement élevé que paient les fleurons du capitalisme français à l'explosion de la bulle spéculative et au retournement conjoncturel. Ils sont partis au plus mauvais moment dans la chasse aux fusions-acquisitions pour devenir des global players : quand le prix des actions était déjà très élevé. Le rapport du Plan publié il y a un an (1) soulignait la structure particulièrement déséquilibrée du bilan des grandes entreprises françaises. On en mesure, mois après mois, les (lourdes) conséquences. Sous les gouvernements de gauche des années 80, les salariés français avaient accepté un effort collectif considérable pour redresser la situation des grandes entreprises françaises, nationalisées à l'époque, après la faillite de Creusot Loire, en 1984. Il aura suffi d'une dizaine d'années de privatisations et d'imprudences managériales pour annihiler les effets de ce redressement et ramener le pays très près de la case départ.

La seconde conclusion majeure qu'on peut tirer de cette affaire concerne l'Europe. Mario Monti, le commissaire européen en charge de la Concurrence, s'est opposé à l'entrée de l'Etat dans le capital d'Alstom. Son attitude peut sans doute être critiquée sur tel ou tel détail. Elle n'en est pas moins largement conforme à la lettre et à l'esprit des textes auxquels le gouvernement et le Parlement français ont souscrit : la logique actuelle de l'Europe interdit en pratique aux Etats membres de venir au secours des entreprises en difficulté. C'est-à-dire de remplir une des fonctions de base d'un Etat, en régime capitaliste : socialiser les pertes pour qu'on puisse continuer à privatiser les profits. Cette impossibilité juridique a des conséquences sociales et économiques très graves, mais seule une révision en profondeur des textes permettrait d'y remédier, en «européanisant» ces aides. Malheureusement, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres, le projet de Constitution discuté à partir de ce mois-ci dans le cadre de la Conférence intergouvernementale ne prévoit aucune avancée.  Guillaume Duval

(1) « Rentabilité et risque dans le nouveau régime de croissance », par Dominique Plihon (dir.), éd. La Documentation française

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