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Vie de La Brochure
6 mars 2018

1968 vécu par le pape : 3

Je découvre cet article que j'ai traduit de la presse italienne. Bergoglio en membre du groupe des Montoneros, cette extrême-gauche armée pendant que Allende jouait la carte de la révolution par les urnes. Les armes ou les urnes, les deux révolutions ont été balayées. J'avoue que sans mon voyage en Argentine je n'aurais pu comprendre cette histoire... pleine d'actualité. JP Damaggio

 

Sandro Magister : Il Sessantotto secondo papa Francesco

68 selon le pape François

 En 1968, Jorge Mario Bergoglio était un novice de la Compagnie de Jésus et aujourd'hui, c'est un pape qui ne fait pas mystère de ce qu'il pense des «bouleversements sociaux» de cette année devenue un mythe. Ils en savent quelque chose les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, qui, dans le discours que François leur a adressé au début de cette année, ont eu le sentiment d'entendre comme reproches, précisément ce que le pape croit attribuer aux effets pervers de Soixante-huit.

 C'était la première fois que Bergoglio disait son point de vue à propos de cette année-là, et il alla immédiatement à l'essentiel. A partir de soixante-huit, dit-il, les "droits de l'homme" proclamés vingt ans plus tôt par les Nations Unies, "d'abord celui à la vie", sont de plus en plus violés impunément: "et je pense d'abord aux enfants innocents morts avant d'être né ". Mais pas seulement. Il a dénoncé depuis lors les «nouveaux droits» qui ont pris le pas sur les traditions socioculturelles des différents pays, et qui ont été imposés par la force, dans une sorte de «colonisation idéologique des plus forts et des plus riches au détriment des plus pauvres et le plus faibles".

Contre le «droit» à l'avortement, François a été très clair, alors que pour la deuxième plainte, celle sur la «colonisation idéologique» il s'est fait plus sibyllin. Mais pour comprendre ce qu'il entendait faire, il suffisait d'aller au passage de l'encyclique "Laudato si" dans laquelle il dénonçait "la pression internationale sur les pays en développement qui conditionnent l'aide économique à certaines politiques de "santé reproductive"». Ou à ces émissions contre la "théorie" dite "du genre" qui "vise à effacer la différence sexuelle parce qu'elle ne sait plus comment la gérer", et qui n'est donc que le sous-produit misérable de la "frustration et résignation". Malgré cela, elle est également imposée par les pays riches aux pays pauvres.

Voilà le soixante-huit selon le pape Bergoglio. Ni cette année là ni par la suite il n'a fait des marches pour des universités et des usines occupées, mais il a néanmoins connu sa révolution typiquement jésuitique et argentine, du côté des opprimés contre l'oppresseur, tirant son jugement actuel sur le soixante-huit en tant que "Révolution trahie", car en dépit des prétendus "nouveaux droits", en effet, précisément à cause d'eux, il est clair pour lui que les pauvres continuent d'être opprimés par les riches.

En Argentine, les émeutes des étudiants et des ouvriers éclatèrent peu après Paris ou Los Angeles, en 1969, année où Bergoglio célébra sa première messe, et entra immédiatement dans les formations armées, les Montoneros, qui en 1970, quand il a prononcé les vœux, ont kidnappé et exécuté l'ancien président Pedro Aramburu.

À l'âge de trente-quatre ans, Bergoglio fut le premier maître des novices et épousa pleinement la cause du retour de Juan Domingo Perón de ses années d'exil à Madrid. Il devint le guide spirituel des jeunes péronistes de la Guardia de Hierro, présent en grande force à l'Université des Jésuites du Sauveur (voir explication).

Il a continué ce militantisme même après avoir été étonnamment nommé supérieur provincial des jésuites d'Argentine en 1973, l'année du retour de Perón dans son pays et sa réélection triomphante.

Bergoglio était parmi les auteurs du "Modelo nacional", le testament politique que Perón a voulu laisser après sa mort.

Pour tout cela, il s'est attiré l'hostilité féroce d'une bonne moitié des jésuites argentins, plus à sa gauche, surtout après avoir cédé l'Université du Sauveur, mise en vente pour assainir les comptes de la Compagnie de Jésus, à ses propres amis de la Guardia de Hierro.

C'est dans ces années que le futur Pape a mûri le "mythe", sa parole du peuple en tant que protagoniste de l'histoire. Un peuple dont la nature est innocente et porteuse d'innocence, un peuple avec un droit inné d'avoir «tierra, techo, trabajo» et qu'il voit coïncider avec le «saint pueblo fiel de Dios». Le programme politique du pontificat de François a ses racines justement dans son soixante-huit personnel, celui de la révolution trahie par les riches et les puissants, mais dont il veut raviver la flamme.

 Explication :

Université du Sauveur à Buenos Aires ouvre en 1960

Dès sa fondation, les jésuites nomment les responsables de l'université, par l'intermédiaire de l'Association civile universitaire de Salvador. Fin 1974, Jorge Mario Bergoglio (futur archevêque de Buenos Aires et pape), et lié depuis la fin des années 1960 à des militants péronistes membres de la Guardia de Hierro, octroya le contrôle de l'université à d'ex-membres de cette organisation, dissoute à la mort de Perón (un étudiant de cette université, Julio Bárbaro, avait été l'un des dirigeants importants de l'Unión Nacional Estudiantil (UNE), créée en 1969, au moment du Cordobazo) 1.

 

En mars 1975, les jésuites transférèrent le contrôle de l'université à des laïcs, chargés de la continuation du projet d'éducation. Après le coup d'État de mars 1976, des membres de l'entourage de l'université del Salvador se rapprochèrent de l'amiral Massera, tout en critiquant la politique impopulaire du ministre de l'Économie José Alfredo Martínez de Hoz. Ainsi, l'université octroya en novembre 1977 le titre de docteur honoris causa à Massera, afin de protéger, affirment aujourd'hui les responsables de l'époque, les courants péronistes de l'université 1.

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