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Vie de La Brochure
24 mars 2018

Mon oncle a fabriqué une télé

Il était né un 8 décembre 1921. A un jour près 30 ans avant moi.

Il était né en Italie et est arrivé en France à l’âge de 10 ans.

Il a appris le français oral et écrit, en un rien de temps.

Il était l’aîné d’une famille de quatre enfants.

 Un malheur de jeunesse est venu assombrir définitivement sa vie : un accident qui l’obligea à avoir une jambe artificielle. Est-ce la raison qui en fit un solitaire ? Je ne sais mais par conséquent il est resté travailler la propriété agricole avec ma grand-mère et mon père, le dernier né de la famille, presque 10 ans après.

 En guise de «loisirs» il avait le cinéma, la fabrication de paniers en osier et la construction… d’une télé.

Voilà pourquoi, dans ses papiers, au moment de sa mort en 2004, il restait encore des exemplaires de cette revue à laquelle il devait être abonné.

 J’étais gamin et à plusieurs reprises nous avons pu entrer dans sa chambre où, comme pour un puzzle, il assemblait petit à petit les pièces détachées qu’il recevait.

 L’assemblage était fascinant mais aussi les outils de vérification pour être sûrs qu’à chaque étape la télé fonctionnait. A-t-il eu à un moment l’envie de quitter l’agriculture pour se lancer dans l’électronique ? Il s’abonne à la revue à quarante ans et c’était sans doute un peu tard pourtant chaque numéro est une incitation à passer le pas. Il y a même l’explication pour se construire une petite éolienne. Son oncle à lui avait dans l’idée de l’autarcie. Avec l’éolienne il aurait pu se faire une petite part d’électricité !

Il avait aussi le sens du puzzle dans cet autre domaine sidérant : la marquèterie !

 Il y a peu on entendait le nom du journaliste Damaggio sur France Inter, un Damaggio qui, en fait, était au départ un technicien radio et qui petit à petit est passé à l’antenne. Il s’agit d’un cousin qui, pour un part, a dû être marqué par cet oncle.

 Avant de me défaire de cette revue sentimentale j’en mets quelques couvertures sur ce blog. Et j’ajoute un édito amusant de la cheville ouvrière de cette revue. J-P Damaggio

Revue_Radio_et_Télévision_pratique

Revue Radio Télévision Pratique (1961-1967) N° 159 février 1964

 ÉLECTRONIQUE QUAND MEME, MAIS RIEN N'EMPÊCHE

L'AMOUR DU MYSTÈRE par GÉO-MOUSSERON

Que l'on se rassure, nous ne tombons pas dans le roman, bien au contraire. Et ce qui suit n'a d'autre but que d'aider chacun de nous à rester les pieds sur terre.

Lorsque, en décembre 1872, le Commandant de «Dei Grattia» entra aux bureaux de l'Inscription Maritime, à Gibraltar, il ne se doutait guère qu'il allait remuer des foules par son récit. En résumé, il venait dire qu'ayant rencontré au milieu de l'Océan, un brick «Mary Celeste» sans équipage, il ne lui restait plus qu'à en toucher la prime ainsi que l'exigent les lois de la mer. Mais oui, un bateau presque fantôme avec la table servie, le café fumant, mais pas un chat à bord (pardon, il y en avait un, seul être vivant). Quant aux officiers et matelots ; évanouis, envolés, malgré un temps parfaitement calme. Or, malgré certaines invraisemblances qui eussent pu faire naître un doute chez les enquêteurs, personne ne songea à mettre en doute les invraisemblables paroles du Commandant Moorhouse, tel était le nom du maître, après Dieu, de «Dei Grattia».

On envisagea toutes les hypothèses et l'on en vint même à confier cette enquête, très officieusement il est vrai, à Sir Arthur Conan Doyle, père spirituel de l'immortel Sherlock Holmes. D'ailleurs, singulière aberration de l'esprit : le personnage fictif fut plus légendaire que son auteur, Docteur en médecine, mais non détective comme son héros.

Or, la vérité sur «Mary Celeste», véritable bateau fantôme était bien plus simple et sans grandeur : il fallut attendre 55 ans, pour qu'en 1927, on apprenne par un vieillard de 80 ans, John Pemberton, toute la vérité : l'homme avait été cuisinier sur «Mary Celeste» et dévoilait, largement après prescription, ce qui s'était passé : pour toucher la prime de 1 700 livres sterling, le Commandant Moorhouse, d'accord avec son confrère Briggs de «Mary Celeste», avait monté cette lucrative comédie. Et c'est là que nous voulions en venir : personne ne songea à ce dénouement, tout le monde préférant, par penchant personnel, croire au mystère.

Le succès des romans policiers et d'espionnage ne vient ni de la sympathie pour la police et moins encore pour les malfaiteurs. C'est parce qu'il y a mystère que les personnes les plus sérieuses, dévorent de la « série noire » comme s'il en pleuvait.

En électronique, ce n'est pas permis.

Or, cet amour du mystère est tel, que ce sentiment ne tombe pas devant la science. Et c'est ce qu'il ne faut pas encourager. Est-ce par instinct ou sciemment pour intéresser le public que l'on lit et entend ces termes : «cerveaux» électroniques ? Ordinateurs «à mémoire» ? Autant de termes qui dépassent, et de beaucoup, la réalité et même l'intention des chercheurs ayant mis au point de tels appareils.

Certes, les avions qui atterrissent seuls et sans le concours du pilote, voilà l'une des dernières merveilles de la science. Des machines qui calculent seules et font le travail de 100 comptables, existent à n'en pas douter. Et d'ajouter de la bouche de leurs utilisateurs : « Elles ne se trompent jamais. » Ce qui est faux. Car les machines électroniques sont comme les auberges espagnoles : elles ne vous donnent que ce que vous y apportez : fournissez-lui des chiffres faux et vous verrez si l'une d'elles, la plus magnifique de toutes va vous dire : « Eh là, doucement, le nombre donné n'est pas conforme à ce que vous devait payer.» Rien de semblable à attendre, n'est-ce pas ! Donc, à quoi bon employer ces mots trompeurs «cerveaux» ou «mémoires», ce dernier sous prétexte que le dispositif enregistre, c'est vrai, alors qu’il n'y a que fermetures successives de circuits puis ouverture brusque à un moment donné. Cela n'est pas de la mémoire, privilège des êtres vivants ; les machines les plus perfectionnées (c'est le cas des machines électroniques) ne peuvent que faire semblant de copier.

Rien n'est plus agréable que laisser l'esprit prendre son envol. Les fées diverses, les farfadets, les gnomes et autres personnages fort sympathiques des Mille et Une Nuits (qui, comme les mille-pattes et les mille-feuilles demandent à être comptés par des machines électroniques pour n'en pas perdre une seule unité) ont certainement enchanté notre enfance.

Mais ils n'ont aucune place en matière scientifique et doivent être balayés sans pitié.

 

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