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Vie de La Brochure
27 mars 2018

Le film El présidente

Santiago Mitre, avec El présidente (titre français de la version originale qui est La Cordillera a réalisé un film totalement fictif et totalement réaliste ; totalement mystérieux et totalement clair.

 Totalement fictif

Jamais n’a existé un sommet des pays latinos américains ayant pour but de réaliser une alliance pétrolière latino-américaine sur le modèle de l’OPEP. Le spectateur est en droit de se demander pourquoi en effet une telle tentative n’a jamais eu lieu. De plus un sommet dans le cadre magnifique d’un grand hôtel en pleine Cordillère des Andes devient encore plus improbable.

 Totalement réaliste

L’intervention secrète, auprès du président argentin, de l’envoyé de Washington reflète très exactement toute la politique des USA depuis des décennies : jouer la carte du Brésil contre l’Argentine ou de l’Argentine contre le Brésil. Suivant le principe « diviser pour régner » le délégué des USA rappelle que son pays est invincible.

On a connu une CIA jouant la carte des militaires, mais depuis longtemps les militaires, vu leur inefficacité politique, sont revenus dans les casernes, donc la politique a dû se faire plus subtile. Le spectateur français peut avoir du mal à suivre ce jeu de billard à plusieurs bandes or il s’agit d’une réalité quotidienne.

Le Mexique jouant la carte de l’ennemi n°1 des Gringos pour finalement les épauler. Le Chili qui est là pour compter les points. Le duel Argentine-Brésil. Les autres pays faisant de la figuration. A présent, la guerre de Trump contre le Mexique, peut-elle inciter ce pays à tourner ses regards vers le Sud ?

Il existe bien le Mercosur où Brésil et Argentine sont unis, un Mercosur qui cherche un accord de libre-échange avec l’UE mais ce Mercosur est étrange. Il contient le Chili qui a lui déjà signé un accord de libre-échange avec l’UE dans le cadre de l’union des pays de la face Pacifique, un accord signé par Correa pour l’Equateur sans que personne en France ne s’en inquiète ! Serait-il mieux que le CETA ? Comme si le Pérou ou la Colombie ne pouvait pas être encore mieux que le Canada le cheval de Troie des USA dans cette aventure ! Mais revenons au film.

 Totalement mystérieux

Le film commence par une scène qui sera ensuite totalement sans usage. Un homme veut entrer dans un bâtiment fortement surveillé mais son prénom ne correspond pas au prénom attendu. Il finit par entrer et il est là pour faire des réparations. Puis insensiblement on passe au président de l’Argentine. La scène est juste là pour nous introduire dans l’univers du président avec une conférence de presse. Mais le mystère majeur concerne le traumatisme subit par sa fille et les mauvais coups que l’ancien gendre veut porter au président.

 Totalement clair

Le mystère comme la fiction va durer jusqu’au bout avec une victime collatérale : la mort du gendre. Pourtant dès le début tout est clair. Le président part au sommet avec une délégation composée de trois personnes. Un conseiller défenseur du Brésil, un autre défenseur du Mexique et la secrétaire qui se révèle être sa compagne.

Au départ, le président suit les ordres du conseiller favorable au Brésil, puis à la fin, contre un versement de 5 milliards de dollars il se range du côté du conseiller favorable au Mexique.

 Ricardo Darín joue parfaitement ce président à double face : un président en homme ordinaire, et un président truand comme les autres. A un moment, il se confie à une journaliste qui l’interroge sur l’existence du bien et du mal, question qui passionnait Vazquez Montalban et à laquelle il répondait par « une chose est sûre le mal existe », et là il raconte un rêve de son enfance sur la peur. Son grand-père lui racontait des histoires qui font peur qu’il aimait bien (l’enfant normal) puis un jour l'enfanti raconta son rêve et là le grand-père lui avoua : « c’est le diable ». Un président sous l’influence du diable ? Et si le diable c’était le capitalisme ? Aujourd’hui les USA n’usent plus les militaires pour imposer leurs décisions mais la lutte contre la corruption. Ils ont fait de l’argent la référence phare (j’ai failli écrire la valeur mais l’argent n’est pas une valeur) et ensuite ils font de Lula, de PPK au Pérou (il vient d’être obligé de démissionner), de Kircher en Argentine des corrompus écartés du pouvoir. JPD

 P.S. Santiago Mitre est un jeune réalisateur argentin, né à Buenos Aires en 1980. Il a grandi dans l'ombre de Pablo Trapero : Leonera (2008), Carancho (2010) et Elefante blanco (2012). Il fonde en 2011 la société de production indépendante La Unión de los Ríos. El présidente est son troisième long métrage : celle qui joue la fille du président, Dolores Fonzi, est sa compagne depuis 2015.

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